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Les utopies sociales : comparaison France/Angleterre au XIXème siècle

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Par   •  25 Novembre 2016  •  Dissertation  •  6 364 Mots (26 Pages)  •  987 Vues

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Les utopies sociales : comparaison France/Angleterre

au XIXème siècle

Le terme « utopie » fut créé par Thomas More, un homme politique anglais, qui fut le premier à utiliser ce mot au XVIème siècle. Une utopie désigne un projet ou une idée qui ne tient pas compte de la réalité, sa réalisation est impossible et reste une conception imaginaire, fictive. Le terme est notamment employé pour désigner une société idéale, on parle alors d’utopie sociale.

Le socialisme utopique désigne quant à lui un courant apparu au début du XIXème siècle en Europe, qui est le prédécesseur du socialisme scientifique, représenté par Marx et Engels(le marxisme) : Le socialisme utopique critiquait les changements apportés par la révolution industrielle à la société et sa population, et cherchait à apporter des solutions alternatives pour régler le conflit qui opposait le capital et le travail. Le changement ne devait pas venir d’un mouvement violent et brusque, mais plutôt sur une multitude de communautés socialistes devant peu à peu remplacer le système capitaliste en se multipliant. Le socialisme utopique trouve notamment ses racines en France et en Angleterre.

En France, la révolution industrielle (qui se fait progressivement entre les années 1830 et 1840)  et la libéralisation de l'économie entraînent une dégradation très prononcée des conditions de vie des ouvriers et artisans, en les dépossédant de leur savoir-faire, ce qui les ramène à un simple statut de force de travail.

En conséquence, les ouvriers vont se révolter contre ce nouvel ordre social qui se met en place à leur détriment, ce qui entraîne de nombreuses émeutes, la plus connue étant la révolte des Canuts à Lyon en 1831.

En Angleterre, la révolution industrielle a quant à elle débuté dans les années 1780 avec entre 30 et 40 ans d'avance par rapport aux autres pays européens.

Cette révolution industrielle en Angleterre n'est pas progressive comme en France, elle est rapide et cause de très graves problèmes de logements, de déracinement géographique extranational et de déracinement social. On voit apparaître le problème de la misère ouvrière (salaire faible, mauvaises conditions de travail, voire du chômage par période) et aucune protection ou filet de sécurité n’est là pour aider ces ouvriers.

C'est dans ce contexte de misères ouvrières que certains théoriciens socialistes français et anglais développent leurs thèses. Parmi ces théoriciens, on peut citer du côté français : Saint-Simon (père du courant de pensée appelé par la suite saint-simonien et qui se développera après sa mort, même si ces héritiers autoproclamés s'émanciperont de ces idées), Charles Fourier (Le phalanstère), Jean-Baptiste André Godin (le Familistère de Guise inspiré du phalanstère de Fourier) ; du côté anglais, Robert Owen (la manufacture de New Lanark) fut le plus connu.

Nous allons donc étudier dans un premier temps la France au travers des travaux de Saint-Simon, Fourier et Godin puis dans un second temps l'Angleterre à travers les travaux d’Owen. Nous conclurons sur les points communs et les divergences des utopies en France et en Angleterre.

Pour tout ces théoriciens, nous verrons de quelle classe sociale ils proviennent pour savoir pourquoi ils pensent ainsi, leur modèle de pensée, la mise en application de leurs idées (succès, échecs), la portée de leurs idées ( la portée politique et sociale dans ce contexte) et l'héritage (ce qu'il reste de leurs idées aujourd'hui).

I - Les utopies sociales en France au XIXème siècle

A- Saint-Simon

Saint Simon (de son vrai nom Claude-Henri de Rouvroy) est issu de la noblesse, il est comte de Saint-Simon et est né le 17 octobre 1760. En 1777, il s'engagea dans l'armée du roi et participa à la guerre d'indépendance des États-Unis. Ce qu’il vit de l'économie de ce pays l’influencera dans ses travaux futurs lors de son retour en France en 1783, avec la signature du traité de Versailles. Il va par ailleurs s'intéresser à la liberté industrielle et sait que la révolution américaine va déboucher sur une nouvelle ère, celle de la civilisation de production.

Ce qui plaît à Saint-Simon (qui depuis tout petit est un athée) est qu’aux États-Unis, contrairement à la France, l'importance de la religion est moindre. De plus, le rôle de l’État y est moins marqué qu'en France, permettant à l'industrie de se développer et de garantir la liberté industrielle. Enfin, contrairement à la France, les privilèges de classes sont inexistants, il n'y a pas d’oppression et d'exploitation des travailleurs par les oisifs, il n'y a pas une population « fainéante » (le gouvernement et l’ordre religieux qu’il compare à des frelons) qui vit du travail de la population travaillante (celle-ci étant des abeilles). Dans son modèle de pensée, la place du travail est très présente, pour lui « L'homme doit travailler » et il considère les oisifs comme des parasites.

Il déclara notamment : « Supposons que la France perde subitement ses cinquante premiers physiciens, ses cinquante premiers chimistes, ses cinquante premiers physiologistes… et les cent autres personnes de divers états non désignés, les plus capables dans les sciences, dans les beaux-arts et dans les arts et métiers (…), la nation deviendrait un corps sans âme, à l'instant où elle les perdrait » Pour lui, « il n'en résulterait aucun mal politique pour l'État » si les hommes politiques, les nobles venaient à disparaître, l'art de gouverner équivaut selon lui à légitimer le vol.

Il souhaite qu'un « conseil scientifique » dirige la planète car c'est ce dernier qui a le savoir et donc qui doit guider la communauté, les savants et artistes doivent diriger la marche de l'esprit humain (en cela il s'inspire des Lumières). Au fur et à mesure, sa pensée évolue et on passe du pouvoir savant au pouvoir industriel, dans cette dernière la classe primordiale est la classe des industriels. En effet, il va de plus en plus développer son concept de travail ; pour le citer, « la société entière repose sur l'industrie » ; il serait donc logique que les savants soient au service de cette classe des industriels.

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