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La morale a-t-elle une histoire ?

Fiche de lecture : La morale a-t-elle une histoire ?. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  14 Novembre 2024  •  Fiche de lecture  •  1 338 Mots (6 Pages)  •  21 Vues

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                        Synthèse – La morale a-t-elle une histoire ?

 Problématique :  La morale désigne un ensemble de principes réputés immuables parce que déposés dans la nature humaine, de telle sorte que leur universalité se voit garantie. Ces principes éclairent notre action dans la mesure où ils permettent de séparer le bien du mal.  Or, si la morale est naturelle, comment pourrait-elle avoir une histoire, comment pourrait-elle se construire dans le temps et épouser l’évolution des sociétés ? Au-delà, qu’adviendrait-il si chaque société pouvait revendiquer la légitimité de son système de valeurs sans que personne ne puisse en référer à des principes supérieurs ?

I – Une morale anhistorique

1 - Nous avons besoin d’une morale anhistorique pour comprendre qu’il y ait consensus sur des principes au-delà des différences de culture et de l’évolution des systèmes de valeurs au fil du temps. LA morale doit être pensée comme immuable alors que LES valeurs fluctuent selon l’appréciation que chaque société effectue de ce qui importe pour elle.

Le mot valeur désigne lui-même l’évaluation à laquelle on se livre pour soupeser les choses et les hiérarchiser en fonction de leur importance pour nous. La valeur est donc subjective et changeante.

Le mot principe désigne le fondement de quelque chose. Il est essentiel à une réalité puisqu’elle ne pourrait voir le jour sans lui. Il en est la cause première. Le fondement est donc objectif et indépendant de l’appréciation humaine.

2 – Pour que des valeurs universelles et objectives puissent découler de la morale, il faut la penser naturelle car seule la nature humaine ne change pas. Les sociétés évoluent, se développent, s’organisent autour de croyances différentes. Mais l’humanité, elle, persiste.

  • Kant Critique de la raison pratique : l’impératif catégorique définit le partage bien/mal car il structure la raison de manière innée. On peut en faire une mauvaise lecture à cause des valeurs sociales qui sont les nôtres mais si on laisse de côté les « penchants affectifs », on tombe d’accord sur les grands principes moraux.

3 – Pour éviter les jugements erratiques qui se leurrent sur le contenu de la morale, mieux vaut penser la morale comme siégeant dans quelque chose d’impulsif, qui ne requiert aucune réflexion et qui, là encore, serait inscrit dans la nature humaine.

  • Rousseau Discours sur l’origine des inégalités parmi les hommes :  la pitié est placée par Dieu en l’homme et dans toutes les créatures afin de garantir la pérennité de l’espèce. Elle me porte au secours des autres lorsqu’ils sont menacés car je m’identifie à eux.

Transition : L’examen attentif des principes moraux montre qu’ils reflètent, en réalité, les préoccupations d’une époque spécifique et qu’ils sont plus sans doute construits qu’innés.

II – La morale, une construction sociale et donc historique

1 – Derrière l’analyse logique qui permettrait de saisir les principes de l’impératif catégorique se cache le choix subjectif de construire sciemment un système philosophique qui donne l’impression que les valeurs sociales d’une époque découleraient d’une mécanique objective implacable.

  • Jonas Le principe responsabilité :   montre que les principes kantiens, loin d’être objectifs et immuables, sont le reflet des valeurs autour desquelles se définit la société contemporaine de Kant. De fait, seul l’humain est respectable car sa conscience lui permet d’être libre. Et la morale est ancrée dans le présent sans souci des générations à venir.

2 – En fait, la morale a une genèse (une histoire qui se déroule en plusieurs étapes) même si elle est présentée comme immuable (fixe dans le temps) et transcendante (qui dépasse l’homme et échappe à son emprise). Pourquoi donc cacher le fait qu’elle est construite par la société et qu’elle épouse l’évolution de ses valeurs ? Parce que c’est un outil de pouvoir qui ne dit pas son nom.

  • Nietzsche La généalogie de la morale : la morale est un outil dont les êtres faibles se sont dotés pour culpabiliser les êtres sans scrupules et limiter leur impact sur les autres. Les valeurs morales ont pour fonction de brider les individus et de les dominer. Et elles y parviennent d’autant mieux qu’elles prétendent être transcendantes et intouchables.

3 – La morale s’apparente donc à une éthique qui a réussi à s’imposer de manière large. D’un système de valeurs personnel, on est passé à une morale collective et ce, parce que l’éthique a pu étendre son influence grâce au droit.

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