La crise vénézuélienne
Étude de cas : La crise vénézuélienne. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Louise Fortin • 12 Novembre 2020 • Étude de cas • 1 880 Mots (8 Pages) • 446 Vues
Fortin Louise
2A-G3
Actualité : La crise actuelle vénézuélienne
La crise vénézuélienne actuelle est multiforme : elle est d’abord économique et sociale, car la récession et la faillite du modèle dirigiste mis en place par l’ancien président Hugo Chavez (1999-2013) provoquent de graves pénuries, alors que l’hyperinflation appauvrie fortement la population. En effet, l'économie vénézuélienne étant fortement dépendante de la rente pétrolière, qui représente 90 % des exportations et 50 % du budget de l'État, la chute des cours du pétrole démarrée en 2013 a fait chuter les revenus de l'État et exploser le taux d'inflation. L’impasse est aussi politique et institutionnelle, car s’opposent, pour diriger le pays : le président élu Nicolás Maduro et Juan Gaidó, reconnu par l’Assemblée générale et par d’autres pays tels que les Etats-Unis et une grande partie des Etats européens. La crise est également morale, notamment à cause de la corruption mise en place par l’ancien président au début des années 2000. Cette crise touche donc d’abord avant tout la population vénézuélienne pourtant d’autres acteurs internationaux semblent s’emparer de ce conflit. Dès lors, en quoi le conflit vénézuélien relève-t-il de logiques interétatiques mais qui sont devenues l’enjeu de la scène internationale ?
Si la crise que traverse le Venezuela touche avant tout, les acteurs interétatiques, le conflit a dépassé les frontières de l’Etat car d’autres pays prennent position.
I-Un conflit infra étatique lié, en grande partie à une dépendance économique et à une opposition politique
En premier lieu, il est important de rappeler les principales causes de ce conflit au sein du Venezuela, et donc, dans cette démarche, de montrer l’importance de deux grands acteurs : le pétrole, et à travers lui, l’Etat qui s’en est emparé en étatisant et l’armée.
A-Une crise, à l’origine économique, liée, en grande partie, à la dépendance pétrolière
Tout d’abord, il semble important de replacer cette crise dans contexte et son explication principale : l’économie.
Au départ, la crise a été déclenchée par un mouvement de colère des étudiants. Elle a été aggravée par le nombre important d’arrestations et par des conditions de détention, contraires à l’Etat de droit, des personnes arrêtées. Il est important toutefois, de comprendre que cette crise remonte déjà à plusieurs années, les premières mobilisations importantes ayant débutées en 2013.
Cette crise est liée à la pénurie très forte de produits essentiels : nourriture, médicaments… Le problème est notamment provoqué par la pénurie de devises nécessaires pour importer ces produits. A l’origine, l’ancien président Hugo Chavez s’est appuyé sur la rente pétrolière, sans augmenter la production d’or noir, et n’a pas cherché à diversifier l’économie. Dans le même temps, de nombreuses entreprises de production, entre autres alimentaires, ont été étatisées. En conséquence, l’économie vénézuélienne est devenue encore plus dépendante des importations qu’elle ne l’était auparavant.
On observe donc un redéploiement de l’Etat Vénézuélien. Beatrice Hibou[1] parle alors de restructuration de l’Etat, ainsi, ce n’est pas parce que les acteurs privés, ici pétroliers, ont davantage d’importance importance, que l’Etat perd sa place prépondérance. Car, comme le dit Hibou, la souveraineté n’est pas un jeu à somme nulle. L’Etat vénézuélien s’est adapté à la montée en puissance du secteur privé et en particulier du pétrole, en privatisant.
Pour autant, il faut bien comprendre que les manifestations ne relèvent pas que de la pénurie. Celle-ci se double d’une crise politique et sécuritaire.
B-Mais qui s’est transformée en crise politique, en particulier à cause du rôle de l’armée
Pour les adeptes de la révolution bolivarienne (favorables à une « démocratie populaire participative « ) , l’actuel président Nicolas Maduro n’a pas la légitimité de son prédécesseur, Hugo Chavez. Or, on trouve parmi eux des groupes violents, appelés «collectifs» (colectivos), comme les Tupamaros, armés à l’époque de Chavez. Aujourd’hui, on peut parler de véritables cellules de guérilla urbaine incontrôlées et connues pour la virulence de leurs actions. Dans ce contexte, le Venezuela est devenu un pays très violent. Caracas, la capitale, a ainsi le taux d’homicides le plus élevé d’Amérique latine. En face, la répression est très violente, en particulier, parce que l’armée soutient le pouvoir en face. Ainsi, dès le lendemain de la proclamation de Juan Gaido, le 23 janvier 2019, le chef des armées Vladimir Padrino a fait une déclaration critiquant cette proclamation qu’il considère comme illégitime et a donc fait savoir qu’il soutenait Maduro : J’alerte le peuple du Venezuela qu’un coup d’Etat est perpétré contre la démocratie, contre la Constitution, contre le président Nicolas Maduro, le président légitime de la République bolivarienne du Venezuela ». Ainsi, si le président élu se maintien au pouvoir c’est en grande partie grâce à l’armée, cependant ce soutient commence à faillir : certains militaires commencent à faire marche arrière dans leur aide. L’armée est donc aujourd’hui plus divisée sur la question qu’au début de la crise. Cette opposition au sein de la population entre ceux soutenant le régime et ceux qui s’y opposent est pour Kaldor, une caractéristique des « nouveaux conflits » Les nouvelles guerres, reposent non plus sur des conflits entre Etats mais sur des crises à l’intérieur à de l’Etat Beaucoup de civils subissent ces violences. Dès lors, une autre caractéristique de ces « nouveaux conflits » selon Kaldor, c’est que les populations sont les cibles.
Si le conflit se joue à l’intérieur de l’Etat vénézuélien, notamment par le rôle que joue divers acteurs comme les industries pétrolières étatisées et l’armée, comme l’explique l’auteur Florent Pouponneau[2], pour comprendre l’essence des décisions, il faut prendre le national et l’international. Car ce conflit concerne également tous les acteurs internationaux qui y ont leurs intérêts.
II-Dont s’est emparé d’autres acteurs internationaux
Ce conflit touche alors bon nombres de pays qui prennent position car ils y ont des intérêts mais ne parviennent à se mettre à d’accord quant à l’issu du conflit. Kaldor rappelle ainsi que dans ce qu’elle nomme nouveaux conflits, que même s’ils touchent davantage les populations au sein du pays concerné, cela n’empêche pas que les conflits aient des dimensions internationales. On parle alors de confits internes internationalisés.
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