La vérité nous rend-elle libre ?
Dissertation : La vérité nous rend-elle libre ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Manon.16098 • 17 Décembre 2023 • Dissertation • 1 934 Mots (8 Pages) • 519 Vues
La vérité nous rend-elle libre?
La vérité est une donnée théorique qui permet d’expliquer le réel et de mettre les hommes d’accord. Par ailleurs, la liberté revient à agir et réfléchir sans contrainte et selon sa volonté propre. Ainsi il y a un décalage entre ces notions, l’une étant théorique et l’autre pratique. Pourtant il y a un lien entre la connaissance et l’action puisque connaitre le monde avec vérité permet d’agir correctement sur celui-ci. Par exemple, quand un patient connait la vérité sur sa maladie, il va pouvoir choisir librement de la guérir. Mais en même temps, la vérité semble contraignante et imposante puisqu’il faut la dire. Or la contrainte s’oppose à la vérité. Alors pourquoi les êtres humains cherchent-ils à tout prix la vérité? Est-elle réellement un aspect positif pour le libre arbitre?
Cependant, ce sujet présuppose que lorsque nous avons la vérité, nous devenons plus libre.
Ainsi, la vérité est-elle vraiment contraignante car elle s’impose à nous ou bien est-elle gage de liberté en permettant de penser par soi-même afin de sortir des opinions et préjugés?
Dans une première partie nous verrons que la vérité est contraignante. Par la suite nous ferons la distinction entre la contrainte et l’obligation. Pour finir nous expliquerons que la vérité est libératrice.
La vérité est un discours général qui fait l’accord des esprits et qui s’impose à tous. C’est ce à quoi l’esprit peut et doit donner son assentiment. Ainsi devant la vérité, l’homme se voit obliger de s’y soumettre.
Tout d’abord la liberté se joue dans l’autorité. En effet nous nous sentons obligés de croire les informations transmises par une personne détenant des compétences que nous n’avons pas. Ceci est logique étant donné que nous ne possédons pas les capacités pour déterminer de la véracité des arguments mis en avant. Ainsi un diagnostique posé par un homme portant une blouse blanche, signe de sa compétence, sera cru car nous lui accordons notre fiabilité.
Par ailleurs ceux qui pensent détenir la vérité peuvent tenter d’y soumettre les autres et s’en font un devoir moral. Cette persuasion peut se faire à travers l’usage de la violence. Dans La République, Platon met en scène la condition humaine en représentant des hommes, prisonniers dans une caverne qu’ils pensent être la vraie vie. Or un philosophe doté de connaissances du monde extérieur force ces hommes à sortir en brisant leurs chaines, ce qui bouleverse leurs croyances antérieures. A travers cette allégorie de la caverne, on voit que l’autorité peut être exercée violemment afin d’accéder à la vérité. Par l’autorité se met donc en place une hiérarchie où il y a un dominant et un dominé. L’accession à la vérité peut donc être une contrainte puisque que l’on se soumet à des autorités intellectuelles qui pensent à notre place.
Par ailleurs, certaines vérités ne peuvent pas se refuser et nous devons les admettre. En mathématique, la notion d’axiome désigne des énoncés qui ne peuvent avoir aucune valeur de vérité, ils ne sont ni vrai ni faux. Donc la véracité de certaines propositions est basée sur des principes non démontrables, mais ce qui va naitre de leur utilisation n’est pas faux, ce sont les définitions que l’on associera qui donneront une valeur de vérité. Par exemple, dans la géométrie euclidienne, si l’on conserve l’axiome des parallèles où pour toute droite, par un point séparé de cette droite ne passe qu’une seule droite non sécante, la somme des angles d’un triangle fera toujours 180 degrés. Nous sommes obligé de nous rendre à l’évidence. Cette expression même suggère qu’il s’agit d’une contrainte, les évidences mathématiques nous dominent.
Finalement, on constate que pour agir librement, nous avons besoin de jouer avec le réel. Notre imagination est libératrice, que ce soit celle des auteurs, des romanciers ou bien le notre. Un adulte se fait très fréquemment une image positive pour se projeter dans le futur car la vérité peut blesser et empêcher d’agir. Or la liberté est le fait d’agir comme nous le souhaitons, d’où la nécessité des illusions. De la même manière, un enfant vit généralement dans le monde des illusions du par ce qu’on lui raconte. Il a besoin de s’inventer des images positives du réel pour se sentir en sécurité dans le noir par exemple. Donc l’imagination est libératrice car le mensonge positif permet de jouer avec le réel.
Cependant, il ne faut pas donner aux notions d’autorité et de contrainte qu’une dimension négative. La liberté n’est pas une absence totale de contraintes, mais peut être plutôt une forme d’obligation.
La vérité ne se place peut être pas du coté de la contrainte, physique et extérieure, mais plutôt de celui de l’obligation morale puisque que nous pouvons nous obliger nous même à chercher la vérité en étant autonome et libre. Or l’obligation ne s’oppose pas à la liberté puisque la liberté authentique est de se donner des obligations que nous choisissons.
Nous pouvons poser un aspect plus positif des contraintes. En effet est-il possible d’imaginer des mathématiques dont la vérité n’est pas contraignante? Si cette pédagogie ne posait pas de bases auxquels nous devons nous soumettre alors notre réflexion n’aurait pas de cadre à respecter et les erreurs ne pourraient pas être évitées. De même, les vérités de fait et de raison doivent impérativement être respectées dans des manuels d’histoire. Ainsi l’attestation d’un évènement et son élaboration par la réflexion permettent de distinguer le contenu d’un livre d’histoire de celui d’une légende.
Nous voyons donc que certaines certitudes sont contraignantes car nous devons nous y soumettre mais elles permettent de nous libérer de toutes formes de l’inexact et du faux.
Néanmoins il est aussi possible d’échapper à la contrainte de la vérité car elle est indépendante de l’autorité.
Dans son ouvrage La Critique de la raison pure, Kant soutient qu’un homme des Lumières est celui qui sort de l’enfance en faisant usage de sa raison pour penser par lui-même. Il fait la distinction
...