Etude de cas "La mémoire du génocide en France depuis 1945"
Étude de cas : Etude de cas "La mémoire du génocide en France depuis 1945". Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Marion Flg • 11 Avril 2018 • Étude de cas • 1 462 Mots (6 Pages) • 673 Vues
ETUDE CRITIQUE D'UN DOCUMENT D'HISTOIRE
Sujet : « La mémoire du génocide en France depuis 1945 »
Ce document qui se prénomme « La responsabilité de la France dans la déportation des juifs selon François Hollande » est un extrait du discours prononcé par le président de la République, François Hollande;le 22 juillet 2012 à l'occasion du 70ième anniversaire de la Rafle du Vel d'hiv. Ce discours sert à entretenir la mémoire du génocide des juifs perpétré en France par la France depuis 1945. Le président François Hollande comme l'ancien président Jacques Chirac présente à sa manière au nom de la France un rappel des mémoires de la Shoah et la vérité sur ce que la France a fait et n'a pas empêché. En quoi cet extrait montre l'évolution de la mémoire du génocide en France depuis 1945 et le rôle joué par les historiens ? Dans un premier temps nous étudierons la reconnaissance de la responsabilité de la France dans la déportation des juifs puis dans un second temps le rôle joué par les historiens.
François Hollande affirme dès le début de sa déclaration sa volonté de « rappeler l’horreur du crime et la responsabilité de la France » (dans ce crime). Répétant à plusieurs reprises le mot « vérité », il soutient « que ce crime fut commis en France, par la France », et pas seulement par le régime de Vichy. Il insiste particulièrement sur le fait que les ordres donnés et les acteurs mobilisés pour mener l’opé- ration étaient français et que la France ce jour-là trahissait ses idéaux. Il emboîte ainsi les pas de son prédécesseur J. Chirac qui avait reconnu lui-même, le 16 juillet 1995, cette vérité en disant : « La France, patrie des Lumières et des droits de l’Homme, terre d’accueil et d’asile, la France, ce jour-là, accomplissait l’irréparable » ou de l’ex-premier ministre L. Jospin qui s’était rallié à cette position. Il reconnaît certes à F. Mitterrand le mérite d’avoir instauré la « Journée nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l’État français et d’hommage aux Justes de France », mais il rompt nettement avec lui sur la reconnaissance de la responsabilité française dans les persécutions subies par les Juifs de France durant la guerre. François Mitterrand avait refusé en effet de reconnaître la responsabilité de la France sur ce point, tout au moins de la République française, et avait préféré la rejeter entièrement sur le régime de Vichy, s’inscrivant dans une tradition allant de la Résistance au général de Gaulle - celui de 1944 ou de 1958 - qui a toujours refusé d’assimiler Vichy à la France, considérant que l’État français n’avait été qu’une parenthèse dans notre histoire nationale et qu’il « était nul et non avenu ». Plus largement, le Président de la République entend « mener le combat contre l’oubli ». Il envisage certainement l’avenir, mais il pense aussi au passé. Longtemps, en effet, le génocide a été refoulé de la mémoire nationale. Le tribunal de Nuremberg avait reconnu au génocide le statut de crime contre l’humanité mais sans modifier immédiatement les opinions et les attitudes. Les victimes juives de la guerre n’étaient pas identifiées comme telles ou alors elles apparaissaient comme des victimes secondaires par rapport aux déportés politiques. Dénier ainsi au génocide sa singularité, revenait à relativiser le crime et évitait de s’interroger sur les responsabilités et les complicités françaises. Dans ce contexte d’après-guerre où la priorité était donnée à la restauration de la fierté et de l’unité nationales, la parole des survivants peine à s’exprimer et à se faire entendre. L’heure est au refoulement, parfois à la censure – comme cette photo d’un gendarme français gardien du camp de Pithiviers supprimée du documentaire Nuit et Brouillard d’Alain Resnais en 1956 – elle n’est pas encore au travail de mémoire : le Vel d’hiv avait été détruit dans l’indifférence générale en 1953 sans le moindre geste commémoratif. La reconstruction mémorielle du pays passait d’abord par l’exaltation de la Résistance. Il fallait réunir les Français autour des héros de la Résistance et rétablir l’honneur national en forgeant le mythe résistancialiste. À partir des années soixante-dix et quatre-vingt, la France retrouve la mémoire du génocide. Elle est prête à affronter « l’horreur du crime » et les « heures noires de (son) histoire » pour mieux « transmettre la mémoire de la Shoah ». Ce changement correspond à un nouveau contexte : le procès Eichmann en 1961 a réveillé la mémoire juive, libérant la parole des rescapés et activant, derrière S. Wiesenthal ou S. Klarsfeld, la recherche des criminels contre l’humanité. Les premières générations à n’avoir pas connu la guerre arrivent à l’âge adulte, les deux idéologies qui avaient construit la mémoire officielle de la guerre – le communisme et le gaullisme - s’estompent. Et si le président Mitterrand n’a, au cours de cette période, franchi qu’une partie de ce parcours mémoriel – oui à la commémoration du génocide mais non à la reconnaissance de la responsabilité française – c’est certainement, qu’à la différence de ses successeurs, il appartenait à la génération directement concernée par le conflit.
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