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Emile Zola, Nana, Chapitre VII, 1880

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Par   •  18 Août 2017  •  Commentaire de texte  •  1 494 Mots (6 Pages)  •  15 214 Vues

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Emile Zola, Nana, Chapitre VII, 1880

Concernant l’auteur, Émile Zola est un très grand écrivain français du XIXème siècle. Il commence sa carrière en publiant des chroniques dans la presse en 1866. Il imagine son œuvre majeure deux ans après, intitulé les Rougon-Macquart, dont il publie le premier volume en 1870 et le dernier en 1893. Il devient chef de file des naturalistes en 1876. Le naturalisme est un mouvement littéraire et artistique qui visait à reproduire objectivement la réalité. Zola est exilé en Angleterre après avoir pris parti dans l’affaire Dreyfus avec un article qu’il écrit dont le titre est « J’accuse » et qui fut publié dans le journal l’Aurore. Concernant son œuvre majeure, Zola y raconte l’histoire naturelle et sociale d’une famille sous le Second Empire, en vingt volumes.

Cet extrait a pour objet principal Nana, tout d’abord décrit comme la Mouche d’Or dans un article de Fauchery, puis par le regard du narrateur qui se confond avec celui que Nana porte sur elle. En ce sens nous pouvons dire que ce texte se divise en deux parties, la première étant comme le compte rendu mental de l’article consacré à Nana dans le Figaro lu par son amant le comte Muffat qui est un portrait public et social d’une prostituée au XIXème siècle, et la deuxième partie étant accès sur le regard que Nana porte sur son propre corps qui est un portrait plus intime.

Il s’agira de s’interroger sur le portrait qu’est fait de Nana dans ce passage. Nous commencerons par analyser le portrait social qu’est fait de nana dans la chronique intitulée La Mouche d’Or publié dans le Figaro par Fauchery, puis nous nous attacherons à la description de Nana telle qu’elle résulte du regard que celle-ci porte sur elle-même.

  1. Un portrait public et social.

a) Le symbole du peuple

b) La Mouche d’Or

c) Une créature mythique

    II.             Une description épidermique.

             a) La femme miroir

             b) Une observation anatomique

             c) L’enfant pervertie

Tout d’abord, Nana apparaît comme le symbole du peuple à travers la métaphore de la plante « une plante plein de fumier » à la ligne 5, mais avec l’expression « les gueux et les abandonnés dont elle était le produit » ligne 5-6. Ainsi, le peuple fait une entrée remarquée dans l’univers des lettres sous la plume de Zola. Laissée de côté par une bourgeoisie commerçante qui s’enrichit et s’en vergogne, cette misère apparaît comme une fatalité comme le suggère les termes « abandonnés », « charogne » ainsi que le pronom indéfini « on ».  Cette société a deux visages qui se lisent dans l’expression « mouche d’or » à la ligne 2, oxymore qui laisse à penser que derrière le faste apparent se trouve la pourriture et le vice. Cette tension entre extérieur et intérieur se trouve dans l’antithèse « mouche couleur de soleil » à la ligne 10 mais qui s’est envolé d’ordures, « les charognes ». Il apparait avec l’expression « Paris entre ses cuisses de neige » à la ligne 8, l’image de Nana qui tient entre ses cuisses la ville et les appétits libidineux des habitants, dans une posture de divinité monstrueuse et vengeresse.

Nana est comparée à une « mouche d’or », dont le titre de l’article de Fauchery. Cette référence à la mouche à trois occurrences rappelle le souci du détail scientifique qui guide le romancier naturaliste. Cet oxymore symbolise Nana comme un personnage dont l’enveloppe est luxueuse mais le fond est pourri par le vice. En effet, ce personnage n’est qu’une enveloppe qui va être dépassée par ses pulsions. De la mouche qui devient presque surnaturelle, nous pouvons souligner les pluriels à valeur épique suggérant la propagation des vices de Nana, comme nous pouvons le voir avec les termes « sur les charognes », « le long des chemins », « les hommes », « les palais », « les fenêtres », mais également avec la longueur des phrases entre les lignes 7 et 12 qui participent à ce grossissement délétère et l’assimilation de Nana au soleil avec « force de la nature » ligne 7.

Nous pouvons assister à un dépassement de la lecture réaliste dans un grandissement épique qui métamorphose Nana en une créature mythique. De la « plante » à la « force de la nature » nous avons une gradation valorisante à la ligne 5 avec « grande, belle », qui est complétée par des pluriels à valeurs hyperboliques comme « les gueux », « les abandonnés » et des singuliers à valeur généralisante comme « le peuple », « l’aristocratie », ou encore la métonymie à la ligne 8 « Paris ». Il y a une sorte de vision métamorphosante qui évoque la luxure, et qui convoque paradoxalement dans une esthétique de contrastes la couleur blanche avec « neige » et « lait ». Nana devient alors une figure nourricière avec le terme « lait », mais ce dernier tourne et empoisonne.

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