Histoire des minorités et immigration en France

HISTOIRE DES MINORITÉS ET IMMIGRATION EN FRANCE (XIX°-XX° SIECLE) - SÉANCE 1

INTRODUCTION GÉNÉRALE

. Les enjeux d’un sujet :

Le sujet de l’immigration est un sujet houleux car on ne parvient pas à en faire un objet d’étude dépassionné. C’est toujours une question particulière, une question grave. Quoiqu’il se passe et d’où que l’on parle, on est toujours marqué par des images, des stéréotypes et des préjugés, altérant une approche scientifique, objective du sujet.

L’immigration c’est l’Autre, l’étranger, et cette altérité, qu’on l’accepte ou qu’on la rejette, nous contraint à nous demander ce que l’on est nous-même. C’est donc un enjeu capital car il traite de questions d’identité, des questions très délicates qui reflètent ce que l’on est soi-même et qui interrogent les sensibilités propres et l’intimité.

C’est aussi un sujet qui traite les représentations, qui dépendent parfois d’idéologies.

• « Immigré » par exemple, est un mot plein de connotations. Selon sa définition, l’immigré est un individu qui n’est pas né dans le pays mais qui peut en avoir la nationalité. C’est une construction statistique.
• Un « étranger » est une personne qui n’a pas la nationalité du pays dans lequel il vit, c’est donc une notion juridique.  

• Jean-Noël Jeanneney : « une idée fausse est un fait vrai » > les erreurs sont utiles à l’historien.ne.

Si la France n’est pas un pays d’immigrés comme les États-Unis, c’est un pays de très ancienne migration. C’est en 1986, à la fin de sa vie, que Fernand Braudel, historien de l’École des Annales, publie l’ouvrage L’identité de la France dans lequel il dit : « la France se nomme diversité ».

• Paul Valéry : « le présent c’est ce qui ne s’est jamais présenté ».

1. HISTORIOGRAPHIE : L’IMMIGRATION, UN OBJET D’« HISTOIRE TOTALE »

C’est le géographe Georges Mauco qui, en 1931 et pour la première fois, consacre sa thèse au sujet de l’immigration. Le premier historien à traiter le sujet de l’immigration est Jean-Charles Bonnet en 1970.

L’histoire de l’immigration émerge dans les années 80 alors que l’extrême-droite et son discours raciste progresse. Ainsi, les historiens se sont d’abord intéressés à l’immigration pour répondre à des questions sociales. On trouve trois écoles historiques, trois voies d’entrée.

1. L’histoire des relations internationales

Ce sont les historiens des relations internationales, comme Pierre Milza, qui se sont d’abord saisis du sujet de l’immigration.

En 1978, Pierre Milza soutient sa thèse d’histoire des relations internationales Français et Italiens à la fin du XIX° siècle sous la direction de Jean-Baptiste Duroselle.

1. L’histoire sociale

L’histoire sociale, souvent très marquée par des historiens et historiennes de gauche voire d’extrême-gauche, est une histoire par le bas, qui traite surtout les mouvements sociaux et le travail.

En 1973, Michelle Perrot publie Les ouvriers en grève (1871-1890) tandis qu’en 1977, Yves Lequin publie sa thèse Les ouvriers de la région lyonnaise (1978-1914).

Ensuite, Gérard Noiriel publie sa thèse en 1984, Longwy – Immigrés et prolétaires (1880-1980), puis Nancy Green publie sa thèse Les travailleurs immigrés juifs à la Belle Époque en 1985, ou encore Janine Ponty qui publie sa thèse Polonais méconnus – histoire des travailleurs immigrés en France dans l’entre-deux-guerres en 1990 sous la direction de Jean-Baptiste Duroselle.

1. L’histoire à dominante politique

Ralph Schor, grande figure de l’histoire à dominante politique (aujourd’hui très en vogue), soutient sa thèse L’opinion française et les étrangers (1919-1939) en 1980.

1. Exemples de synthèses

. 1988, Gérard Noiriel : Le creuset français – Histoire de l’immigration (XIX°-XX° siècle) > intéressant à lire dans le cadre du cours mais assez exigeant.

. 1996 : pour la première fois, l’immigration fait son entrée dans les publications universitaires avec Histoire de l’immigration en France de la fin du XIX° siècle à nos jours de Ralph Schor > très intéressant à lire dans le cadre du cours.

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