L'odeur de pension, Le Père Goriot, Balzac
Fiche de lecture : L'odeur de pension, Le Père Goriot, Balzac. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar 2Polochon • 23 Mars 2024 • Fiche de lecture • 1 210 Mots (5 Pages) • 169 Vues
“L’odeur de pension”, Le Père Goriot, Balzac
Alors que depuis toujours, on reproche au roman de “faire du faux”, de la fiction, au 19e siècle apparaît le réalisme. Un mouvement littéraire qui donne pour mission au roman d’exprimer le plus fidèlement possible la réalité, de peindre le réel sans l’idéaliser. Stendhal dira : “Le roman doit être un miroir promené le long des grands chemins”. Le roman vit alors sa grande époque, s’affirmant pour la première fois. Honoré de Balzac est l’un des chefs de file du réalisme et écrit tout au long de sa vie “La Comédie humaine”, un cycle romanesque comportant le célèbre roman “Le Père Goriot”. Une œuvre parue en 1835 qui raconte l’histoire d’un vieil homme malheureux et malade abandonné de ses filles pour qui il a tout sacrifié, afin qu’elles vivent une vie heureuse et confortable. Il est donc résigné à finir ses jours dans une pension misérable, la pension Vauquer, où vivent des pensionnaires tout aussi misérables. L’extrait étudié est le célèbre incipit nommé “l’odeur de pension”.
Comment la description de l’odeur de pension permet-elle à Balzac de nous présenter les personnages du roman et son intrigue tout en plongeant le lecteur dans les lieux ?
On peut voir qu’il se dégage deux mouvements de ce texte : le premier, la description générale et réaliste des deux salles et le second, la description du mobilier qui préfigure les personnages.
L’auteur nous immerge directement dans la pièce avec “Cette première pièce exhale une odeur sans nom dans la langue” (l1) en faisant appel à deux de nos sens, le goût et l’odorat. Pourtant l’odeur que Balzac essaye de nous décrire est « sans nom dans la langue ». L’odeur est si particulière qu’on ne peut la nommer. -Balzac est alors forcé de la décrire avec une longue énumération de la ligne 2 à 4. Une première énumération dépréciative “Elle sent le renfermé, le moisi, la rance” fait appel à notre odorat. Puis une gradation “elle donne froid, elle est humide au nez, elle pénètre les vêtements” (l3) dont l’intensité augmente au fur et à mesure fait appel à notre toucher. Puis l’auteur fait à nouveau appel à notre goût et à notre odorat avec “elle a le goût d’une salle ou l’on a dîné; elle pue le service, l’office, l’hospice”. Balzac mélange les perceptions : le sens olfactif, le toucher, et finalement le goût. C’est une figure qui s’appelle la synesthésie : une association entre perceptions. Après la lecture de cette longue phrase, le lecteur saisit très bien l’atmosphère maladive et non-hygiénique avec “l’hospice”, “le moisi”, “la rance” et à quel point il n’est pas agréable de respirer l’air présent dans la pièce que l’on imagine alors misérable et dépravée, alors même que seule l’odeur nous est décrite. On imagine alors des pensionnaires de la même trempe.-Balzac, pour mieux nous expliquer l’odeur, essaye donc de nous rendre compte de la réalité de manière scientifique, n'ayant d’autre moyen pour nous la faire parvenir : « Peut-être pourrait-elle se décrire si l’on inventait un procédé » (l4).
-On retrouve à la ligne 6 une apostrophe “Eh bien !” qui capte l’attention du lecteur, le plongeant ainsi encore plus dans le récit.-Alors que Balzac vient de nous faire un tableau repoussant voire même horrible du salon de la pension via l’odeur qui émane de celui-ci et que l’on ne peut imaginer pire, il nous dit : “si vous le comparer à la salle à manger, qui lui est contiguë, vous trouveriez ce salon élégant et parfumé comme doit l'être un boudoir” (l6-8). La description du petit salon est alors mise au service de celle de la salle à manger.-La description de la salle comme étant “entièrement boisée” (l8) donne une image plus chaleureuse de la salle.-L’adverbe
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