Le géographe Daniel Faucher disait de l’Europe dans les années 1960 : « l’Europe est trop grande pour être unie : mais elle est trop petite pour être divisée. Son double destin est là ». Cette citation reste-t-elle d’actualité ?

Le géographe Daniel Faucher disait de l’Europe dans les années 1960 : « l’Europe est trop grande pour être unie : mais elle est trop petite pour être divisée. Son double destin est là ». Cette citation reste-t-elle d’actualité ?

La devise européenne : « In Varietate concordia », signifiant « Union dans la diversité » rend explicite la mission que s’est donnée l’Europe. Cette locution fait référence aux valeurs communes européennes et à son patrimoine culturel. Dans ce préambule, il y est également précisé que « les peuples d'Europe, tout en restant fiers de leur identité et de leur histoire nationale, sont résolus à dépasser leurs anciennes divisions et, unis d'une manière sans cesse plus étroite, à forger leur destin commun. » Cette phrase fait en effet ressortir clairement et explicitement les deux notions d'unité et de diversité.

Ce sont ces deux notions qui émanent de la citation de Daniel Faucher : « l’Europe est trop grande pour être unie : mais elle est trop petite pour être divisée. Son double destin est là ». Cette dernière met en exergue les faiblesses mais également les forces d’une Europe pluriculturelle. Cette Europe, considérée comme le petit cap de l’Asie, ne s’étend que sur 10 millions de km2, partagée entre 27 pays. Cependant, l’Europe n’a pas toujours connu la taille qu’elle a aujourd’hui. De 1945 à 1991, le continent européen, délimité au Nord et à l’Ouest par l’Islande, à l’Est par l’Oural, et au Sud par le Caucase et la Méditerranée, est coupé en deux. Le bloc communiste de l’Est s’affronte au bloc de l’Ouest, soutenant une démocratie libérale. C’est en 1960, dans un contexte de guerre froide divisant l’Europe que Daniel Faucher s’exprime. La construction européenne n’en est qu’à ses prémices, formant, à la suite du traité de Rome en 1957, l’Europe des Six (Allemagne, Belgique, France, Italie, Luxembourg et Pays-Bas). Le continent, quant à lui, connait alors de fortes dissensions qui ne se ressouderont qu’avec la chute du rideau du fer en 1989 et l’URSS en 1991, marquant la fin de la guerre froide. Les fractures idéologiques, politiques et culturelles semblent alors se résorber. L’Union Européenne s’élargit avec l’entrée de nouveaux pays qui adoptent les valeurs européennes et c’est l’ensemble du continent qui semble converger vers le modèle occidental. Cependant, l’unité et la cohésion européenne est toujours mise à l’épreuve par la diversité des pays européens et les crises subies favorisant la montée de mouvements nationalistes et l’émergence d’un euroscepticisme.

Le continent européen, entre unions et dissensions depuis sa création, aurait-il finalement réussi à trouver une stabilité aujourd’hui ?

Dans un premier temps, nous verrons que l’Europe a su trouver une unité grâce à la faible dispersion de son territoire ce qui lui a permis de se construire sur un héritage commun (I). Cependant, l’Europe se distingue également par ses identités nationales fortes et l’important pouvoir des Etats compliquant la volonté d’une union des peuples européens (II). L’Europe a donc essayé d’instaurer une politique commune supranationale afin d’unir le continent mais ce dernier reste fragilisé par son incapacité à s’exprimer d’une voix unique sur la scène internationale (III).

1. Les fondements d’une identité européenne

L’Europe, dès la fin de la guerre froide, a retrouvé une forme d’unité dans un premier temps, sur son territoire qui n’est plus fracturé par les conflits. De facto, le continent retrouve une certaine unité culturelle (A). Cette harmonisation culturelle se voit accompagnée d’une unité dans les systèmes politiques, avec l’ambition d’une union politique (B). Enfin, nous constatons également les prémices d’une alliance économique entre les pays européens (C).

1. Depuis l’Antiquité, l’Europe s’est construite sur une culture commune et partage un héritage gréco-romain. Mais le continent s’est également imprégné de la religion chrétienne, influençant, encore aujourd’hui, les valeurs communes aux peuples européens et permettant une unité culturelle

• Héritage commun greco-romain autour de la Méditerranée
• Héritage chrétien
• Les révolutions qui ont permis un passage de l’ordre monarchique à l’ordre démocratique (ex : Révolution française)
• Révolution industrielle en Europe, au cœur des formations des sociétés modernes européennes
• Le socialisme européen, partie intégrante de la vie politique européenne et la division droite/gauche

1. A cette culture commune s’accompagne une unité des systèmes politiques avec l’instauration dans la plupart des pays européens d’une démocratie parlementaire ainsi qu’une occidentalisation des idéologies.

• Le pluralisme entre dans la vie politique européenne avec l’émergence du libéralisme
• Les libertés fondamentales et les droits de l’homme sont revendiqués (ex : Albanie, chute du régime communiste remplacé par un régime démocratique et libéralisation de la société)

1. Enfin, une économie de marché est adoptée par les pays européens, notamment par les PECO permettant de facto une cohésion économique à l’intérieur du continent.

• Libéralisation de l’économie et économie de marché + mise en place d’Etats Providences (ex : Pologne)
• Les pays créés à la suite de la chute de l’URSS, entrés dans l’UE parviennent à une convergence de l’économie et des niveaux de vie des autres pays européens
• Avec l’intégration de nouveaux Etats : création d’un vaste marché commun : 2/3 du commerce de l’UE est intracommunautaire

1. Une diversité qui met à mal la volonté d’unité européenne : restez concentré sur la citation :

Bien que l’Europe semble exister en tant qu’union grâce à ses valeurs communes, ainsi qu’à la convergence de ses politiques et de son économie, elle reste cependant très affectée par des divisions qui perdurent. Les cultures, bénéficiant d’un héritage commun, se sont progressivement différenciées au sein de l’Europe, accentuant les divisions. (A) Les accords politiques rencontrent des difficultés dans leur application dans les pays européens désireux de préserver leur indépendance nationale. Et, les disparités de croissances et de développement mettent en exergue les inégalités présentes sur le territoire et démontrent les divisions existantes. (B) Enfin, cette Europe à géométrie variable interroge sur les limites du continent et la multiplication des frontières tend à accroitre les tensions. (C)

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