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Les cimetières fortifiés en Alsace XV-XVIe siècle

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Par   •  21 Octobre 2023  •  Synthèse  •  3 250 Mots (13 Pages)  •  266 Vues

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HEYM Louis

N° étudiant : 22109966

Devoir d’histoire régional

Les cimetières fortifiés en Alsace XV-XVIe siècle

[pic 1]

             

            [Photographie du cimetière fortifié de Hartmannswiller, 2017]

Elisabeth Clementz                                                                                                                    

Bibliographie

  • Châtelet 2015 : CHÂTELET (M.), L’habitat rural en Alsace aux XIe et XIIe siècles, in : POTTECHER (M.), SCHWIEN (J.-J.), MEYER (J.-P.), FREUNDLEHMANN (A.), L’Alsace au cœur du Moyen Âge, de Strasbourg au Rhin Supérieur, XIe /XIIe siècl

  • Metz 1986 : METZ (B.), Villages fortifiés, Encyclopédie de l’Alsace, 6, 1986, p. 7620-7621.
  • Metz 2008 : METZ (B.), Trois cimetières fortifiés à Molsheim et environs, Annuaire de la Société d’Histoire et d’Archéologie de Molsheim et Environs, 2008, p. 75-88.
  • Jacky Koch, « Châtenois - Cimetière fortifié » [notice archéologique], ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Grand Est, mis en ligne le 01 mars 2002, consulté le 01 décembre 2022. URL : http://journals.openedition.org/adlfi/11094

  • Dottori 2017 : DOTTORI (B.), Un cimetière refuge à Wege (village disparu, commune de Mutzig, Bas-Rhin), Annuaire de la Société d’Histoire et d’Archéologie de Molsheim et Environs, 2017, p. 45-50.

Plan

  1. Etats des lieux du cimetière fortifié en Alsace
  1. le cimetière refuge: définition et origines
  2. Nombre, répartition et catégorisation
  3. Topographie du cimetière fortifié : le cas de Dossenheim/Zinsel

  1. Un ultime refuge pour les villageois: une garantie d’autonomie?
  1. Capacités défensives réelles et inventaire de l’armement
  2. Le cimetière fortifié dans le village fortifié
  3. tenir tête à une armée régulière : le cas de l’invasion des Armagnacs (1444)

Introduction

  En Alsace, non loin des innombrables châteaux forts et villes fortes, de nombreux cimetières ou églises avaient été aménagés comme autant de refuges organisés défensivement : ils sont aujourd’hui connus sous la dénomination de cimetières fortifiés. Destiné aux villageois, ces retranchements semblent plus particulièrement localisés dans des villages dont la taille ou plutôt la richesse réduite ne permettaient pas d’édifier une enceinte urbaine complète, à l’aune de ce que l’on peut souvent observer dans la région. À une époque marquée par les conflits, les rapines et le brigandage, car on ne saurait attribuer à ces enceintes un rôle militaire, seulement d’abri, organisés sous une forme très fruste, ils peuvent prendre une forme très élaborée à l’exemple du cimetière fortifié de Hartmannswiller [fig 3] ou celui de Châtenois [fig 9]. Ce type de refuge fortifié apparaît au XIIe siècle et son usage perdure jusque dans la première moitié du XVIIe siècle marqué par la guerre de Trente Ans[1].  Plus ou moins aménagé, le cimetière fortifié prend astucieusement avantage d’une enceinte commune déjà existante avec ses murs de pierre, au centre duquel l’église est investie tel un fortin, transformé en poste de guet ou de tir.

  Le corpus de document est composé de quatre extraits de textes, tous conservés aux archives municipales de Strasbourg (sigle AMS) , dont la datation est comprise entre  1439 et 1513. Ces documents ont le trait commun d’avoir été produits par des autorités de la ville libre de Strasbourg et/ou conjointement avec des nobles alsaciens, afin de relayer et se prévenir de pillages accablant la région. Parmi eux, trois mentionnent explicitement le cas du cimetière fortifié comme refuge pour les habitants ruraux isolés, entre autres celui de la localité de Dossenheim/Zinsel [fig 4] (comprise dans un des bailliages ruraux de Strasbourg) qui fut l’objet d’un siège en 1444. Le premier est un serment collégial daté de l’an 1446 auquel participe le noble Johan Block attestant les ravages matériels et humains des Armagnacs dans la région deux ans auparavant. Le second est une lettre du bailli de Herrenstein de 1439, adressé à la ville de Strasbourg, les informant que les Armagnacs assiègent le cimetière fortifié de Dossenheim/Zinsel. Les deux documents restants sont tous deux des inventaire de l’armement conservé en ce même cimetière, de 1449 et 1513 respectivement, où l'on observe une évolution .

  Quels rôles occupent le cimetière fortifié dans l’ensemble/le spectre des efforts déployés en Alsace pour se prémunir des pillages et invasions ?

  Dans un premier temps nous dresserons un état des lieux du cimetière fortifié en Alsace et son ascendance, avant de nous pencher sur le retour du cimetière fortifié comme un ultime refuge et s’il s’inscrit dans une autonomie communale.

I. Etats des lieux du cimetière fortifié en Alsace

  1. le cimetière refuge: définition et origines

   En Alsace, le mouvement de la Paix de Dieu, qui renforce, aux XIe et XIIe siècles l’immunité des enclos ecclésiaux, a conféré à ceux-ci, outre leur fonction sépulcrale, un caractère spécifique[2]: celui de servir de lieu de refuge aux populations villageoises. La tentation de transformer cette clôture symbolique en enceinte fortifiée paraît avoir été forte dès le début du XIe siècle.[3] Les “cimetières-refuges”, permettent ainsi aux habitants de se protéger, mais également de mettre leurs biens à l’abri en cas de danger, dans des endroits spécifiques, que l’on retrouve dans les textes sous le nom de « celliers » (cellaria = latin ; gaden = allemand). Appelés Gaden outre-Rhin, ces “celliers” abritent en permanence ce que les villageois détiennent de plus précieux : vin, grain, textiles etc. Chaque ferme de village en possède un et ils forment généralement une rangée continue adossée à l’enceinte du cimetière. Ce dispositif a un caractère de refuge, mais pas forcément de fortification active. Il se retrouve entouré d’une enceinte maçonnée, disposant dans certains cas de tours de flanquement, d’un chemin de ronde, de bouches à feu, et divers armes à projectiles. Le mur peut être précédé d’un fossé, parfois conservé. L’accès à l’intérieur du cimetière se fait par une porte, pouvant être dotée d’un pont-levis tel que sur le site de Hartmannswiller [fig 1]. Les clochers, poste d’observation privilégié, jouent un rôle essentiel comme tour de guet. Sous une forme plus élaborée, ils se transforment parfois en une sorte de donjon et sont quelquefois munis de meurtrières, essentiellement des archères. Qu’il soit simple refuge ou véritablement fortifié, le cimetière devient un véritable quartier d’habitation au sein du village , où à défaut une basse cour.

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