Bergson, La pensée et le mouvant
Commentaire d'oeuvre : Bergson, La pensée et le mouvant. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar frnacknabab • 26 Février 2023 • Commentaire d'oeuvre • 1 978 Mots (8 Pages) • 402 Vues
Correction – Explication de texte - Bergson, La pensée et le mouvant
[Thème] Dans cet extrait de La pensée et le mouvant, Bergson analyse ce que l'art nous apporte réellement. [Problème] En effet, pourquoi les hommes produisent-ils et contemplent-ils des œuvres d'art alors que celles-ci, à première vue, ne leur permettent en rien de répondre à leurs besoins quotidiens ? Toutefois si l'art, contrairement à la technique, n'a aucune valeur utilitaire est-il pour autant inutile ? Davantage, n'est-ce pas justement parce que l'activité artistique est désintéressée et donc non-utilitaire, que la contemplation des œuvres nous permet de nous libérer de la logique imposée par la technique ? [Thèse] D'après Bergson, l'art est un « révélateur », il nous permet de lever le voile qui cache la réalité et qui nous empêche de la considérer pour ce qu'elle est. La contemplation des œuvres d'art permet en effet à l'homme de prendre conscience de nuances de la réalité qu'il ne peut pas percevoir au quotidien tant il est préoccupé par la satisfaction de ses besoins. L'homme qui agit ne distingue que ce qui lui est utile, il ne perçoit que ce qui l’intéresse, c’est-à-dire ce qui a un intérêt pratique pour lui et par conséquent les éléments de la réalité qui n'ont aucune valeur utilitaire demeurent invisible. L'art, en nous invitant à la contemplation des choses pour elles-mêmes, et non pour la satisfaction de nos besoins, nous permet d'adopter une attitude désintéressée et de nous libérer de la logique utilitaire.
[Schéma argumentatif]. L'auteur justifie sa thèse en deux étapes. Dans un premier temps (ligne 1 à 8), il présente l'objectif et le rôle de l'art. Paradoxalement, si l'art n'est pas de finalité utilitaire contrairement à la technique, il possède cependant une utilité essentielle pour l'existence humaine. L'art agit comme une révélation puisque grâce à lui les individus apprennent à percevoir distinctement ce qu'ils ressentent implicitement au quotidien. Puis dans un second temps (ligne 7 à 15), l'auteur présente les conditions de possibilité d'une telle révélation en analysant plus particulièrement la spécificité des artistes. Ceux-ci ne possèdent pas un don particulier mais en adoptant une attitude désintéressée ils parviennent à percevoir la réalité pour ce qu'elle est et non pour ce qu'elle peut nous apporter.
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L'auteur commence son argumentation en interrogeant le but de l'art. Si l'art n'a aucune fonction utilitaire, peut-on dire pour autant qu'il est inutile ? D'après Bergson, paradoxalement, si l'art est en effet une activité autotélique qui ne vise qu’elle-même en invitant à la contemplation, celle-ci a bien un rôle essentiel. L'art « vise » quelque chose, il a donc une fonction précise. Certes, cette fonction n'est pas utilitaire puisque la contemplation des œuvres ne nous permet pas de répondre à nos besoins vitaux, mais elle est cependant essentielle pour répondre à nos besoins existentiels, la compréhension du monde et de soi-même. L'art nous montre ce que nous ne voyons pas immédiatement, il nous permet donc mieux percevoir la réalité, davantage il est une médiation nécessaire à notre pleine perception du monde. D'après Bergson, l'objet de l'art est double, les œuvres nous invitent à considérer ce qui est « dans la nature et dans l'esprit, hors de nous et en nous ». L'artiste n'invente donc pas des chimères entièrement fictives qui n'ont aucun rapport avec notre monde, par ses œuvres il convie au contraire le spectateur à mieux considérer ce qui existe autour de lui, la nature comprise comme environnement ou plus globalement comme milieu biologique, social et culturel, et ce qui existe en lui, sa vie psychique, spirituelle et émotionnelle. Mais si l'artiste ne nous montre rien de radicalement nouveau, pourquoi aurions-nous besoin de la médiation de ses œuvres pour percevoir la réalité ? D'après l'auteur, même si grâce à nos cinq sens nous observons bien certains phénomènes en dehors de nous et même si grâce à notre conscience capable de retour sur soi réflexif nous observons certains phénomènes en nous, nous ne les percevons pas « explicitement ». Notre observation est passive, limitée et donc inachevée. Certains éléments de la vie « en dehors de nous et en nous », ne nous « frappent pas explicitement », ils ne s'imposent pas d'eux-mêmes et ne se donnent pas avoir spontanément mais ils exigent un effort de distinction de la part du sujet. L'homme voit le monde à l'aide de ses sens ou ressent des émotions à l'aide de sa conscience, mais ses impressions restent confuses, il n'en a pas pleinement conscience, c'est-à-dire qu'il ne sait pas adéquatement ce qu'il observe. L'art est donc une médiation précieuse puisqu'il nous présente explicitement ce qui ne s'impose pas immédiatement avec évidence. Par conséquent, l'art a un but précis qui est de permettre au sujet de percevoir activement et distinctement ce que seul il ne peut voir que passivement et donc inadéquatement.
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