La Liberté, Alembert, dans le chapitre VII de l'Essai sur les éléments de philosophie
Commentaire de texte : La Liberté, Alembert, dans le chapitre VII de l'Essai sur les éléments de philosophie. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Beatricebaybel • 17 Février 2024 • Commentaire de texte • 1 335 Mots (6 Pages) • 167 Vues
Le texte de d’Alembert, extrait du chapitre VII de son Essai sur les éléments de philosophie édité en 1759, a pour objet la Liberté. On pourrait dire que la définition la plus simple de cette notion consisterait à dire qu’être libre, c’est ne pas être empêché de faire ce que l’on veut. L’auteur pose le problème suivant : la liberté existe-t-elle ? Pour répondre à cette question, il étaye la thèse selon laquelle la liberté est un sentiment qui s’exerce par le libre-arbitre et sous certaines conditions. Il n’adopte pas une position déterministe tranchée qui consisterait à dire que la liberté n’existe pas car chaque événement est déterminé en vertu du principe de causalité et par nécessité.
L’argumentation de l’extrait proposé est structurée en 3 étapes. Dans une première partie, il appréhende la liberté comme fondatrice des valeurs morales. Dans un second temps il cherche à établir que la liberté repose avant tout sur une vérité de conscience. Enfin, il pose les conditions de l’existence de la liberté.
Dès le début de l’extrait, l’auteur introduit la notion de valeur morale, à travers le mal, pour situer la liberté. Il indique qu’en l’absence de liberté, le mal ne pourrait être que « physique ». (ligne 1). En effet, selon lui aucune valeur morale, et donc le mal moral, ne serait possible si la liberté n’existait pas (ligne 1). C’est parce qu’il est libre que l’homme peut faire le bien et le mal. Si l’homme n’était pas libre, le mal moral n’existerait pas et les actes de l’homme seraient alors déterminés. Il ne serait même pas possible dans ces conditions d’émettre un jugement moral. Selon lui, essayer de démontrer que l’existence de la liberté trouve son origine dans les valeurs morales n’est pas « dans l’ordre naturel des idées » (ligne 2). Il n’y a pas d’effets sans cause mais la morale et son jugement supposent la liberté et la possibilité de choix. Ainsi, le bien et le mal moral constituent un choix personnel, conséquence de la liberté.
Après avoir indiqué la place de la liberté par rapport aux valeurs morales, D’Alembert explique que la liberté constitue une vérité de sentiment et de conscience.
D’Alembert considère que la Liberté constitue une « vérité de sentiment » (ligne 4). Cette dernière permet à l’homme de connaître la vérité des choses spontanément. La vérité de sentiment est « de l’ordre le plus simple » (ligne 5), où l’esprit découvre par la première impression, les mêmes marques de vérité que celles qu’on développe peu à peu par une réflexion approfondie, comme celle que l’auteur qualifie de « discussion » (ligne8). L’auteur oppose la vérité de sentiment et la vérité de discussion (ligne 5). Cette dernière est plus complexe car elle découle de « notions plus combinées » (ligne 7) qui supposent une analyse poussée.
Après avoir exposé ce distinguo, il énonce catégoriquement que « la Liberté n’est qu’une vérité de sentiment » (ligne 7). La Liberté est ainsi un sentiment spontané, qui ne repose pas sur une preuve irréfutable mais qui existe autant qu’une certitude vérifiée. Son raisonnement consiste à s’en tenir à l’effet qu’elle produit.
Pour le démontrer, et « il est facile de s’en convaincre » (ligne 8) il explique que le sentiment de liberté repose sur le « sentiment de pouvoir « (ligne 10) de « faire une action contraire » ce que nous faisons au moment présent et prendre une autre direction (ligne 10-11). On a alors le pouvoir d’agir sans raisons, c’est-à-dire sans raisons extérieures à sa volonté, en se déterminant soi-même, ou contre ses raisons, ce qui signifie que les idées de l’homme ne le déterminent pas nécessairement ; sa volonté demeure souveraine. Ainsi, la possibilité de ne pas faire, selon son libre-arbitre, donne le sentiment de pouvoir à l’homme.
C’est pourquoi la liberté consiste en un pouvoir qui ne « s’exerce pas » (ligne 12) et qu’il qualifie d’« oisif » (16). L’auteur explique qu’il s’agit d’une « simple opération de notre esprit » (ligne 14 ) qui nous permet de prendre conscience de cette faculté d’agir selon notre libre arbitre, avant que l’action de se produise. Il affirme donc l’existence du libre-arbitre. Et c’est en raison de ce libre-arbitre, la liberté ne peut constituer qu’une « vérité de conscience » (ligne 18).
On peut noter que, chez les déterministes, l’idée que la conscience suffirait à constituer une preuve de la réalité de notre liberté est problématique. En effet, selon eux, la conscience, immédiate et subjective, ne nous fait nullement connaitre le vrai de façon certaine et peut être source d’illusion. La conscience de notre liberté ne serait donc qu’une illusion due à l’ignorance des causes qui nous déterminent.
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