Commentaire de texte Karl Marx

Antoine Bourrat                          Commentaire de texte                                             Groupe 3

Selon Marx, « Aucun des prétendus droits de l’homme ne s’étend au-delà de l’homme égoïste, l’homme en tant que membre de la société bourgeoise, c’est-à-dire un individu séparé de la communauté, replié sur lui-même, uniquement préoccupé de son intérêt personnel et obéissant à son arbitraire privé ». Marx montre ici que pour lui les droits de l’homme ne sont qu’une supercherie, l’homme dont parle les déclarations n’est autre que le bourgeois et les droits ne s’appliquent qu’à celui-ci.

Né à Trèves dans une famille d’origine juive convertie au protestantisme, il étudie le droit à l'Université de Bonn, puis ajoute l'histoire et la philosophie à son cursus à Berlin. Il termine ses études en 1841 et obtient un doctorat en philosophie à l'Université d'Iéna en présentant une thèse intitulée : « Différence de la philosophie de la nature chez Démocrite et Épicure ». Il se lance ensuite dans le journalisme chez la ‘’Gazette Rhénane’’. Ces revues seront finalement interdites pour leur radicalité. Marx se rend également à Paris où il devient le disciple d’Engels. Passant de la théorie à la pratique, il crée la ligue des communistes (qui sera la première organisation internationale socialise) et rédige le « Manifeste du parti communiste » qui prétendra vouloir faire souffler un vent de fraicheur sur le monde occidentale. La guerre entre la France et l'Allemagne, la Commune de Paris et son échec en 1871 marqueront un tournant important pour la classe ouvrière divisée. En 1875, lors du congrès du parti Gotha, Marx écrit une critique acerbe (Critique du plan Gotha) contre tout compromis avec la bourgeoisie sociale-démocrate. Il consacre ensuite la fin de sa vie à son œuvre phare « Le Capital » qu’il laisse inachevé et dans lequel il critique le régime économique en décrivant les contradictions du système capitaliste. Marx dénigre aussi la religion qu’il appelle « l’opium du peuple » ainsi que l’Etat. Il sera connu et reconnu pour sa conception matérialiste de l'histoire, son analyse des rouages du capitalisme et de la lutte des classes.  L’une des grandes nouveautés de sa pensée est qu’il estime que la victoire du socialisme doit passer par l’internationalisation du combat, de la lutte politique et de la solidarité internationale entre les révolutionnaires. C’est dans cette logique d’internationalisation du combat qu’il espérera que Proudhon soit son relais en France.

Après sa mort, ses idées seront reprises sous forme doctrinale. Le « marxisme » servira de fondement aux mouvements socialistes et ouvriers.

Pourquoi Marx, prometteur d’un projet libérateur et humaniste, était-il si septique à l'égard des droits de l'homme ?

Afin de répondre à cette question, il conviendra d’aborder dans un premier temps la contestation idéologique des prétendus droits de l’homme (I) pour ensuite se pencher sur sa critique de la révolution française et de l’émancipation politique (II).

1. Une contestation idéologique des prétendus droits de l’homme

Dans un premier temps, Marx parle de la distinction entre les « droits de l’homme » et les « droits du citoyen » (A). Puis il dénonce la supercherie des droits naturels prônés par la constitution (B).

1. Une distinction entre les droits de l’homme et les droits du citoyen

Tout d’abord, on remarque que Burke et Maistre ne sont pas les seuls qui ont critiqué les droits de l’homme. Marx les dénigre aussi, en commençant par rappeler que l’on distingue les « droits de l’homme » et les « droits du citoyen ». D’une part, Marx interprète cette distinction comme un glissement ontologique (entre nature et institutions) et un clivage métapolitique (égal au clivage qui oppose les individus réels à leurs communautés idéales). D’autre part, il se demande quel est donc cet « homme » qui se distingue du « citoyen ».  Il interprète cette distinction en considérant que cet « homme » n’est rien d’autre que le membre de la société bourgeoise. Marx en vient à se demander pourquoi ce membre de la société bourgeoise est appelé « homme tout court » et pourquoi ses droits sont-ils appelés droits de l’homme ? Selon Marx, cela s’explique par « le rapport de l’Etat politique à la société bourgeoise, par l’essence de l’émancipation politique ». Marx accuse aussi les droits de l’homme de fantasmer un homme universel (cette critique rappelle celle de Maistre « si un homme existe, c’est bien à mon insu »). Marx ne nie pas cet homme universel mais il explique que derrière l’homme ne se cache pas les conquêtes des hommes en général mais les conquêtes de la classe bourgeoise. Pour lui, ces prétendus droits universels promeuvent en fait les intérêts d'un type social exclusif, l'individu possessif du capitalisme. Ils seraient liés à l'idéologie bourgeoise ; dans le contexte dans lequel ils apparaissent mais aussi dans leur forme. Ces droits de l’homme ne sont rien d’autre que les droits des membres de la société bourgeoise. De ce fait, ils ne sont que les droits de l’homme égoïste, de l’homme séparé de l’homme et de la communauté, d’un homme ne cherchant qu’à satisfaire ses intérêts personnels. De plus, l’idée que l’Etat politique permet aux individus d’en devenir les sujets et les constituants n’est qu’illusoire. En fait, elle masque une société divisée par les statuts sociaux, les conditions et les intérêts personnels, l’état ne sert qu’à les perpétuer. Marx va tirer de sa lecture du texte de la Déclaration des droits ce même mécanisme de l’illusion. Les droits de l’homme qui promeuvent des valeurs, des normes et des principes qui doivent s’appliquer à tous n’est qu’une illusion car ceux-ci n’ont pas pour but d’appliquer ces principes à tous les hommes mais simplement à l’homme bourgeois.

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