Puis-je me connaître ?

Mael Bacquet

Terminale 5

Philosophie

Dissertation : Puis-je me connaître ?

La « connaissance » est un concept qui désigne le fait de savoir qu’une certaine proposition est vraie. En l’occurrence, cela revient à supposer que la perception de soi est basée sur une croyance vraie. Ainsi la connaissance renvoie à une certitude forte basée sur un raisonnement, et est donc objective.

« Je » désigne le « moi » et se rapporte à la conscience de soi, faculté qui, selon Kant, est propre à l’être humain et agit comme un miroir lui permettant de s’attribuer ses pensées et de se percevoir comme un observateur du monde qui l’entoure. Ainsi, la conscience octroie à l’homme la capacité de se penser, comme l’évoque Kant dans Anthropologie du point de vue pragmatique. La conscience de soi est un préalable à la connaissance de soi parce qu’elle permet de se situer par comparaison au monde environnant. Cette capacité de se penser renvoie à une perception subjective de soi-même puisque cette réflexion est propre à chaque homme et est dépendante de ce qui émerge dans notre conscience. Par ailleurs, la présence de la conscience sous-tend, selon Freud, celle de l’inconscient. L’existence de l’inconscient met ainsi en évidence le caractère partiel de la conscience.

Comment avoir une connaissance véritable et complète de soi-même en étant doté d’une conscience partielle et a priori subjective ?

L’inconscient est-il un frein à la connaissance totale et objective de soi ? La subjectivité de la conscience n’est-elle pas l’unique voie pour se connaître soi-même ? L’expérience continue de la conscience ne permet-elle pas, à terme, d’acquérir la connaissance de soi ?

D’après Freud, le psychisme est partagé entre deux parties inconscientes, le « ça » et le « surmoi » et d’une partie consciente, « le moi ». Le surmoi, issu de l’éducation et marqué par les préceptes de la société, censure les pulsions du « ça » qui sont donc refoulées.  Ainsi le surmoi a donc la capacité de bloquer certaines pensées ou perceptions jugées inacceptables, avant qu’elles n’atteignent le « moi », la conscience. C’est pourquoi, certaines personnes, ayant vécu des traumatismes, perdent toute conscience de l’évènement traumatique. En outre, le surmoi fait en sorte de conformiser le « moi » par rapport aux codes de la société et au regard des autres. Il crée un voile donnant l’illusion d’un moi qui n’est pas véritable. Les différents points de vue dans la société influencent la perception de soi-même comme, par exemple, le fait de définir une fille de « coquette » ou un garçon de « fort ». Le moi , sous influence du surmoi, finit par s’attribuer une définition qui ne lui est pas propre. Ainsi, nous n’avons pas le contrôle total de notre psychisme, et donc pas d’accès conscient à l’entièreté de notre être. Le fait d’avoir un accès restreint à son psychisme empêche l’idée d’un savoir objectif sur soi-même.

Cependant, on peut se demander s’il est nécessaire de posséder un savoir objectif sur soi pour affirmer se connaître.

Est-il adapté de chercher une vérité absolue dans la quête de connaissance de soi ? Etant donné que le « je » est à la fois le sujet et l’objet de cette connaissance, on peut avancer que la connaissance appliquée à soi-même est entièrement subjective. Si cette connaissance est subjective, elle peut néanmoins être considérée comme vraie relativement à soi. En effet, la question de la connaissance de soi ne repose pas sur une vérité absolue. Comme le conceptualise le thème de l’intersubjectivité, la vérité du moi n’est pas absolue puisqu’elle dépend de la définition que lui attribue celui qui perçoit. Le moi peut ainsi revêtir une infinité de définitions relativement à celui qui perçoit. Lorsque le moi devient l’observateur de lui-même il ne détient pas plus la vérité sur lui que les autres. Néanmoins, cette perception reste vraie pour lui et c’est cette vérité qu’il cherche à connaître.

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