La vision du pouvoir dans Gargantua
Dissertation : La vision du pouvoir dans Gargantua. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar elorrildlclol • 8 Juin 2024 • Dissertation • 1 638 Mots (7 Pages) • 88 Vues
Chapitre 33 : les conquêtes imaginaires de Picrochole
En 1534, François Rabelais fait publier sous le pseudonyme Alcofribas Nasier (anagramme de François Rabelais) un
livre étrange, Gargantua. Il y raconte l’histoire du père de Pantagruel, récit publié en 1532 et qui avait connu un
grand succès. Les deux œuvres mélangent registres farcesque et épique, contant les exploits de deux géants.
Le roman raconte la naissance, l’enfance, l’éducation de Gargantua avant de se lancer dans la narration d’une guerre
contre un roi colérique et conquérant, Picrochole.
Gargantua est aussi un livre humaniste, proposant une réflexion sur l’éducation, la politique, l’organisation de la
société.
Après avoir rejeté la proposition de paix de Grandgousier (mais en lui prenant tout de même les cadeaux qu'il avait
apportés en guise de dédommagement), les gouverneurs se retrouvent devant Picrochole et lui promettent un
empire aussi grand que celui d'Alexandre. Ce rêve de grandeur semble déjà compromis par le nom même des
personnages : Merdaille, Menuaille (petit), Spadassin (assassin à gage) et surtout Picrochole (bile amère).
Nous nous demanderons alors en quoi cette parodie de débat politique permet-elle de réfléchir au pouvoir, à ce que
doit être un « bon » pouvoir ?
3 mouvements :
- De « Mais, dit-il… » à « à Constantinople. » : velléités des conseillers qui manifestent un désir de
conquête extravagant, gargantuesque, mais complètement irréelles.
- De « Allons les rejoindre… » à « toujours prospérer. » : Picrochole se laisse entraîner par la folie de ses
conseillers et son ambition.
- De « Là était présent… » à « légions de Grandousier » : vaine tentative de raisonnement d’Echéphron.
Premier mouvement :
Question de Picrochole
-c'est Picrochole qui pose les questions : il est dans la position de l'ignorant. Ce qui est un point négatif
pour un roi, un dirigeant. Ici s’établit, la critique de Rabelais envers le pouvoir.
-l'utilisation du passé composé « a déconfit » montre qu'il tient une guerre, non encore déclarée, comme
actée, puisque la valeur aspectuelle du temps est celle de l’accompli.
-il utilise des termes péjoratifs pour désigner son ennemi (« vilain buveur ») mais en même temps semble
le craindre, puisqu'il faut toute son « armée » (terme collectif) pour le vaincre → disproportion entre les
moyens mis en œuvre et la dangerosité du rival (un ivrogne )
Les conseillers établissent alors le plan des batailles à venir. Les conseillers changent progressivement de
temps verbaux :
-présent d'énonciation(« ils ne chôment pas » ), destiné à rendre l'action plus présente à l'esprit du roi.
Sauf qu'ici, l'énoncé est faux, ainsi le roi se fait tromper.
-futur proche (« nous les rejoindrons bientôt » ) =>invite Picrochole à se projeter dans un avenir
chimérique
-passé composé, qui exprime une action accomplie (« ils ont pris » ) → comme si ces victoires étaient
actées, ce qui n’est évidemment pas le cas
ils brouillent la frontière entre réalité et imagination dans l'esprit de leur roi. Critique du pouvoir => le roi
ne doit point se laisser abuser par ses conseillers
-ils utilisent des verbes d'action :« ils ont pris », « ont dompté », « mis à sac », «ont conquis », « vaincu
et dominé » → actions violentes, qui traduisent un désir de domination absolue, mais aussi l'absence
d'obstacle dans cette conquête, ce qui montre la frivolité de leur préparation.
-longue accumulation des territoires à conquérir, selon différents axes
-Nord-est(on remonte la Belgique pour redescendre à Lyon réunir une armée)
-est (en parcourant l'Allemagne jusqu'à l'Autriche)
-nord-ouest, avec la conquête des pays nordiques jusqu'à l'Antarctique -puis est et sud avec la marche
contre Constantinople.
-on remarque aussi que cette conquête se fait à la fois sur terre et sur mer (« les conquêtes
navales de la Mer Méditerranée »
-Cette accumulation se double d'une gradation :
-sont en effet d'abord cités des régions (« Bretagne », « Normandie » ) puis des pays entiers -ils
commencent par des territoires proches, puis de plus en plus éloignés
les conseillers piquent le désir d'hégémonie de Picrochole
mais cette conquête paraît de plus en plus désorganisée et fantaisiste
Deuxième mouvement :
• Ce discours semble avoir l'effet escompté sur Pircrochole :
-impératif (« Allons » ), verbe « je veux être empereur de Trézibonde » → révèlent son caractère
autoritaire et mégalomane. Mais sa mégalomanie est comique, puisque Trézibonde est une petite ville de
Turquie. Nouvelle
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