Paris au XVIIIe siècle
Commentaire de texte : Paris au XVIIIe siècle. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Léa Bouché • 8 Février 2022 • Commentaire de texte • 3 970 Mots (16 Pages) • 360 Vues
Paris au 18e siècle
« Je vais parler de Paris […], de tout ce qui m’a frappé dans cet amas bizarre de coutumes folles ou raisonnables, mais toujours changeantes. Je parlerai encore de sa grandeur illimitée […]. Il pompe, il aspire l’argent et les hommes ; il absorbe et dévore les autres villes », ce sont les mots de Louis-Sébastien Mercier, écrivain français du mouvement des Lumières, provenant de son ouvrage Tableau de Paris de 1783. En effet, au XVIIe siècle et surtout au XVIIIe siècle, Paris représente le cœur du royaume.
Ainsi, c’est grâce à trois œuvres picturales du peintre Jean-Baptiste Nicolas Raguenet, toutes des huiles sur toile : La place de Grève datant de 1750, le cabaret à l’image de Notre-Dame de 1751, la chaussée du Pont Neuf et la pompe Samaritaine de 1777, et un extrait du recueil de Lettres de Joachim Campe que l’on peut étudier la ville de Paris du XVIIIe siècle.
Le peintre Jean-Baptiste Raguenet est né en 1715. Formé à l’art par son père et au sein de l’académie de Saint-Luc, une communauté d’artistes, il a offert, aux contemporains du XVIIIe siècle et aux futures générations, l’œuvre de toute une vie : une série de toiles d’une précision presque photographique représentant des vues de Paris, la ville étant alors en pleine mutation.
Joachim Campe était, quant à lui, un écrivain et pédagogue allemand né en 1746. Il fut aumônier, puis se spécialisa dans l’éducation. Son ouvrage, Lettres, publié en 1790, relate les instants précédant la Révolution Française lorsqu’il était en voyage à Paris. Il faut préciser également qu’il est devenu citoyen français en 1792.
Tout au long du XVIIIe siècle, la ville de Paris est le centre du royaume de France, elle a été la spectatrice de bouleversements et de batailles : des dégâts causées par le système de Law, aux incessantes contestations du Parlement de Paris. Chacune des crises dont le royaume a été victime ont, presque toutes à leur façon, touchée la ville. Cependant, on lui reconnait son rayonnement politique, économique et culturel dont toute l’Europe a été témoin. Selon l’historien français, Pierre Gaxotte « Paris détrône Versailles » avec son art de vivre et l’esprit parisien, la ville devient la capitale de «l’Europe civilisée ». De plus, elle est un parfait exemple du « beau XVIIIe siècle » que ce soit en termes de démographie ou d’économie. Il ne faut pas oublier que le XVIIIe siècle est également le siècle des Lumières, ainsi, Paris est le théâtre des philosophes, des idées libérales et de tous ce qui correspond à ce courant. C’est durant ce siècle que la ville subit de nombreux changements avec l’installation des salons, des cafés… et avec l’évolution de l’urbanisme parisien.
Chacune des peintures de Jean-Baptiste Raguenet représente un point de vue particulier de la ville. La première offre un plan large de la place de Grève limitée par la Seine et bordée par de hauts bâtiments, l’effervescence y est flagrante puisqu’il s’agit de la célébration de la naissance de la fille du Dauphin. La seconde, est une représentation d’une étroite ruelle avec un cabaret sur le côté gauche et sur le droit une rangée de hautes habitations parisiennes. Enfin, la troisième illustre le Pont Neuf traversé par une foule avec des carrosses, des charrues… on y voit également la Pompe Samaritaine et au dernier plan la statue d’Henri IV ainsi qu’une vue lointaine des bâtiments parisiens.
Comment, les trois œuvres picturales de Jean-Baptiste Raguenet et le témoignage de Joachim Campe, reflètent-ils les réalités de la ville de Paris du XVIIIe siècle entre croissance économique, disparités sociales et développement de l’urbanisme ?
Nous aborderons d’abord ce que représente le fait d’être Parisien au XVIIIe siècle, puis nous nous intéresserons à l’impressionnant développement qui a touché Paris durant ce siècle.
- Etre Parisien au XVIIIe siècle
- Des disparités sociales au premier plan
Selon l’historien français Jean Chagniot, la société parisienne du XVIIIe siècle est une chaine de corps et de communautés ou comme une pyramide de strates sociales. En effet, la hiérarchie sociale traditionnelle française distingue trois ordres : le clergé, la noblesse et le Tiers-Etat. On retrouve sur les œuvres picturales de Jean-Baptiste Raguenet, une distinction entre ces différents états.
Tout d’abord, nous remarquons l’absence du clergé sur chacun de ces tableaux bien que l’on puisse supposer sa présence sur celui représentant, place de Grève, la célébration de la naissance de la fille du Dauphin en 1746.
Cependant, la fracture sociale entre noblesse, bourgeoisie et petit peuple est nette. Nous pouvons voir au premier plan du troisième de document sur le Pont Neuf, un couple se promenant ; de par leur style vestimentaire, nous pouvons supposer qu’ils disposent d’un certain patrimoine : leurs vêtements sont assez travaillés, la femme est vêtue de bleu, sachant que ce genre de couleurs était à disposition des plus fortunés. On retrouve ce phénomène sur le côté gauche du pont.
Néanmoins, la noblesse parisienne ne représente que 4% de sa population, ce qui laisse entendre que les parisiens sont majoritairement soit bourgeois ou appartiennent à la classe populaire. Ainsi, on peut se demander si les personnages que nous avons cités sont bel et bien rattachés à la noblesse ou à la bourgeoisie, ce qui selon les chiffres semble plus évident.
Un fort contraste est remarquable d’abord par la présence de carrosses suivis d’une charrette dans le document 3 et de même dans le document 2 avec une charrue. On distingue la classe plus modeste avec la représentation d’un marchand ambulant au premier plan vers le milieu de l’œuvre montrant le Pont Neuf. La présence de trois enfants sur le document 2 renforce le fait avéré et clair des différences sociales, puisque le peintre nous montre de jeunes enfants pieds-nus, vêtu de simples vêtements abimés jouant sur le sol, leurs parents n’ayant certainement pas les moyens de leur acheter un jouet.
Sur ce même tableau, nous pouvons remarquer trois hommes devant le bâtiment de droite portant des vêtements plutôt élégants ainsi nous émettons l’hypothèse qu’il puisse s’agir d’officiers (ayant une charge modeste) ou qu’ils fassent partie de la bourgeoisie. Ainsi, la fracture sociale est fidèlement représenté par le peintre et laisse ainsi place au constat de relations de dominants-dominés, les dominants étant la noblesse, le clergé et la bourgeoisie et les dominés les domestiques, les agriculteurs, les pauvres et le reste du peuple.
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