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Lyon et Les Jésuites - 450 ans d'histoire

Dissertation : Lyon et Les Jésuites - 450 ans d'histoire. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  22 Avril 2022  •  Dissertation  •  14 927 Mots (60 Pages)  •  283 Vues

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XIVe siècle

La Trinité, Confrérie, Collège, Lycée…

La Trinité… Ce nom est au centre d’une histoire, longue aujourd’hui de plus de 450 ans. « La Trinité » a connu un destin hors du commun et a traversé toutes les époques de l’histoire de France jusqu’à nos jours. Confrérie, collège, bibliothèque exceptionnelle, laboratoire, La Trinité sera, pendant des siècles, un lieu de recherche, de savoir, d’apprentissage et parfois même de pouvoir. Elle est née et s’est émancipée sous la Royauté, elle a souffert pendant la Révolution, s’est restaurée sous l’Empire et assagie avec la République.

La Confrérie de La Sainte Trinité

Le début de cette histoire nous fait remonter au XIVe siècle. Le Moyen Âge touche à sa fin, les progrès techniques de l’agriculture, associés à une nouvelle organisation des cultures, permettent d’augmenter les rendements et de mieux nourrir la population qui double entre le début et la fin du Moyen Age.

Avec les faubourgs, les villes s’étendent à l’extérieur de leurs murailles. Les voies de communication s’améliorent. Certains villages deviennent des bourgades riches où le commerce prospère. L’agriculture se modernise et les campagnes évoluent tandis que les villes se développent grâce aux marchands et aux artisans.

Lyon, qui compte environ 15 000 habitants, a été annexée au Royaume de France en 1312 et bénéficie d’une pleine autonomie communale depuis 1320. Chaque année, douze Consuls sont élus pour gérer la ville. Le Consulat est un vrai organe de pouvoir. Il est l’interlocuteur privilégié du Roi et de l’Église, perçoit l’impôt, aménage la voirie, réglemente les métiers et les usages. La création des guildes et des confréries contribue, elle aussi, à cette organisation sociale. Ces groupes corporatistes, qui ont pour fonction de mieux organiser et de mieux structurer leur activité, fixent les règles de leur métier. Les confréries organisent la vie sociale. Il arrive bien souvent qu’elles se donnent une mission chrétienne (aider les plus pauvres) doublée d’un objectif plus social comme celui de doter la ville des élites de demain. « La Confrérie de La Sainte Trinité » se constitue justement à cette époque et prospère pendant la Renaissance, jusqu’à réunir près de 3000 membres au début du XVIe siècle. Soucieuse de l’éducation des enfants de ses membres, elle construit une école en 1519, sur le terrain qui lui appartient, rue Neuve (aujourd’hui rue Ménestrier). Quelques années plus tard, comme la population de la ville compte désormais plus de 35 000 habitants, le Consulat est désireux de fonder le premier collège. Au même moment, la Confrérie de La Sainte Trinité a du mal à gérer sa petite école. Les deux entités concluent un accord : en échange des terrains, du bâtiment et de la prise en charge des écoliers de la Confrérie, le Consulat s’engage à ne dédier ce lieu qu’à l’enseignement et à le baptiser du nom de la confrérie bienfaitrice. Ainsi « naît » en 1527, le premier collège de la ville, « Le Collège de La Trinité ».


XVIe siècle

3 destins croisés

Le XVIe siècle est un siècle de grands conflits. Les guerres avec l’Espagne, entre chrétiens et musulmans, se terminent à peine que de grandes mutations culturelles et politiques  voient déjà le jour. Catholiques et protestants se déchirent ; c’est le début des guerres de religions… Réforme, Contre-Réforme, Concile de Trente.

Les deux naissances d’Inigo

Íñigo López de LOYOLA est né en 1491 au pays basque espagnol, dans le Château de Loyola sur la commune d'Azpeitia. Dernier de treize enfants, il appartient à une famille de la petite noblesse espagnole. Orphelin à 14 ans, il sert comme page à la cour de Castille. Devenu gentilhomme, jouisseur des plaisirs de la vie, il se met au service du vice-roi de Navarre. Militaire aguerri, il se dit lui-même "possédé d'un vain et grand désir de gagner de l'honneur". En 1521, il prend part à la défense de Pampelune contre l’insurrection et les troupes de François 1er. La bataille est perdue, les Français et les insurgés de Navarre prennent la citadelle. Blessé à la jambe par un boulet de canon, sa qualité et son rang lui valent d’être soigné par l’ennemi et rapatrié dans son château natal. Cependant les soins sont insuffisants et le chemin du retour chaotique, la blessure cicatrise mal et plusieurs interventions chirurgicales sont nécessaires, à une époque où l’anesthésie n’existe pas ! Íñigo en garde comme séquelle une jambe trop courte qui le fera claudiquer toute sa vie.

La convalescence est longue et Íñigo se plonge dans la lecture d’un ouvrage qui le bouleverse : La Légende Dorée. Contre toute attente, le récit des faits et gestes de saints est une véritable révélation. Cette lecture influence indéniablement le cours de sa vie. Accomplir de grandes choses comme le Christ, comme les saints, devient son rêve le plus cher. Il a 30 ans et sa vie bascule. « Quand je pense à ce qui est du monde, je m’y complais beaucoup, mais quand je suis fatigué et que je cesse d’y penser, je me trouve aride et insatisfait ; en revanche, quand je rêve d’aller à Jérusalem nu-pieds, de ne plus manger que des herbes, de me livrer à toutes les austérités comme les saints, non seulement j’éprouve de grands élans intérieurs, quand je médite sur des pensées de ce genre, mais même après les avoir quittées, je reste satisfait et allègre. » (Ignace de Loyola - Récit n°8)

C’est une renaissance, il rejette sa vie passée et particulièrement les plaisirs de la chair pour suivre les préceptes de Saint François d'Assise. Sa première décision est d’entreprendre le voyage jusqu’à Jérusalem, en pèlerin mendiant. Inigo quitte son pays, fait halte à l’abbaye bénédictine de Montserrat, puis gagne Manrèse en Catalogne. Adoptant une vie d'ermite, Íñigo se transcende. Durant cette petite année, il devient un autre homme et se découvre  lui-même ; il voit le monde comme jamais il ne l’a vu et le comprend : « Les yeux de mon esprit commencèrent à s’ouvrir. Ce n’était pas une vision, mais je compris beaucoup de choses concernant la vie spirituelle, la foi et la science, et cela en une telle illumination que toutes ces choses me parurent nouvelles. » (Ignace de Loyola - Récit n° 30)

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