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L'eujeu gazier en russie

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Par   •  27 Juin 2015  •  Dissertation  •  31 205 Mots (125 Pages)  •  965 Vues

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L’enjeu énergétique au coeur des relations entre l’Union européenne et la Russie

         

« La Russie, c’est une devinette enveloppée dans un mystère à l’intérieur d’une énigme ». Winston CHURCHILL, 1939

Illustration page précédente : le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso et le commissaire européen chargé de l’énergie Andris Pielbags (2007).

L’enjeu énergétique au cœur des relations Russie-UE

Problématique : Comment acheminer plus pm :d’énergie dans l’UE tout en assurant notre sécurité d’approvisionnement ? Sujet : Les relations énergétiques russo-européennes, vecteur de confiance ou de défiance ? Face à  l’émergence d’une diplomatie russe de l’énergie, quelle réponse adoptée au niveau européen ? Comment caractériser ces relations et quelles perspectives pour le futur ? La Russie de Poutine échange-t-elle la démocratie contre le gaz ? Comment garantir la sécurité des approvisionnements énergétiques européens?

I/ L’EUROPE FACE A SON DESTIN, VERS UNE POLITIQUE COMMUNE DE L’ENERGIE ?

a) Une dépendance accrue et inéluctable

b) Une ambition commune…

c) …mais la Russie divise

II/ LA RUSSIE POST-ELSTINIENNE, LE RETOUR A L’INDEPENDANCE ENERGETIQUE

a) « La nation de l’énergie »

b) Gazprom : la nouvelle ambassade de Russie ?

c) La reprise en main de l’Etat

III/ DE SOLIDES RELATIONS, UN AVENIR EN QUESTION

a) Une interdépendance énergétique

b) Le dialogue énergétique Russie/ UE

c) Les tensions actuelles

 

Introduction

Les pères fondateurs de l’Union européenne sont des visionnaires. Longtemps, leur pensée éclairée fut confrontée à l’hostilité d’une Europe des Nations durement touchée par le poids de la guerre. Longtemps, l’idée d’une communauté européenne ne figura que dans le rayon de quelques intellectuels idéalistes. Il fallut affronter les horreurs de la barbarie et leurs terribles conséquences pour qu’enfin des hommes s’engageassent dans la réalisation d’une Europe fraternelle. Ces hommes, nous les connaissons, mais ce que nous oublions parfois de souligner, c’est la manière par laquelle ceux-ci ont convaincu leurs partenaires politiques. C’est bien la réalisation d’un accord franco-allemand signé en 1951 qui entama l’aventure européenne. Mais cet accord, en quoi consistait-il ? Avec la CECA, six nations européennes mettaient en commun leur arsenal énergétique, le charbon et l’acier. C’est donc par un accord énergétique que l’Europe de nos aïeuls s’est formée ! Six ans plus tard, lors de la signature du traité de Rome de 1957, les Six lancent la construction politique européenne. Ils fortifient également la CECA en instituant une communauté EURATOM, une nouvelle fois la route institutionnelle passe par la voie énergétique. Alors, l’énergie, présente au cœur des débats historiques est-elle devenue un sujet central des relations européennes ? Ou au contraire a-t-elle lentement cédé la place à d’autres projets communs ? Il faut bien se rendre à l’évidence que l’Europe énergétique n’a pas suivi le chemin de sa sœur politique. Les deux éléments se sont même éloignés pendant de nombreuses années, chaque pays désirant conserver la main mise sur ce que l’on pourrait qualifier de « garde sacrée » de l’Etat nation. Mais pourquoi dès lors s’intéresser à un sujet visiblement délaissé par les couloirs bruxellois ?

Le monde a changé depuis une vingtaine d’années, les vieux équilibres du temps de la guerre froide ont volé en éclats, le temps de l’Union est redevenu crucial dans les négociations mondiales. Les grands défis du XXIe siècle l’obligent à agir, vite.

C’est la première fois en effet dans l’histoire de l’humanité que nous avons à gérer un bien public collectif, le climat, qui appartient à 6 milliards d’individus et bientôt 9 milliards avant la fin du siècle (vers 2060). C’est le défi du siècle. L’AIE avertit dans ses perspectives énergétiques 2006 : « le futur énergétique que nous sommes en train de construire n’est pas soutenable ». Nous sommes prisonniers d’un système énergétique extrêmement rigide alimenté à 36% par le pétrole, à 25% par le charbon, à 21% par le gaz naturel. Nos consommations énergétiques dépendent ainsi pour plus de 80% des trois grandes énergies fossiles, émettrices de gaz à effet de serre, et par définition non renouvelables.

La croissance de la demande d’énergie, et notamment d’électricité, est alimentée pour plus de 70% par la croissance rapide des pays non OCDE, et les trois grands pôles de consommation que sont les Etats-Unis, l’UE et l’Asie sont confrontés à une très forte croissante de leurs importations de pétrole et de gaz naturel. La demande mondiale d'énergie augmente. La demande énergétique mondiale (et les émissions de CO2) sera en 2030 de 60 % plus élevée qu'aujourd'hui. La consommation mondiale de pétrole a progressé de 20 % depuis 1994, et la demande mondiale de pétrole devrait continuer à croître de 1,6 % par an.

L’AIE estime dans son scénario de référence les investissements nécessaires sur la période 2005-2030 se montent à 20 000 milliards de dollars dont 11 300 pour l’électricité, 4300 pour le pétrole et 3900 pour le gaz naturel. Rien qu'en Europe, il faudra investir environ mille milliards d'euros au cours des vingt prochaines années pour répondre à la demande d'énergie attendue et remplacer l'infrastructure vieillissante.

 Les pères fondateurs sont incontestablement des visionnaires, l’Europe se retrouve aujourd’hui confrontée aux mêmes atermoiements que dans le passé : l’enjeu énergétique, délaissé pendant 50 ans, revient au centre des préoccupations communes.

La fragilité énergétique de l’Europe explique le renouveau diplomatique autour de ces questions. La hausse de la demande et des prix des hydrocarbures, en partie dus à l’émergence des « Nouveaux Grands », la lutte contre le changement climatique, devenu l’un des principaux sujets de préoccupation des sociétés occidentales, se combinent en Europe avec l’augmentation de la dépendance énergétique et l’ouverture des marchés de l’énergie. Ironie de l’histoire, le salut de l’Europe passe par des voies entrouvertes par le passé. Les perspectives énergétiques du vieux continent l’obligent à agir de façon concertée car il se retrouve confronté aux mêmes problèmes que les autres grandes puissances. La bataille de l’énergie a bel et bien démarré, le rééquilibrage Nord/ Sud complique encore plus la situation et oblige les Occidentaux à trouver les moyens d’action nécessaires à leurs approvisionnements sur le long terme. L’enjeu énergétique est (re-)devenu un thème majeur des conversations bruxelloises, il en est même le sujet central puisque c’est de lui que dépend le sort de 500 millions d’Européens. Outre les tensions récentes aux portes du continent sur lesquelles nous reviendrons plus loin, l’Europe se retrouve également confrontée à un déclin de sa production d’hydrocarbures, essentiellement son gaz de la Mer du Nord, ce qui place la sécurité énergétique et l’approvisionnement en gaz au centre de ses préoccupations. Il est urgent d'investir. Notre dépendance envers les importations s'accroît. Si aucune mesure n'est prise pour améliorer la compétitivité de l'énergie autochtone, les importations, pour certaines en provenance de régions instables, couvriront d'ici 20 à 30 ans environ 70 % des besoins de l'Union en énergie, contre 50 % aujourd'hui.

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