Analyse du Dialogue dans La Leçon de Ionesco
Synthèse : Analyse du Dialogue dans La Leçon de Ionesco. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar jeanjacquesdu77 • 4 Février 2024 • Synthèse • 1 294 Mots (6 Pages) • 133 Vues
L’auteur de La Leçon est Eugène Ionesco, un dramaturge d’origine franco-roumaine né en 1909 et mort en 1994. Ayant écrit de nombreuses œuvres très connues, telles que La Cantatrice Chauve et Rhinocéros, il est l’une des figures majeures du théâtre de l’absurde français. Le théâtre de l’absurde est un courant théâtral qui rompt avec les genres classiques du théâtre et qui se traduit par une déstructuration de la parole et d’une forte présence du grotesque ainsi qu’une dimension comédique. L’origine de ce mouvement est liée au traumatisme de la seconde guerre mondiale et des guerres idéologiques qui l’ont accompagnées, et ayant vécu durant cette période, Ionesco en a fait un sujet récurrent dans ses œuvres, à travers une réflexion implicite sur les conventions du langage.
Avec La Leçon, Ionesco aborde en particulier les thèmes de la critique du pouvoir et de la parodie du discours pédagogique. L’intrigue de la pièce porte sur un professeur qui reçoit chez lui une jeune élève afin d’évaluer ses connaissances. Au début du récit, les interactions entre le professeur et l’élève sont très civilisées, mais au fil du temps, le professeur perd de plus en plus son calme et devient agressif, à cause de l’élève qui se plaint de façon répétée qu’elle a très mal aux dents. Le professeur se révèle alors être un homme autoritaire et manipulateur qui rabaisse son élève pour en tirer du plaisir. Cette disposition malsaine du professeur ne fait qu’escalader jusqu’à ce qu’il assassine l’élève. Dès que le crime a été commis, le professeur redevient l’homme maladroit et désorienté du début de l’intrigue et demande à sa bonne de l’aider à cacher le crime.
D’une certaine manière, Ionesco créé avec cette pièce une métaphore du totalitarisme durant la seconde guerre mondiale, les trois personnages représentant chacun différents types de personnes ayant un rôle lié à cette période : le professeur représentant un bourreau manipulateur et un dictateur, la bonne représentant une collaboratrice, et l’élève représentant une victime du totalitarisme. Mais de manière plus générale, Ionesco critique la tyrannie entre les êtres humains, qui utilisent la science et le savoir comme une arme. Selon lui, c’est la société et ses conventions qui prennent le dessus de la communauté et donc de la communication. C’est donc la convention sociale, creuse et cruelle, qui est à démasquer à travers un théâtre qui se réinvente avec Ionesco et les autres dramaturges du théâtre de l’absurde, tels que Samuel Beckett et Jean Genet.
Ce qui rend donc cette pièce réellement particulière et qui permet de rendre l’évolution des événements qui se produisent dans l’intrigue si intéressante, est la manière dont le dialogue et les interactions entre le professeur et l’élève sont écrites.
La manière dont les échanges entre le professeur et l’élève évoluent révèle une véritable toxicité dans la relation de ces deux personnages qui n’était pas visible au début de la pièce. Plus ils interagissent, plus leurs interactions se transforment en quelque chose de malsain et violent. Le contraste entre le début de l’intrigue, où les interactions étaient calmes et soutenues, et la fin du récit, où il y a un excès d’agressivité, est très marquant. Mais il y a tout de même une évolution progressive du dialogue qui se fait en plusieurs étapes.
Au début, les échanges entre le professeur et l’élève sont polis bien que superficiels, l’élève ayant l’air très enjouée et ayant envie d’apprendre, et le professeur semblant maladroit et réservé. Le professeur pose des questions à l’élève afin de se renseigner sur ses connaissances, mais peu à peu, il devient de plus en plus agacé et un sentiment de confusion se fait sentir lorsque leurs répliques, bien que techniquement correctes, n’ont plus aucune cohésion de sens entre elles. Pour donner un exemple :
Le professeur : « Quand on compte des bâtons, chaque bâton est une unité, Mademoiselle… Qu’est-ce que je viens de
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