La parole pet-elle être un instrument de domination ?

La façon dont nous nous exprimons est un marqueur social. Notre accent renseigne

sur notre origine géographique, les expressions que nous utilisons sur notre âge ou sur le

niveau de notre culture, de notre scolarisation. Lors de l’accès à un emploi, l’entretien

d’embauche est autant nécessaire que redouté. En effet, parler implique de déployer un

certain nombre de compétences : identifier son public, savoir quel est le but de cette parole :

enseigner (transmettre un savoir), informer, persuader (faire adhérer autrui à mon opinion),

débattre, etc. .. Le but et le public visé déterminent l’usage que je vais faire de la parole.

Or, certains d’entre nous sont timides et ont beaucoup de mal à prendre la parole en

public, produisant des discours inaudibles, bredouillant, begayant (cf le film Le discours

d’un Roi) quand d’autres n’ont pas eu suffisamment d’éducation et produisent ainsi des

discours qui manquent leur cible : parler verlan à un entretien d’embauche pour postuler à

un emploi d’accueil du public, par exemple. Ainsi le timide est-il souvent impressionné par

quelqu’un qui parle haut et fort, et le banlieusard trahit-il l’origine modeste dont il est issu

par sa façon de parler. Enfin, la mauvaise maîtrise des subtilités du vocabulaire peut

produire des malentendus, des contre-sens voire des conflits.

Ainsi voyons-nous que l’usage de la langue dépasse de toutes parts l’intention

particulière de communication et qu’il ne suffit pas de parler pour se faire comprendre.

A l’inverse, l’orateur, celui qui produit des discours avec aisance, est acclamé et

reconnu socialement. N’est-ce pas justement parce qu’on lui reconnaît la maîtrise d’un

pouvoir indispensable, celui de bien parler ?

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