Victor Hugo, Lucrèce Borgia

Chapitre 4 – Séance 6

SCÈNE 6 – UN QUIPROQUO TRAGIQUE

(INITIATION AU COMMENTAIRE DE TEXTE )

Voici une suggestion de correction, parmi ce qu'il était possible de faire.

Introduction : En 1832, Victor Hugo écrit un drame romantique, Lucrèce Borgia, dont l'héroïne éponyme, figure ambiguë par excellence, accusée d'inceste et de divers crimes, lui permet de développer l'esthétique chère aux romantiques : le mélange entre laideur et sublime.

        Cet extrait se situe peu après l'affront fait aux Borgia, « Orgia » inscrit sur le mur de la demeure de Lucrèce et d'Alphonse. Or, quand Lucrèce découvre que le coupable n'est autre que son fils caché, Gennaro, elle fait tout pour qu'il ne soit pas exécuté. Mais son mari, qui pense qu'il s'agit de son amant, compte bien le tuer. Il s'ensuit ici une confrontation violente entre l'épouse et le mari. Mais loin fléchir, celui-ci fait une proposition horrible à Lucrèce : choisir comment mourra Gennaro.

        Nous nous demanderons en quoi cette scène est tragique ?

I/LUCRÈCE : UNE VICTIME IMPUISSANTE ET DÉSESPÉRÉE

==>Rappel : l'impuissance du héros est un élément tragique.

        A/DES SUPPLICATIONS VAINES

        Poussée par la peur et le désespoir, Lucrèce supplie son mari :

        Registre pathétique : anaphore « je vous demande » et répétions « monseigneur »

                                exclamations : « Grâce pour Gennaro ! »

==> faire fléchir le duc en lui inspirant la pitié.

        B/DES MENACES VAINES

        Devant la détermination de son mari, Lucrèce passe de la peur à la colère et le menace à deux reprises :

        2 menaces sous-entendues :

                « prenez garde à vous […] mon quatrième mari » ==> en rappelant qu'elle a tué ses trois précédents maris, elle le menace de mort.

                « vous vous repentirez de ces paroles, monsieur. Vous oubliez qui je suis... » ==> Lucrèce rappelle qu'elle est issue d'une puissante famille et qu'elle a elle-même un certain pouvoir olitique et militaire.

==>il s'agit de faire fléchir son mari en lui faisant peur.

II/DON ALPHONSE : FORCE PUISSANTE ET DESTRUCTRICE

==>Rappel : il est une force tragique dans la mesure où c'est contre lui que lutte vainement Lucrèce et dans la mesure où c'est lui qui l'obligera à tuer Gennaro.

        A/RETOURNEMENT DE SITUATION : UN HOMME FORT QUI N'A PLUS PEUR DE LUCRÈCE

Champ lexical de la détermination : « la ferme résolution », « je veux », « ma fantaisie », « j'entends qu'il en soit ainsi »

==> Les supplications, les menaces et même la tentative de raisonnement (« raisonnons un peu » l.35) restent vaines, Don Alphonse est inflexible.

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