La Saint Barthélemy Hitoire d'un crime d'Etat. Arlette Jouanna
Fiche de lecture : La Saint Barthélemy Hitoire d'un crime d'Etat. Arlette Jouanna. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar vcurnillon • 3 Mai 2019 • Fiche de lecture • 4 233 Mots (17 Pages) • 660 Vues
Arlette Jouanna (née en 1937), agrégée d’histoire, professeur émérite à l’université Paul Valéry de Montpellier depuis 1989, moderniste, consacre l’ensemble de ses recherches et de ses ouvrages[1] à l’analyse socio-politique des conflits nés de l’émergence du protestantisme au XVIème siècle.[pic 1][pic 2][pic 3]
Présentation de l’ouvrage
Dans La Saint Barthélémy : les mystères d’un crime d’Etat (24 août 1572), Arlette Jouanna revient sur les circonstances du massacre. Un ouvrage de 390 pages en Edition Folio hors annexes et appendices qui se compose de 9 chapitres répartis en trois « Livres » et agrémenté de deux annexes, l’une relative aux catégories socioprofessionnelles des victimes de la Saint Barthélémy à Paris et en province et la seconde étant une carte de la ville de Paris de 1552 permettant de cartographier les différents évènements intervenus dans la capitale dans les jours encadrant le massacre du 24 août 1572. S’ajoute à ces deux annexes des notes et une bibliographie plus que conséquente de plus d’une centaine de pages sur lesquelles nous reviendrons ultérieurement.
La réflexion d’Arlette Jouanna sur la Saint-Barthélemy s’articule autour de trois axes : après une analyse documentée des faits (Livre I), l’auteur nous en propose une lecture globale à la fois politique (Livre II) et socio psychologique (Livre III) nous permettant ainsi de saisir dans sa globalité la volonté d’un roi à affirmer sa souveraineté tout en préservant la paix ainsi que les éléments et les articulations d’un événement qui non seulement influe le cours de l’histoire de France mais aussi ouvre la voie à l’absolutisme de droit divin.
Dans la première partie de cet ouvrage intitulée livre I. Fragilité de la Concorde, Arlette Jouanna recontextualise les événements ayant, à moyen et très court terme ( de l’Edit de St Germain de 1570 au conseil restreint de la nuit du 23 août 1572), précédé le massacre de la Saint-Barthélemy, mettant constamment ceux-ci en perspective à la lumière d’un nombre considérable de sources contemporaines Elle met ici l’accent en particulier sur l’absence d’éléments probants quant à l’existence de complots à l’initiative de l’autorité royale, de vendettas inter factionnelles ou encore d’un complot international ainsi que sur la conjonction d’éléments et facteurs à l’origine des conséquences imprévues d’une décision politique précipitée face à un danger imminent.
Dans la seconde partie de cet ouvrage intitulé livre II. Glaive de Dieu, glaive du roi, distinguant deux Saint-Barthélemy, l’une mettant en évidence la renaissance des ressentiments et soupçons du roi face aux bravades protestantes plus que les inconséquences d’un roi manipulé et la seconde résultante d’un contexte à la fois socio-économique mais surtout de religiosité exacerbée dans une société empreinte d’idéologie eschatologique, Arlette Jouanna montre ici comment d’une décision politique « d’ablation chirurgicale » de la première Saint Barthélemy, de mise en place d’une justice extraordinaire « afin de préserver l’autorité royale », donc pour raison d’État, la seconde Saint-Barthélemy, celle du peuple, fut quant à elle une résultante de l’interprétation irrationnelle de la première. L’auteur énonce ensuite comment cette distinction devient ensuite le noyau de cristallisation et le fer de lance de la re crédibilisation du roi de France sur l’échiquier international, établissant ainsi les limites de la monarchie absolue telle que conçue au XVIème siècle.
Enfin dans le troisième livre III. Déchiffrements et ripostes Arlette Jouanna nous propose d’analyser les événements au prisme de la ferveur religieuse, en second lieu d’un point de vue politique et enfin d’aborder la mort du roi Charles IX afin de déterminer quelle en a été sa lecture par les contemporains cherchant à comprendre la signification de cet évènement dramatique.
Résumé
Livre I, Livre II, Livre III
Introduction
C’est dans le contexte de la fin de la troisième guerre de religion sous le soleil écrasant d’un mois de juillet étouffant de chaleur que la capitale majoritairement catholique et hostile aux protestants accueille le mariage de Marguerite de Valois, sœur du roi Charles IX, fille d’Henri II roi de France (décédé en 1559) et de Catherine de Médicis avec Henri de Navarre (chef de file protestant et futur Henri IV). Un mariage conclu pour consolider la paix de St Germain de 1570, symbole de la persévérante volonté royale de concorde confessionnelle.
Afin de consolider une coexistence pacifique encore fragile, le mariage a donc lieu le 18 juillet 1572 en la cathédrale Notre-Dame en dépit de l’absence de la dispense du pape Grégoire XIII (parentés et divergences confessionnelles). Il fut l’occasion pour le pouvoir royal d’imposer son autorité et d’illustrer ses aspirations à l’union et à la concorde malgré l’opposition théologique des deux confessions quant à la validité du sacrement du mariage.
Le contraste entre les fastes grandioses et le massacre qui s’en suivit en fut d’autant plus incompréhensible.
Pour « penser l’impensable » les thèses qu’elles soient contemporaines ou ultérieures n’eurent de cesse de trouver une origine complotiste qu’elle soit attribuée à l’autorité royale ou à un complot international.
Il est concevable selon Arlette Jouanna, que l’hypothèse de cette préméditation complotiste avancée par les contemporains tels que le pasteur Simon Goulart[2] ou encore certaines thèses comme celle de Jean-Louis Bourgeon[3] ou encore Denis Crouzet[4], ont, je cite, « ainsi gommé toute contradiction entre ces deux événements », une hypothèse qui « libère de l’angoisse de l’incompréhensible »
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