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Comment la Shoah a-t-elle été rendue possible ?

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Par   •  15 Avril 2019  •  Analyse sectorielle  •  1 511 Mots (7 Pages)  •  675 Vues

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Durant la Seconde Guerre mondiale, 5,1 à 5,8 millions de juifs d’Europe – représentant 54 à 64% de la communauté juive vivant en Europe en 1939 – ont été tués par les autorités nazies

dans le cadre d’un plan de destruction d’ensemble. Il s’agissait d’une volonté systématique de détruire

un groupe humain en fonction de son appartenance ethnique ou religieuse.

Ce crime, qualifié de génocide par le juriste Rafael Lemkin, semble difficilement concevable et compréhensible. Il fait même l’objet de discours négationnistes, tendant à nier

ou minimiser son importance, présentant parfois l’événement comme impossible. Pourtant, la « Shoah »

(terme évoquant la catastrophe en hébreu) a bel et bien eu lieu.

L’histoire doit donc chercher à savoir comment un tel événement a été rendu possible :

quelles en ont été les causes ? Quels en ont été les moyens de mise en œuvre ?

Afin de répondre à ces questions, nous montrerons dans un premier temps, que le

génocide des juifs s’explique par une radicalisation de l’antisémitisme nazi au cours du conflit de 1939-

1945 ; dans un second temps, nous expliquerons que la mise en œuvre de l’extermination a été guidée

par une volonté affirmée d’efficacité ; enfin, il faut souligner la participation active ou la passivité de

nombreux individus, groupes ou États à la réalisation du génocide.

[Première partie : une radicalisation de l’idéologie nazie] Le génocide des juifs a été rendu possible

par le passage progressif d’un antisémitisme discriminatoire à une volonté d’extermination révélée dans

le cadre de la Seconde Guerre mondiale.

Si l’antisémitisme, c’est-à-dire la haine du peuple et de la religion juive, est un phénomène ancien en

Europe, accompagné de discriminations et de violences, celui-ci connaît une transformation et une radicalisation au cours des XIXème et XXème. L’idéologie raciste triomphante permet l’assimilation des

juifs à un peuple, doté de caractéristiques biologiques spécifiques et comparé à un parasite. L’ouvrage

d’Hitler, Mein Kampf, reprend explicitement ces théories, en y ajoutant l’idée d’un complot des juifs pour

dominer le monde (dont le bolchevisme serait un aspect). Une fois parvenu au pouvoir, Hitler met assez

rapidement en place une politique de discrimination et d’exclusion des juifs d’Allemagne. Les lois de

Nuremberg (1935) leur interdisent certains emplois et les unions mixtes ; la nuit de Cristal (en novembre

1938) marque la spoliation de nombreux commerçants juifs, sous prétexte d’aryanisation. Cette politique

antisémite conduit à un exil important des juifs hors d’Allemagne, parfois en Europe, mais aussi aux

États-Unis (comme Hannah Arendt). Il faut souligner que les Tziganes subissent également des persécutions au nom de la politique raciale : internés, mis au travail de force, ils seront également victimes d’un

génocide durant le conflit mondial de 1939-1945, où périssent 220 000 des leurs (25 % de la population

tzigane présente en Europe).

À partir de la Seconde Guerre mondiale, cette politique antisémite change d’échelle, puis progressivement d’objectif. En effet, les victoires de l’Allemagne nazie dans les années 1939-1942 l’amènent à

contrôler quasiment toute l’Europe, soit de manière directe, soit sous forme d’une tutelle. Dès lors, les

populations juives vont être recensées, regroupées dans des ghettos (dès septembre 1939 en Pologne),

puis distinguées du reste de la population par le port de l’étoile jaune – obligatoire à partir de septembre

1941. L’ouverture du front oriental avec l’invasion de l’URSS en juin 1941 vient modifier les objectifs de la

persécution : tandis que les nazis envisageaient une déportation massive des juifs hors d’Europe (notamment à Madagascar), l’extermination devient alors progressivement la « solution » préconisée pour faire

face au « problème juif ». Ainsi, c’est bien le contexte tout à fait spécifique de la Seconde Guerre mondiale, elle-même caractérisée par un franchissement des seuils de violence guerrière, et de la domination nazie sur l’Europe, que s’est déroulé le génocide des juifs d’Europe.Si l’antisémitisme raciste et le contexte guerrier constituent les conditions de possibilité premières de la Shoah, la mise en œuvre de l’extermination

a elle-même été guidée par des impératifs visant à assurer sa réalisation.

Si l’intention génocidaire peut être établie à partir de l’été ou de l’automne 1941, la mise en œuvre du génocide a pris des formes différentes. Tout d’abord, il faut rappeler que la mise en ghetto s’est accompagnée de restrictions alimentaires et hygiéniques, responsables de la mort d’environ 800 000 personnes.

A partir de juin 1941, l’armée allemande qui envahit la Pologne est suivie par les Einsatzgruppen, unités

mobiles de la S.S. chargées de fusiller les populations juives d’Europe de l’Est. Ainsi, à Babi Yar, où plus

de 30 000 juifs de Kiev sont tués en septembre 1941. Au total, ce que l’on nomme la « Shoah par balles »

fait un million de victimes, depuis la mer Baltique jusqu’à la mer Noire.

Finalement, la fusillade éprouvant les soldats chargés

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