Analyse linéaire - Le discours du vieillard, Supplément au Voyage de Bougainville, de Denis Diderot
Commentaire de texte : Analyse linéaire - Le discours du vieillard, Supplément au Voyage de Bougainville, de Denis Diderot. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar 15steps1by1 • 18 Mai 2023 • Commentaire de texte • 1 035 Mots (5 Pages) • 324 Vues
Publié à titre posthume en 1796, vingt-quatre ans après son écriture, le Supplément au Voyage de Bougainville est un court conte philosophique de Denis Diderot, où, sous la forme de plusieurs récits enchâssés issus d'un dialogue entre deux personnages anonymes, le philosophe émet une forte critique de la morale européenne de son époque, grâce à son évocation d'une société quasi-utopique sur l'île de Otaïti [sic], que l'explorateur éponyme visita pendant son célèbre tour du monde. Dans l'extrait étudié, un vieux Otaïtien, lors du départ des explorateurs européens, prononce un discours enflammé, dirigé à la fois à ces derniers et à ses compatriotes, grâce auquel l'auteur, profitant du point de vue externe que la voix du vieillard lui conférait, dénonce les vices de la culture européenne, tout en glorifiant celle des insulaires. À partir de ceci, et en prenant ces objectifs du philosophe comme nos axes d'analyse, nous verrons comment Diderot compare les deux civilisations évoquées dans le texte.
Tout d'abord, dans le paragraphe dirigé aux Otaïtiens, l'anaphore du verbe "pleurez", qui jouit d'une valeur d'ordre grâce à l'impératif dont il est conjugué, à la première ligne, contribue à montrer la tristesse que l'arrivée des Européens devrait susciter chez les habitants de l'île. Puis, dans la deuxième ligne, la description des explorateurs comme "ambitieux et méchants", ce dernier adjectif ayant une connotation péjorative, leur confère un caractère cruel et hostile. Aux troisième et quatrième lignes, les périphrases "morceau de bois" et "fer", qui désignent la croix chrétienne et l'épée, respectivement, montrent que Bougainville et ses hommes exerceraient une domination à la fois physique et morale sur les insulaires, ce qui est renforcé par l'utilisation du champ lexical de la violence et la soumission, comportant les verbes "vous enchaîner", "vous égorger", "vous assujettir" et "vous servirez", aux lignes 4 et 5. Enfin, la méchanceté des Européens est à nouveau montrée à la sixième ligne, grâce à l'utilisation des adjectifs qualificatifs "corrompus", "vils" et "malheureux".
Ensuite, dans la partie du discours adressée à Bougainville, le vieillard le décrit à la huitième ligne comme le "chef des brigands", une apostrophe agressive qui dénonce le projet colonisateur européen, le qualifiant d'un vol. À la neuvième ligne, les deux propositions en parallélisme "nous sommes innocents" et "nous sommes heureux" expriment ces qualités dans la société tahitienne, grâce au présent de vérité générale utilisé. Puis, à la ligne 10, la proposition "nous suivons le pur instinct de la nature" confère aux Otaïtiens un caractère bon et innocent, l'adjectif "pur" dénotant ces caractéristiques, et montrant qu'ils vivaient selon les principes d'une loi naturelle innée, alors que les Européens sont décrits comme immoraux, en "tent[ant] d'effacer de [leurs] âmes [leur] caractère", tel que l'exprime la proposition à la même ligne. Les insulaires vivent aussi dans une société égalitaire, partageant tous leurs biens et ignorant le concept de la propriété, des principes conformes à la loi naturelle, comme le montre la proposition "tout est à tous" à la onzième ligne, où la polyptote entre "tout" et "tous" renforce l'idée d'unité et égalité entre ceux-ci, des vertus avec
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