A celle qui est trop gaie, Baudelaire
Commentaire d'oeuvre : A celle qui est trop gaie, Baudelaire. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar zdfE2RR23R23R2 • 2 Avril 2023 • Commentaire d'oeuvre • 2 120 Mots (9 Pages) • 637 Vues
analyse linéaire « A celle qui est trop gaie »
Introduction / Situation de l’extrait dans l’œuvre
*Le recueil Les Fleurs du Mal a fait l’objet d’un procès en 1857, six poèmes sont jugés immoraux.
« A celle qui est trop gaie » est l’un des six, à l’origine il était placé dans la section « Spleen et Idéal », c’est un poème dédié à Apollonie Sabatier, une femme entretenue que Baudelaire a aimée quelque temps et qui lui a inspiré quelques poèmes.
*sa structure = neuf quatrains d’octosyllabes en rimes embrassées
>>> LECTURE du texte
Annonce de la STRUCTURE du texte : 1er mouvement des vers 1 à 16 – une description progressive de la femme 2ème mouvement des vers 17 à 24 – le poète relate un souvenir
3ème mouvement des vers 25 à 36 – le poète évoque le fantasme d’une agression
Annonce d’un PROJET DE LECTURE : Pendant mon analyse linéaire, je montrerai comment le poète présente ici une liaison amoureuse à la fois idéalisée et corrompue.
Analyse linéaire
Le titre, pour commencer : Le titre du texte ressemble à une dédicace = le titre annonce que Baudelaire écrit pour une femme.
Ce titre annonce un problème : si l’adjectif « gaie » est mélioratif, l’adverbe d’intensité « trop » qui précède cet adjectif émet un « jugement ». Comment peut-on être trop « gaie », trop « joyeuse » ?
La fin du poème explique les conséquences de cette joie de vivre.
1er mouvement - vers 1 à 16 - description progressive de la femme
4 phrases courtes (une strophe = un quatrain)
Baudelaire s’adresse à elle dans chaque strophe. On peut, pour le prouver, relever toutes les nombreuses marques de la deuxième personne [citer avec un numéro de vers déterminants possessifs « ton » / « ta » / « tes » ou des pronoms personnels de deuxième personne « tu » / « te » / « t’ »] en rose sur le texte annoté
On peut remarquer que Baudelaire tutoie Apollonie Sabatier, ce tutoiement donne l’impression que le poète connaît très bien cette femme.
- La description est organisée
*vers 1 = énumération de 3 GN, on va du particulier « ta tête » au général « ton air »
*Ensuite on repart de la tête « le rire » (vers 3) pour descendre vers « les bras » et « les épaules » (vers 8) dans la strophe suivante.
>> Il s’agit d’une description méliorative [citer l’adjectif attribut des trois noms sujets du vers 1 «beaux » vers 2] qui laisse aussi l’impression d’une femme enjouée [citer vers 3 : « le rire joue en ton visage » + comparaison avec paysage agréable (vers 4)], à la beauté lumineuse [citer champ lexical lumière dans le deuxième quatrain « ébloui » + « jaillit » + « clarté »]. lien avec le projet de lecture : liaison amoureuse idéalisée
>>Comme toujours chez Baudelaire la description passe par des correspondances sensorielles (vers 3 & 4 la vue + l’ouïe + le toucher)
- Apollonie Sabatier est présentée en mouvement [citer « tu frôles » (vers 5)]
On peut relever l’ambiguïté du vers 5 : « passant » + « chagrin » >> quel est le nom ? quel est l’adjectif : ces deux mots peuvent avoir chacun ces deux classes grammaticales… néanmoins dans les deux solutions l’effet produit est le même : la gaieté de cette femme libère les gens qu’elle approche de leur tristesse, sa compagnie semble apporter le bonheur ou, du moins, éloigner le malheur… cela prendra toute son importance dans le 3ème mouvement du poème.
- Des vers 9 à 14 on a l’évocation du corps grâce aux vêtements qui le couvrent [citer « toilettes », au v. 10 et « robes » au vers 13].
>> Ces vêtements sont à l’image de la femme décrite jusque-là : vêtements colorés comme le souligne l’adjectif antéposé « retentissantes » au vers 9.
On peut d’ailleurs faire remarquer que cet adjectif, en général, se rapporte à un son et non une couleur >>> nouvelle synesthésie !
verbes « parsemer » vers 10 + « jeter » vers 11 + nom commun « ballet » (vers 12) >> on a toujours l’impression de voir une femme en mouvement
Les vers 15/ et 16 ont un rôle de charnière dans le poème : on remarque la présence de pronom « je » qui était jusque-là absent
Le vers 15 est une apostrophe qui rappelle la tournure du titre du poème et renforce l’idée que le poète s’adresse à sa muse.
+ vers 15 : le polyptote « folle » / « je suis affolé » + l’emploi de la voix passive (je suis affolé par….) = le poète ne se contrôle pas
>> Ces deux vers annoncent, en quelque sorte, les 3 derniers quatrains.
lien avec le projet de lecture : liaison amoureuse idéalisée >>> dangerosité de cet amour
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