Lecture Analytique " le Pont Mirabeau " De Guillaume Apollinaire
Dissertations Gratuits : Lecture Analytique " le Pont Mirabeau " De Guillaume Apollinaire. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar haude • 18 Mai 2015 • 1 386 Mots (6 Pages) • 1 770 Vues
LE PONT MIRABEAU
Apollinaire et Marie Laurencin passaient souvent par le pont Mirabeau, un chef-d’œuvre de technique et d'élégance architecturale qui fut construit entre 1893 et 1896 pour relier directement les quartiers d'Auteuil et de Passy, rive droite, avec ceux de Javel et de Grenelle, rive gauche. Le poème Le Pont Mirabeau est un extrait du recueil Alcools paru en 1913. Apollinaire y fait allusion à sa rupture avec Marie Laurencin, une peintre avec qui il eut une liaison, et évoque la fuite du temps semblable à l'eau qui s'en va. L'eau est un thème romantique et lyrique qui renvoie au passage du temps et à la fuite de l'amour.
Nous allons voir dans un premier temps que ce poème est à la fois traditionnel et moderne puis dans un second temps nous étudierons plus particulièrement le thème de la fuite du temps et de l’amour en opposition avec l’immobilité du pont.
Ce poème allie tradition et modernité, en effet le poète emprunte à la tradition romantique le thème de la fuite du temps lié à l’écoulement de l’eau. Apollinaire compare le passage du temps à l’écoulement continu du fleuve pour évoquer l’effet du temps sur l’amour « L’amour s’en va comme cette eau courante » (v. 13). L’amour passe, emporté par le flux temporel. Comme les Romantiques, le poète constate son impuissance face au temps, qu’on ne peut retenir ni revivre « Ni temps passé / Ni les amours reviennent » (v. 20-21). Ce poème est composé de 4 quatrains tous formés avec la même disposition de vers : un décasyllabe, un tétrasyllabe, un hexasyllabe puis de nouveau un décasyllabe. Entre chacune de ces strophes se trouve un distique avec deux heptasyllabes. Composé comme une chanson dont les quatrains sont les couplets et les distiques le refrain, ce poème à une sonorité très musicale. En effet, les vers impairs utilisés dans le refrain et les vers pairs dans les autres strophes donnent l'alternance nécessaire à la musicalité du poème. De plus, l’absence de ponctuation et les enjambements (v. 1 à 2, v. 8 à 9) donnent une fluidité de lecture et imitent la fluidité de l’écoulement du fleuve de même que la reprise des rimes en « vienne » : « souvienne », v. 3, « Vienne », vers 5, 11, 17 et 23, « reviennent », v. 21 et la reprise de « passe » (v. 9 et v. 19), ainsi que le retour constant du même refrain, marquent une certaine monotonie. Le texte sonne alors comme une complainte. Le registre élégiaque se manifeste à travers l’expression du regret, de la souffrance : « la peine » (v. 4), « Comme la vie est lente / Et comme l’Espérance est violente » (v. 15-16). La diérèse présente dans « violente » insiste sur la douleur.
Le poète reprend au poème élégiaque le thème de l’amour malheureux, qui s’exprime à travers la plainte. La plainte se perçoit jusque dans les sonorités et le rythme.
Les assonances en « ou » (« coule », amours », « toujours », « sous ») et en « on » (« pont », « vont», « restons », « l’onde ») traduisent la mélancolie du poète. De plus la reprise du v1 au v22 clôt le poème et renforce l’idée de douleur impossible à apaiser. Apollinaire crée un poème circulaire correspondant à son état d’esprit.
L’absence de ponctuation que nous avons vue précédemment évoque aussi le caractère moderne de la poésie d’Apollinaire. Les rimes sous la forme ABAA sont aussi peu courantes. Les rimes sont plates mais laissent orpheline la rime du deuxième vers de chaque quatrain. On constate que les vers 2 et 3 sont en fait une cassure d’un décasyllabe ce qui prouve qu’Apollinaire fait preuve de liberté avec les règles de la poésie. Le présent domine le poème. Mis à part la référence au souvenir « souvienne », (v. 3) et l’emploi de l’imparfait « venait » (v. 4) à la première strophe, le poème est ancré dans le flux du présent. De manière générale, il s’agit d’un présent d’énonciation. Au moment où il parle, le poète se trouve seul sur le pont Mirabeau d’où il regarde couler la Seine, après sa rupture amoureuse.
Dans
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