La place de la morale dans Le Menteur de Corneille

Au 17ème siècle, la comédie classique était un sujet emprunté au théâtre antique ou aux comédies italiennes et espagnoles contemporaines, elle visait à divertir le public en le faisant rire. Pour Molière, comme il le rappelle dans la préface de Tartuffe, la comédie à avant tout une fonction morale. Corneille a-t-il donné cette mission a sa pièce le Menteur? Corneille cherche-t-il à dénoncer et condamner le mensonge au nom de la morale ? On verra tout d’abord que la pièce donne parfois une mauvaise image du mensonge et du menteur et ensuite que Corneille fait preuve d’indulgence et ne condamne pas le mensonge.

Certes que la pièce donne parfois une mauvaise image du mensonge et du menteur.

En effet, plusieurs personnages blâment le cynisme de Dorante. Par exemple géronte est furieux et indigné quand il apprend que sont fils a menti, il lui reproche de ne pas avoir respecter le code d’honneur de sa classe sociale qui est la noblesse, sa conduite est ignoble : « Êtes-vous gentilhomme ? ». Ensuite il y a aussi Cliton, le valet de Dorante, quand il apprend que son maitre lui a menti au sujet du duel avec Alccipe il s’exclame, se vexe, se sent trahi et reproche : « Monsieur vous m’en donnez aussi » à la personne qui plus tôt lui avait promis d’être : « de mon cœur l’unique secrétaire, et de tous mes secret le grand dépositaire ». Et enfin Clarice qui méprise Dorante quand elle apprend ses multiples mensonges comme le fait qu’il soit déjà marié à Poitiers, que tous les exploits militaires qu’il lui a contés plutôt sont faux et qu’il a soi-disant organisé une fête sur l’eau. Elle va le qualifier à plusieurs reprises de « fourbe » qui est un mot très péjoratif a l’époque marquant le sentiment de s’être fait tromper et manipuler.

Les mensonges ont des conséquences négatives, les personnages sont déçus de Dorante et n’ont plus confiance en lui. Dans cette pièce Dorante ment surtout à des personnes proches ce qui va accentuer le sentiment de déception et donc de perte de confiance. Par exemple Geronte qui est son père est de nature gentille et pardonneuse on peut le voir a la scène 5 acte II quand son fils lui apprend qu’il s’est marié à Poitiers le père acquiesce et affirme que tant « Tu l’aimes, elle t’aime ; il me suffit » même si elle est « un peu mal en biens ». Donc quand Géronte apprend les mensonges de son fils il est penné et déçu que sont fils ne lui ai pas fait confiance. De plus quand Géronte va demander Lucrèce en mariage il insiste sur le fait qu’il n’a plus confiance en lui : Je doute, je hasarde, et le ne te crois pas ». Et même quand Dorante dit la vérité les gens ne le croient plus parce que comme le rappelle Cliton : Quand un menteur l’a dit en passant par sa bouche elle perd son crédit », on peut voir cela a la scène du balcon, scène 5 acte III, ou Dorante affirme qu’il n’est pas marié, ce qui est vrai, mais il n’est pas cru par les deux jeunes femmes à cause de tous les mensonges qu’il a déjà fait. Dorante et a son tour déçu de cette situation mais il garde espoir.

Les mensonges divise et son une source de conflit entre les personnages. En effet les liens familiaux son impacter, quand Géronte apprend les mensonges de Dorante il est prêt à le renier : « Va je te désavoue » mais Dorante va apaiser le colère paternelle en inventant un nouveau mensonge, disant qu’il aime que Lucrèce, ce à quoi Géronte va demander la main de Lucrèce a son père mais il le met solennellement en garde en le menaçant de mort : s’il « fourbe » encore (il ne) « Que tu ne mourras point que de la main d’un père ». Les mensonges impactent aussi les liens amicaux et amoureux. Alcippe, suite au mensonge de Dorante, croit qu’il a donné un diner sur l’eau a la femme qu’il aime faisant d’eux des rivales : « Ma vielle amitié cède à ma nouvelle haine ». Aveuglé par sa jalousie il va donc rompre avec sa bien aimer, Clarice, et provoquer en duel son amis qu’il est prêt à tuer.  Et enfin Clarice en veut à Dorante qu’il lui a menti elle va donc se venger de lui en le confrontant a ses mensonges a la scène du balcon, scène 5 acte III, afin de le « confondre » mais aussi en essayant a plusieurs reprise de détourner Lucrèce de Dorante en rappelant a quelle point il est « fourbe » a son amie scène 6 acte V.

Corneille donne bien parfois une mauvaise image du menteur et des mensonges. En effet a cause de ses mensonges Dorante est a plusieurs reprises blâmé, ils entraines de la déception a l’encontre de Dorante est une perte de confiance mais surtout ils sont une source  de conflit entre les personnages.

Cependant Corneille contrairement à Molière et Alarcon est indulgent à l’égard de son menteur.

En effet Dorante n’a pas de honte à mentir et il se justifie même. Dorante n’a aucun scrupule moral et est d’un cynisme qui peut choquer le spectateur par exemple quand Cliton lui adresse des reproches suite à ses mensonges, scène 6 acte I, surtout celui concernant le diner sur l’eau Dorante va traiter Cliton et par la même occasion en quelque sorte tout le public qui partage l’avis de Cliton comme « pauvre d’esprit ». Dorante ne craint pas les conséquences de ses actes même après que son valet l’ai mis en garde de possible « fâcheux intriques » s’il continu à mentir comme il l’a fait au Tuilerie et Philiste et Alcippe à la scène 4 acte II, il retorque comme à son habitude sûre de lui : « nous nous en tirerons ». De plus Dorante justifie ses mensonges au Tuileries , scène 3 acte I, en disant à son valet que les mensonges font plus d’effet que la simple vérité, ils forcent l’admiration et ainsi Dorante « en fais mieux ma cour ». Cela montre d’autant plus le cynisme de Dorante. Isabelle elle aussi défend, au début, les mensonges de Dorante disant a Clarice qu’il a menti seulement afin de lui plaire et qu’il a fait comme la plupart des jeunes hommes, donc c’est pardonnable.

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