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Doit-on cesser de manger de la viande?

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Par   •  27 Février 2024  •  Dissertation  •  2 883 Mots (12 Pages)  •  183 Vues

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 HLP:Question de réflexion

Devons nous cesser de manger de la viande ?

                 Des débuts de l'humanité jusqu'à notre actualité, nous n’avons cessé de nous nourrir de viande. Elle se trouve dans tous nos repas, des plats les plus simples au mets les plus raffinés : elle est omniprésente, et constitue une part importante de nos coutumes culinaires. Ainsi ce régime alimentaire carnivore est finalement devenu un acquis social et culturel qui n’a pas quitté les traditions (du moins occidentales), et qui continue d’être maintenu par des pratiques telles que la chasse ou l’élevage intensif . Que ce soit pour ses bienfaits nutritifs (notamment l’apport en protéines qu’elle permet), par appréciation gustative ou bien simplement parce que nous sommes habitués à faire de la sorte, nous consommons assez régulièrement de la viande sans poser de réflexion particulière sur ce qu’il se trouve dans nos assiettes. Cependant, cet usage est, depuis plusieurs dizaines d’années, fortement remis en cause, jugé comme superflu et critiqué pour l’importance/les conséquences de ses divers et désastreux impacts. La souffrance animale, les risques écologiques humains…Nombreux sont ceux qui soulignent les aspects négatifs de la viande et la nécessité de réduire la consommation de cette dernière dans notre quotidien. Ce qui paraissait jusqu’alors une évidence dans notre régime,dans notre mode de vie, nous parvient progressivement comme une interrogation plus vaste de nos mœurs et des engrenages qui y sont associés. Du latin vivenda devenu en latin tardif vivanda, forme adjective neutre du verbe vivere (« vivre ») signifiant « ce qui sert à la vie », le mot “viande” s'applique originellement à toute sorte de nourriture. Mais il s’est spécialisé progressivement pour ne plus désigner aujourd'hui que des nourritures carnées, c'est-à-dire de chairs animales. Simplement par sa littéralité et son changement de sens au cours du temps, nous pouvons remarquer à quel point la viande a bouleversé notre société, et n’a laissé ni son environnement ni son vocabulaire indemne. Sa trace dans de nombreux aspects de notre vie, de notre histoire et de nos croyances est indéniable, mais en vue des positions prises vis-à-vis de son usage  ces dernières années, nous sommes désormais en mesure de poser une réflexion, un questionnement sur notre propre consommation. Devons-nous cesser de manger de la viande? Dans un premier temps, nous aborderons les raisons pour lesquelles elle nous est, moralement, physiquement, et socialement nécessaire. Puis, nous évoquerons, en opposition à ce premier raisonnement, les impacts désastreux qu’elle peut produire, à la fois pour nous directement et notre environnement, mais aussi et évidemment pour les animaux.

            Tout d’abord, d’un point de vue scientifique, c’est à dire tout à fait objectif puisque basé sur des faits étudiés, il est nécessaire de consommer régulièrement des protéines pour être en bonne santé. Les besoins d'une personne sédentaire sont d'environ 0,8 g de protéines par kilo de poids et par jour. Cette molécule se trouve dans la chair animale, mais aussi dans les légumineuses et céréales, bien qu’elle soit plus abondante dans la viande rouge. Depuis la préhistoire, notre alimentation a changé ( différents facteurs en sont responsables, tels que les progrès des industries agro alimentaires, des élevages, de la médecine et de la science en général), mais nous avons toujours besoin de cet apport nutritif, que l’on trouvait avant dans des petits gibiers et mangeait cru. Puis au fur et à mesure du temps et de notre évolution, nous avons développé des techniques de chasse, et le feu, permettant une nette amélioration de notre nutrition. Avec cette perfectisation, se nourrir n’est pas resté un simple besoin vital, mais est devenu une activité en soi, l’art de la cuisine. Ce dernier a marqué notre monde et a permis une réelle diversification des cultures et des traditions. L’Homme s’est ensuite intéressé à ces pratiques afin de produire des mets variés, goutus, uniques. Il s’agit même d’une certaine forme d'hubris, où nous entrons dans une démesure culinaire (ex de grands restaurants étoilés désireux d’aller toujours plus loin, d’expérimenter toujours plus).Ce désir d'accroître, que ce soit nos connaissances, nos capacités ou bien notre monde et la/ les visions que nous avons de celui ci est purement humain.

          En effet, selon le philosophe allemand Martin Heidegger, nous avons une fâcheuse tendance à tout sonder de façon extensive. Ce qui nous pousse à nous intéresser à l’inconnu et découvrir de nouvelles choses, capacité que les animaux n’ont pas, et qui nous rendrait supérieurs à eux. Cette supériorité, cette différence est semblable à la barrière du langage: nous n’avons pas l’impression de faire partie du même environnement que les animaux parce qu’ils ne se représentent pas le monde de la même façon(donc dans un sens, ne vivent pas dans le nôtre), ne cherchent pas à s’intéresser aux sujets qui nous passionnent. Ils sont dénués d'intérêts, leur monde paraît donc infiniment plus limité que le nôtre. Cela nous permet de prendre une distance concrète avec l’animal, et ainsi le tuer et le manger sans ressentir de regrets quelconque. La différence nous fait basculer dans l’indifférence, et nous autorise à manger de la viande. Il n’est plus semblable à l’humain; désensibilisé, pauvre de tout: puisqu’il ne voit pas le monde de notre manière, il est inintéressant, contraire à ce que l’on représente et l’on est.

            Et dans ce cas, pourquoi devrions nous nous empêcher de nous en nourrir? S’ils ne nous apportent rien ou très peu intellectuellement, alors ils peuvent encore servir nos intérêts physiologiques, nous alimenter. Le fait d’être si différents des animaux, de ne pas pouvoir communiquer avec eux par exemple, nous pousse à creuser un fossé dans nos rapports: nous ne pouvons pas nous identifier à eux mais plutôt à des êtres de notre  propre espèce, comme le dit Rousseau dans la première partie de son Discours sur l’inégalité. Cette identification qui nous permettrait la pitié est rendue impossible, surtout qu’elle dépend de nombreux facteurs. Premièrement, la capacité à ressentir de la pitié est fluctuante: elle varie en fonction de chacun, n’a pas de limites fixes et logiques, n’est basée que sur notre propre morale, notre éducation, notre vécu( et d’autres facteurs sociaux, et psychologiques)... Ensuite, comment pouvons- nous ressentir la moindre émotion pour ce qu’il y a dans notre assiette? La viande n’est plus l’animal, elle est métamorphosée. Son aspect (steak, pané, rôti…) dépend de la manière dont on le cuisine, mais il s’éloigne souvent drastiquement de l’être vivant qu’il fu​t, au profit d’une forme ronde, triangulaire ou bien de petits dinosaures (ex des nuggets industrielles, enfantines, aux formes amusantes). Elle devient alors ce que chacun veut qu’elle soit, et le ruminant dont elle provient n’est en rien notre priorité.

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