Apollinaire, « Le Pont Mirabeau » : comment l'auteur transforme-t-il un échec amoureux en réussite artistique ?
Commentaire de texte : Apollinaire, « Le Pont Mirabeau » : comment l'auteur transforme-t-il un échec amoureux en réussite artistique ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Cam _fgt • 26 Juin 2023 • Commentaire de texte • 1 288 Mots (6 Pages) • 325 Vues
Les ponts Mirabeau Apollinaire
Introduction:
Guillaume Apollinaire publie Alcools en 1913
Le premier poème « Zone » place le recueil Alcools sous l'égide de la modernité. Pourtant, le deuxième poème du recueil, est un poème lyrique de facture apparemment classique.Ce poème est le deuxième du recueil Alcools paru en 1913. Ecrit après sa rupture avec la peintre Marie Laurencin, « Le Pont Mirabeau » est un des textes les plus célèbres d'Apollinaire. D'ailleurs, il a souvent été mis en chanson.
Problématique:
Comment Apollinaire transforme-t-il l'échec amoureux en réussite artistique?
Annonce de plan suivant le mouvement du poème :
« Le pont Mirabeau » évoque avec nostalgie un amour passé mais présent dans le souvenir qui s'efface pour laisser place à l'inspiration poétique.
Partie I: La nostalgie d'un amour passé (v.1 à 6)
Partie II: La permanence de l'amour (v. 7 à 12)
Partie III: La souffrance de l'absence (v.13 à 18)
Partie IV: Le passage du temps et la permanence de la poésie (v.19 à 22)
I - La nostalgie d'un amour passé (v.1 à 6)
Le pont Mirabeau, construit de 1893 à 1896, est un ouvrage moderne lorsque Apollinaire écrit le poème. Le choix du « pont » n'est évidemment pas anodin : c'est un signe de modernité mais aussi et surtout un symbole d'union. Mais paradoxalement, l'image du pont Mirabeau est pourtant utilisée par Apollinaire pour évoquer sa rupture avec Marie Laurencin. Apollinaire ne met pas l'accent sur le pont car le regard est porté « Sous le Pont Mirabeau ». C'est un regard descendant et plongeant sur l'eau, métaphore du temps qui passe : « ... coule la Seine ». L'eau comme métaphore du temps qui passe est un topos de la littérature que l'on retrouve déjà chez le philosophe Héraclite pour évoquer le passage du temps : « On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve ». Le temps qui passe est un temps destructeur, qui emporte avec lui les amours passées comme le souligne la conjonction de coordination « et » au vers 2 « Et nos amours ». Face au constat de cette destruction, Apollinaire cherche à retrouver l'amour passé. Ainsi, le déterminant possessif « Nos amours » recrée une complicité avec la femme aimée. Le pluriel au mot
« amours » relève d'une style archaisant. L'écriture semble ainsi être une tentative de retrouver le souvenir passé et de retenir le temps qui passe. Néanmoins, c'est la solitude qui domine dans cette première strophe. Le verbe
« souvenir » relègue l'union avec la femme aimée dans un passé révolu confirmé par l'imparfait « venait toujours ». Il y avait bien un vécu commun mais tout cela a disparu. Au contraire, c'est l'impersonnel qui règne « Faut-il qu'il m'en souvienne » (v.3). La forme impersonnelle des deux verbes successifs (« faut-il« , « il m'en souvienne« souligne l'effacement des personnes. Le distique (strophe de deux vers) s'apparente à une prière : « Vienne la nuit sonne l'heure ». Le champ lexical du temps (« nuit », « heure », « jours » «s'en vont ») invoque un temps destructeur qui réduit tout à néant.
II- La permanence de l'amour (v. 7 à 12)
Pourtant, la fin du vers 6 met en évidence la permanence et la fixité du poète « je demeure ». Si l'amoureux s'est effacé, le poète reste, même si on entends le verbe mourir dans « je demeure ». Dans le deuxième quatrain, le poète semble rester maître du temps comme le souligne le champ lexical de la permanence : « demeure », « restons »,
« éternels regards ». Les répétitions « Les mains dans les mains restons face à face » créent un effet de circularité qui recrée l'intimité avec Marie Laurencin. Les mots fonctionnent par couple (mains/mains;
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