Cours Philosophie, Le problème de la définition de l'Homme
Cours : Cours Philosophie, Le problème de la définition de l'Homme. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Cliz3 • 13 Février 2024 • Cours • 2 104 Mots (9 Pages) • 179 Vues
Séquence 2 : Le problème de la définition de l’homme :
Partie 3 : La technique :
On peut employer le terme de « technique » comme substantif (nom) et comme adjectif :
Ce qu’on appelle « technique » (adjectif) :
En tant qu’adjectif, la technique désigne un procédé efficace permettant d’ajuster les moyens à une fin que l’on poursuit.
Ce qu’on appelle « la technique » (substantif) :
Comme substantif, ou nom, « la technique » désigne l’ensemble des procédés que l’homme met en œuvre afin de transformer la nature en fonction de ses besoins.
Si le fait de réaliser des gestes techniques n’est pas le propre de l’homme, ne faut-il pas chercher ce qui fait sa spécificité du côté de cette capacité à transformer son environnement par des moyens toujours plus puissants et perfectionnés ?
1. La technique, le propre de l’homme ?
A. L’homme est-il le seul à utiliser des outils ?
La technique, en tant qu’activité productrice agissant sur la nature dans le but de la transformer, mobilise des outils.
L’outil permet à son tour de produire d’autres outils, et ce faisant, il nous faire vivre au sein d’un milieu que la technique a façonné. L’outil devient alors un intermédiaire entre le corps de l’homme et la nature. En ce sens, ce dernier semble se distinguer de l’animal, puisque celui-ci vit dans un milieu naturel, avec lequel il agit par le biais de ses organes.
D’une part, il est le seul capable de « bien utiliser » un grand nombre d’outils, là où l’animal est limité dans ses possibilités d’exécution (si l’on donnait un couteau au vautour, il ne saurait pas qu’en faire !). L’homme possède un outil particulier, qui joue le rôle de tous les autres : il s’agit de la main, qui est un instrument . La main n’est pas limitée à une fonction, ou à plusieurs fonctions : elle en a même une infinité.
B. L’homme un être dont la nature est définie par la technique :
On considère que l’évolution de l’espèce humaine a connu un pas décisif lorsqu’elle a réussi à maîtriser de manière technique des processus naturels (par exemple, la cuisson des aliments, qui est une technique s’appuyant sur le feu et la chaleur, qu’on trouve dans la nature, que l’on apprend à maîtriser pour en faire un usage à notre service). Bergson fait de cette capacité le point qui sépare hommes et animaux, en défendant la thèse que l’intelligence de l’homme est essentiellement fabricatrice... Le fait que l’homme puisse passer de la bestialité à la divinité est la conséquence nécessaire de son absence de nature. Le caméléon peut donc mettre ce caractère plastique de sa nature au service de buts qui sont bons pour lui et son espèce, mais il peut aussi « dégénérer ». La technique, en tant qu’intermédiaire, n’est en elle-même ni bonne ni mauvaise, c’est son usage qui peut varier. Avec ce pouvoir d’agir sur le monde qui l’entoure et sur lui-même, l’homme ne risque-t-il pas de prendre lui-même pour un démiurge (=créateur), à l’image de Dieu, quitte à jouer les apprentis sorciers ?
2. Le projet d’une maîtrise de la nature et ses ambiguïtés :
A. Connaissance de la nature et progrès technique :
Aux XVIe et XVIIe siècles, une grande révolution scientifique (notamment le passage du géocentrisme à l’héliocentrisme) transforme la manière d’expliquer le monde et les phénomènes naturels. On s’appuyait jusqu’alors sur des « qualités obscures » des choses pour en expliquer les effets. Molière tourne cela en dérision dans ses pièces de théâtre, notamment dans Le médecin malgré lui, ou dans Le malade imaginaire. Exemple caractéristique : pour expliquer que l’opium fait dormir celui qui en consomme, on disait qu’il y a dans l’opium une « vertu dormitive », c’est-à-dire une qualité de la chose qui fait qu’elle produit le sommeil. Donc, on dort en prenant de l’opium parce que l’opium fait dormir... et l’on n’a rien expliqué ! L’usage de ce genre de raisonnement est présent dans la médecine mais aussi dans la physique: on explique les phénomènes naturels par ce genre de « qualités obscures », et la science est presque un genre de magie. Or, il faut une connaissance rigoureuse de ces phénomènes si l’on veut tenter de les connaître et de les maîtriser pour les reproduire. L’enjeu de la science est aussi de donner naissance à un art (au sens d’un savoir-faire), ou à une pratique qui peut exploiter de manière systématique les principes qu’elle a découvert. Avec Galilée et Descartes, le nouveau paradigme scientifique devient mathématique et physique. Le premier écrira que l’univers « est écrit en langue mathématique, et ses caractères sont les triangles, les cercles et autres figures géométriques », dans L’essayeur, en 1623.
B. Dangers de la technique et de la réflexion éthique :
La connaissance théorique de la nature, accompagnée de sa maîtrise technique, peut donc être au service d’un progrès social, médical, et même politique. Pour autant, la technique ne produit pas par elle-même les fins qui seraient à même d’en encadrer le développement. En effet, dans le progrès technique, c’est bien souvent l’impératif du possible qui prend le pas sur l’impératif de ce qui devrait être ou ne pas être. Faut-il poursuivre n’importe quelle innovation technique pour la seule raison que l’on peut la réaliser ? La mise au point de la bombe atomique, ainsi que son usage, sont-ils rendus nécessaires par le seul fait que l’on soit capable de telles réalisations ? La question ne serait que théorique si elle n’impliquait pas aussi le risque d’une destruction de l’humanité et du monde. À ce titre, Hans Jonas considérait qu’il faut repenser les impératifs qui ont fondé jusqu’à maintenant la morale humaine. Mais aujourd’hui, la puissance de la technique s’est accrue à un point tel que dorénavant, nous avons la possibilité de détruire toute vie future (bombe nucléaire, dérèglement climatique, etc.). Il faut donc prendre en compte, dans le champ de la morale, cette possibilité de destruction.
Les progrès techniques sont donc ambigus au sens où ils améliorent les conditions d’existence des êtres humains, tout en présentant des risques pour la poursuite de cette même existence. Faut-il
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