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Suis-je esclave de mes désirs ?

Dissertation : Suis-je esclave de mes désirs ?. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  3 Mars 2024  •  Dissertation  •  1 728 Mots (7 Pages)  •  194 Vues

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Jules Forte, Terminale B                                                                            DM philosophie - 11/2023

Sujet : Suis-je esclave de mes désirs ?

« Ce n’est pas par la satisfaction des désirs que s’obtient la liberté, mais par la destruction du désir » affirmait Epictète dans Manuel. Ces mots semblent d’ores et déjà interroger la relation complexe entre la liberté et les désirs, entre l’aliénation et les désirs.   

Le désir est une tendance vers un objet que l’on considère comme source de satisfaction. Si le désir évoque l’idée d’un manque qui doit être comblé et qui serait un obstacle au bonheur alors il est pertinent de se demander si l’homme en cherchant à satisfaire ses désirs devient esclave de ses désirs perdant ainsi sa liberté et l’atteinte de son bonheur.  Doit-on finalement considérer que l’homme est esclave de ses désirs s’il cherche à tous les satisfaire ? Est-il condamné à agir sous l’emprise de ses désirs ou a-t-il la capacité de les choisir, de les maitriser et d’exercer pleinement sa liberté ?

Dans un premier temps sera analysé comment les désirs peuvent être des entraves à notre liberté nous rendant esclaves de nos désirs. Puis, nous tâcherons de montrer que la maitrise de nos désirs permet de nous affranchir. Enfin, nous finirons par démontrer que nos désirs peuvent être considérés comme une force qui nous permet d’avancer.

En premier lieu, la malédiction du désir rend l’homme esclave de ses désirs. Le désir est une aspiration vers un objet qui nous manque. Aussitôt satisfait le désir s’empresse de renaître. Plus le désir est satisfait, plus il renait avec force. Plus on renforce le désir, plus on renforce le manque que ce désir nous fait subir et plus le désir devient tyrannique. En effet, les addictions, telles que la drogue, l’alcool ou des jeux, englobent des désirs qui sont une entrave forte à la liberté. Lorsqu’une personne devient addicte à une drogue, elle perd le contrôle de son désir et en devient esclave. Schopenhauer indique que « le désir satisfait fait place aussitôt à un nouveau désir, le premier est une déception reconnue, le second une déception non encore reconnue ». Cette citation de Schopenhauer distingue le désir satisfait comme source de déception et le désir non satisfait comme source de déception future. Le désir est infini se déplaçant d’objet en objet. Dans Gorgias, Platon utilise l’image des tonneaux percés pour montrer que le propre du désir est de renaître sans cesse, chercher à être heureux en cumulant les plaisirs reviendrait à sans cesse remplir des tonneaux percés et la quête serait infini. C’est l’engrenage du désir qui entrave notre liberté. Dès lors le désir est souffrance et source d’alinéation.

Le désir apparait comme néfaste et dangereux qui nuit au bon ordre de l’esprit, le détournant de la raison. Aristote a décrit le désir comme un « pathos », une maladie de l’âme. L’homme subit et perd son pouvoir de contrôle face au désir. Le désir fait perdre la maitrise de nous-mêmes et s’oppose à la liberté. Dès lors obéir à ses désirs c’est perdre le pouvoir de la raison. Or l’homme ne peut être libre que par la raison. Le désir apparait donc comme la marque de servitude de l’homme. L’homme devient prisonnier du désir.

L’homme est esclave de ses désirs car ces derniers peuvent également être déterminés par la société et la culture. En effet, dans les sociétés de consommation, les désirs peuvent être influencés par des facteurs extérieurs qui cherchent à orienter les désirs de chaque individu.  Les désirs peuvent être manipulés notamment par la publicité et les réseaux sociaux. Les individus sont alors orientés dans leurs désirs et poussés à poursuivre des désirs créés par la société de consommation. Le philosophe des Lumières Jean-Jacques Rousseau, dans son œuvre "Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes", nous permet de poursuivre notre réflexion argumentative. Il avance l’idée que la société, en particulier la société moderne, peut aliéner l’homme et le rendre esclave de ses désirs. La société influence ainsi les désirs.

Les désirs sont de véritables tyrans car ils nous font perdre la raison et la volonté. En effet, le désir est non choisi. Ce que l’on choisit, c’est de le satisfaire ou non, pas de le ressentir. Par exemple, dans le cas du désir amoureux, l’homme ne choisit pas la personne qu’il va aimer. Il est également difficile d’expliquer de manière rationnelle pourquoi une personne est amoureuse d’une personne plutôt que d’une autre. Spinoza, dans son Traité politique, affirme que « Les hommes sont conduits plutôt par le désir aveugle que par la raison ». Dès lors, l’homme n’est pas libre de désirer ce qu’il veut au moment où il le veut.

        Il est donc concevable que l’individu puisse être esclave de ses désirs dans la mesure où des facteurs extérieurs orientent ses désirs. Certains désirs poussent également l’homme au vice le rendant esclave de ses désirs. Néanmoins, les esclaves peuvent être capables de s’affranchir en maitrisant leurs désirs.

Le contrôle des désirs peut permettre à l’homme d’atteindre un état de liberté. La maitrise des désirs serait un chemin vers la liberté. Epictète, dans le Manuel, nous invite à distinguer ce qui dépend de nous et ce qui n’en dépend pas. Ne dépend pas de nous ce que l’on ne peut pas changer, ce qui relève de la nécessité ou du jugement d’autrui tel que le corps, les biens, la réputation. En revanche, nos jugements, nos façons d’appréhender les évènements dépendent de nous. Ils relèvent de notre esprit et de notre volonté. Cette distinction joue un rôle essentiel dans le contrôle de nos désirs, la réduction de l’esclavage et l’atteinte d’une liberté. En effet, désirer ce qui ne dépend pas de nous est le meilleur moyen de se rendre malheureux et de faire dépendre le bonheur du caprice du hasard et abandonner ainsi le pouvoir de maitrise de tout ce qui dépend de nous. Epicure préconise par ailleurs la modération des désirs. Il considère qu’il existe différentes sortes de désirs. Epicure distingue les désirs naturels et nécessaires, appelés les besoins vitaux et physiologiques tels que manger, dormir. Si on ne les satisfait pas, on meurt. On doit donc les satisfaire et nous ne sommes pas libres de nous affranchir de ces besoins. Les besoins naturels et non nécessaires peuvent être satisfaits mais avec modération, prudence et équilibre. La notion de modération est cruciale. Par exemple, l’addiction est une conséquence de la satisfaction immodérée des désirs. L’homme perd alors le contrôle de ses désirs. Les désirs non naturels et non nécessaires, comme les désirs de gloire ou de richesse, doivent être bannis car sont incapables de nous rendre heureu. Si l’homme est dans une course effrénée des désirs, l’homme se condamne. Dès lors pour ne pas être esclave de ses désirs, seuls certains désirs peuvent être satisfaits. Cela implique une simplification de la vie en renonçant à tout ce qui est vain et superflu. La recherche de la simplification de la vie pourrait aider l’homme à s’affranchir de ses désirs.

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