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Parcours associé : « Rire et savoir », VOLTAIRE, Candide, chapitre 3, 1759

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Par   •  15 Mai 2023  •  Fiche de lecture  •  1 460 Mots (6 Pages)  •  1 684 Vues

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Parcours associé : « Rire et savoir », VOLTAIRE, Candide, chapitre 3, 1759

Eléments pour l’introduction : « Tous les genres sont bons, sauf le genre ennuyeux », affirme Voltaire qui entend se servir de l’écriture comme une arme tout à la fois polémique, ironique et parfois même comique. Ainsi, son conte philosophique Candide ou l’optimisme publié en 1759 constitue une cinglante réplique aux adeptes du « Tout est bien », inspirée du philosophe Leibniz et sa doctrine  selon laquelle « Tout est au mieux ». Dans ce conte, un court récit fictif ou apologue aux limites de la vraisemblance, le personnage principal est le jeune Candide, élevé par son maître Pangloss dans la douce illusion que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possible ; il est confronté à des expériences douloureuses qui amènent le lecteur à réfléchir sur la cruauté et le Mal qui règnent dans le monde. Voltaire y développe une argumentation indirecte qui unit l’art du récit à un enseignement didactique et moral, selon le principe littéraire des Lumières « Plaire et instruire ».

Le texte d’étude est extrait du début du chapitre III ; Candide, personnage naïf qui porte un regard neuf sur le monde qui l’entoure, a été élevé par son maître Pangloss, mais, chassé hors du château parfait, « le paradis terrestre » à coups de pied dans le derrière, il est enrôlé de force dans l’armée bulgare. Il assiste ainsi à une bataille entre les armées du roi des Bulgares et du roi des Abares.

Problématique : comment Voltaire condamne-t-il la guerre dans son récit ?  

Les mouvements du texte : la composition oppose 2 images de la guerre : dans le 1er § elle est considérée avec les préjugés philosophiques de Candide, comme un spectacle grandiose dépeint avec ironie; dans les 2e et 3 §, Candide découvre une scène de chaos dans sa réalité barbare et absurde, décrite avec une tonalité très polémique.

LIGNES 1 à 7 : DESCRIPTION IRONIQUE DE LA GUERRE VUE COMME UN SPECTACLE

  • Lignes 1-3 : Un éloge paradoxal de la guerre en préparation
  • les deux armées sont décrites dans leur perfection esthétique -> accumulation hyperbolique des adjectifs « si beau, si leste, si brillant, si bien ordonné » soulignée par l’adverbe d’intensité « si ».
  •  L’émerveillement du personnage de Candide se lit à travers cet éloge paradoxal du champ de bataille ; notons que le sujet de la phrase a une valeur de négation partielle, « rien ne » -> tonalité ironique perceptible
  • Le champ de bataille avant le combat est présenté de manière esthétique -> l’ impression d’ « harmonie » est mise en relief en tête de phrase et constitue ironiquement une antithèse avec le mot « enfer » rejeté à la fin de cette phrase par le biais de la comparaison « telle qu’il n’y en eut jamais »
  • L’harmonie musicale renforce la beauté visuelle des deux armées en ligne -> l’accumulation en forme de gradation ascendante des instruments de musique fait progresser les sons jusqu’à l’insupportable : un intrus, un instrument de mort, est glissé ironiquement dans la liste : « les fifres, les hautbois, les tambours, les canons »

  • Lignes 3-6 : La bataille des petits soldats de plomb
  • Candide semble assister à une guerre factice et ludique -> le verbe d’action « renversèrent » suggère que les soldats sont des jouets automates ; les grands nombres sont très approximatifs : « à peu près six mille hommes », « une trentaine de mille âmes », « neuf à dix mille », déshumanisant les soldats par l’hyperbole ; le verbe « pouvait s’élever » suggère encore une logique comptable de la guerre, détachée des émotions. L’ironie voltairienne est ici très perceptible.
  • Une illustration ironique des théories de Pangloss, le précepteur optimiste de Candide : Voltaire fait semblant d’adopter à travers les yeux de Candide la logique de la guerre (= décalage ironique) : elle semble être une œuvre utile et justifiée : les soldats sont comparés à des « coquins », des virus qui « infectent » la terre. Le sujet à valeur indéfinie « Le tout » renforce l’impression de déshumanisation des soldats.
  • Le langage philosophique propre au personnage de Pangloss et au philosophe Leibniz est employé à des fins ironiques : la théorie de l’Optimisme est reprise par les expressions « la raison suffisante », « meilleur des mondes » : la guerre est en définitive une bonne chose de leur point de vue. L’euphémisme « ôta du meilleur des mondes » renforce cette idée révoltante.

  • Lignes 6-7 : Candide, un personnage lâche
  • L’auteur se moque de l’absence d’héroïsme de son jeune personnage – mais peut-être ironise-t-il sur lui-même, écrivain des Lumières. -> La comparaison « qui tremblait comme un philosophe » raille le manque de courage des intellectuels de son temps face à la brutalité de la réalité + -> l’oxymore « boucherie héroïque » définit la violence vaine des combats
  • Refus de l’action, fuite en rase campagne : « il se cacha du mieux qu’il put » -> nouvelle touche ironique, application des théories de Pangloss pour se cacher.

LIGNES 8 à 19: LA DESCRITION POLEMIQUE DE LA REALITE DE LA GUERRE

  • Lignes 8-9 : un réquisitoire contre tous les pouvoirs en place
  • Voltaire fait la satire de la religion qui sert de légitimation aux atrocités : les « Te deum », chants d’action de grâce destinés à remercier Dieu, sont chantés en même temps dans les deux camps après la bataille -> expression au singulier « chacun dans son camp » ; la religion est ici caution facile à toutes les infâmies.
  • L’auteur fait aussi une satire politique de la noblesse au pouvoir : pratique de la guerre comme un art dont il faut être fier : les « deux rois » sont en fait interchangeables.
  • Satire des systèmes de pensée philosophiques avec une nouvelle référence au philosophe Leibniz -> « des effets et des causes » : ce système vise à donner une cause logique et acceptable au mal de la guerre ; notons l’euphémisme « aller raisonner ailleurs «  qui est une manière ironique de dire qu’il déserte.

 

  • Lignes 9-11 : la découverte macabre des conséquences de la guerre chez les civils
  • Impression de dislocation et de destruction qui contraste avec la beauté et la symétrie du 1ER § ->hyperbole « des tas de morts et de mourants » ; mais Candide n’a toujours pas pris conscience de l’horreur : « passa par-dessus ».
  • Violente dénonciation des pratiques de la guerre cautionnées par des lois : les civils sont les victimes innocentes des décisions de ceux qui gouvernent : « selon les lois du droit public » => pratique de la technique de la terre brûlée : « il était en cendres » et de la destruction systématique des habitations et des habitants.

  • Lignes 11-15 : La description pathétique des damnés de la guerre
  • Une scène de chaos peinte comme une fresque historique -> longue phrase complexe (une période) construite en 3 parties juxtaposées (= rythme ternaire organisé par les adverbes « Ici; […] là ; […] d’autres […] ».
  • Le tableau des civils massacrés est monumental -> hyperboles liées aux énumérations des populations : « des vieillards », « leurs femmes », « leurs enfants », « des filles ».
  • Accumulation de détails réalistes visuels anatomiques  : rime intérieure des participes passés « criblés de coups », « leurs femmes égorgées », « éventrées », « brûlées »
  • Déshumanisation des civils désormais considérés comme de la chair -> référence à la pratique du viol par le biais du paradoxe à tonalité polémique « assouvi les besoins naturels de quelques héros » + référence à la barbarie bestiale des soldats : « leurs mamelles sanglantes » ; « cervelles », « bras et jambes coupées »
  • Manifestations sonores choquantes, telles celles de l’Enfer : « les derniers soupirs », « criaient » => scène de l’Apocalypse tragique  qui vise à émouvoir le lecteur.

  • Lignes 16-19 : la fuite en avant de Candide
  • La guerre se répand partout comme un poison mortel -> les camps opposés sont traités avec la même barbarie : « un autre village » ; « de même ». Notons l’utilisation ironique des paronymes « Abares » et «  Bulgares « 
  • Candide n’a pas pris conscience de la matérialité brutale de la guerre : la métaphore du « théâtre de la guerre » renvoie au spectacle et non au réel ; ses préoccupations bassement matérielles sont décalées et ridicules : « quelques petites provisions dans son petit bissac ». L’image finale de Melle Cunégonde, sa bien-aimée, est burlesque.

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