La modernité poétique d'Alcools, Apollinaire
Dissertation : La modernité poétique d'Alcools, Apollinaire. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Clara272006 • 11 Juin 2023 • Dissertation • 1 203 Mots (5 Pages) • 340 Vues
La modernité poétique ne signifie pas le rejet du passé mais mêle une rupture et une continuité avec les expressions des poèmes qui l’ont chronologiquement précédé.
D’une part, il y a une rupture car la modernité poétique est la remise en cause de l’art classique. On observe une rupture formelle. Guillaume Apollinaire dans son recueil Alcools publié en 1913 supprime la ponctuation. De plus, quelques poèmes sont écrits en vers libres. Ces libertés de la part du poète permettent aussi une liberté d’interprétation pour le lecteur. Par exemple, dans le poème « Le pont Mirabeau », à l’oral dans les deux premiers vers, on peut entendre que « nos amours » coulent cependant la conjugaison du verbe permet de comprendre que c’est « la Seine » qui « coule ». Un poème d’un seul vers est aussi présent dans le recueil c’est « Chantre ». Guillaume Apollinaire va même jusqu’à créer une poésie visuelle dans son recueil Calligrammes publié en 1918. Perrine Le Querrec dans son recueil Rouge pute publié en 2020 écrit des poèmes où les vers libres sont mêlés à la prose. On observe ce phénomène dans « Profil bas », dans la première partie en vers libre la mère et les enfants doivent rester « Invisibles » puis il y a une rupture avec le mot « Ensuite » et on observe des vers collés et séparés par des « / » comme de la prose car tout s’accélère. Ces ruptures formelles avec les poèmes qui l’ont chronologiquement précédé permettent d’appuyer le sens. Il y a aussi des ruptures thématiques. Par exemple le poème « Marizibill » de Guillaume Apollinaire décrit une prostituée. Ces femmes n’étaient pas mises en avant dans la poésie classique. « Une Charogne » de Baudelaire qui met en avant une satire du romantisme en introduisant la description d’un cadavre en décomposition est un exemple de modernité car personne auparavant n’avait utilisé cette thématique de cette manière.
D’autre part, ces ruptures sont mêlées à des continuités. Pour continuer sur l’exemple d’ « Une Charogne » de Baudelaire, il y a un respect des attentes de l’art classique car le poème est composé de douze quatrains layés avec des rimes systématiquement croisées avec une alternance de rime féminine et de rime masculine. De même pour « Marizibill » qui a une thématique moderne, ce poème est pourtant composé de trois quintiles d’octosyllabe rimés. Certains poèmes d’Apollinaire reprennent des thèmes classiques pour les rendre plus modernes. Par exemple il reprend la légende de Jean-Baptiste dans son poème « Salomé ». Cette légende avait déjà été reprise par Gustave Flaubert et Oscar Wilde cependant Apollinaire y ajoute sa vision avec des anachronismes et des archives autobiographiques. Son texte peut signifier plusieurs chose en même temps. La thématique symboliste de l’automne mélancolique est modernisée dans son poème « Automne » dans lequel on peut retrouver le thème de la déception amoureuse car il est écrit en 1905 après sa rupture avec Annie Playden.
La modernité poétique a pour but de faire quelque chose de nouveau donc elle peut choquer le lecteur de plusieurs manières.
Tout d’abord, le poète peut choquer le lecteur par une façon d’écrire différente. Comme nous l’avons déjà vu les libertés formelles peuvent choquer. Cependant, Apollinaire choque aussi en écrivant à la manière d’un peintre cubiste. Effectivement, il donne plusieurs éléments disparates afin que le lecteur crée le sens. Dans son poème « Cortège », le poète mêle plusieurs thèmes : les cinq sens, les autres, lui-même comme plusieurs voix ce qui crée un poème « polyphonique ». Il semble à la recherche de lui -même « Un jour je m’attendais moi-même » et finit par se trouver grâce aux autres « Les peuples s’entassaient et je parus moi-même » avec le temps « Temps passés Trépassés Les dieux me formâtes ». Ce procédé de juxtaposition est utilisé dans d’autres poèmes comme le dernier du recueil « Vendémiaire ». Apollinaire mêle des allusions aux attentats contre différents souverains d’Europe, sa vie à Paris, les vendanges, l’ivresse, différentes villes en laissant au lecteur la liberté du sens.
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