La stratégie du blocus continental contre l’Angleterre
Dissertation : La stratégie du blocus continental contre l’Angleterre. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar gregorovich64 • 15 Mars 2017 • Dissertation • 2 153 Mots (9 Pages) • 1 029 Vues
La stratégie du blocus continental contre l’Angleterre
Dans une lettre à son frère Louis Bonaparte, roi de Hollande, Napoléon 1er énonce l’objectif du blocus qu’il met en place en Europe à partir de 1806. Cet objectif est « vaincre la terre par la mer », c’est à dire de vaincre le Royaume-Uni et sa puissance navale grâce au blocus du continent. La stratégie du blocus, qui consiste à interdire l’accès d’une région à un pays pour, dans le cas du blocus continental, empêcher le commerce avec ce pays, a déjà été utilisé au XVIIème siècle, lors de la guerre de 7 ans par exemple, mais c’est la première fois qu’elle est essayée sur un territoire aussi vaste.
On peut se demander pourquoi l’ambition de ce blocus est démesurée et quels effets il a causé à sa cible et au reste de l’Europe soumise au blocus.
Dans une première partie nous verrons que ce blocus vise à combler les faiblesses stratégiques de la France tout en attaquant un des points faibles du Royaume-Uni mais a souffert d’une mise en place désordonnée du fait de la taille du littoral à contrôler. Dans une seconde partie, nous verrons le blocus continental, malgré quelques succès, a eu une efficacité limitée et a participé à l’affaiblissement de la position française en Europe.
En premier lieu nous aborderons les raisons ainsi que le processus de mise en place de ce blocus. La première des raisons est l’impossibilité pour la France de vaincre le Royaume-Uni sur son propre terrain, c’est à dire sur celui de la puissance navale. La marine française enchaîne les défaites contre la flotte britannique, à l’exemple des batailles d’Aboukir (1798) et du Cap Finisterre (1805). Ainsi, le blocus naval anglais des ports de guerre le long de la côte atlantique isole les colonies françaises et permet aux forces britanniques d’occuper Sainte Lucie, Saint Pierre et Miquelon, Tobago et des comptoirs en Inde comme Pondichéry, Chandernagor ou Karikal. La suprématie navale britannique culmine lors de la bataille de Trafalgar le 21 octobre 1805. La flotte franco-espagnole de l’amiral Villeneuve y est anéantie par celle de l’amiral Nelson. Du fait de l’infériorité de sa marine Napoléon renonce à une invasion des îles britanniques. Il cherche donc à atteindre le Royaume-Uni par d’autres moyens et le blocus est selon lui un capable de « vaincre la terre par la mer » comme il écrit dans une lettre à son frère Louis Bonaparte, roi de Hollande. La seconde raison du choix d’un blocus est l’apparente faiblesse de l’économie anglaise. En effet, cet dernière a investi des sommes considérables dans les coalitions européennes que la France a affronté et la dette publique anglaise atteint des taux historiques. Ainsi, le Royaume-Uni a investi plus de 200 millions de livres sterling pour soutenir les membres de la Troisième Coalition que Napoléon a vaincue en 1805, sa dette est estimée à plus de 180% de son PIB. De plus, une bonne partie de son économie est tournée vers l’Europe qui représente un marché de plus de 80 millions de consommateurs. En 1805, le Royaume-Uni est le pays le plus industrialisé au monde et ses exportations concurrencent les produits français sur le marché européen du fait de leur plus grande compétitivité. Depuis de milieu du XVIIème siècle, les manufactures anglaises ont développées des techniques industrielles, à l’exemple de la machine à filer « Spinning Jenny » qui permet à un ouvrier d’effectuer le travail de huit personnes à la fois. Ces innovations leur assurent un rendement supérieur à ceux de leurs concurrents et des prix plus bas grâce à une productivité supérieure. De plus, la guerre presque constante entre Royaume-Uni et France empêche les transferts de technologie : le coton est 4 fois plus cher en France qu’en Angleterre par exemple La majeure partie de ses exportations sont des produits coloniaux transformés comme du coton ou des produits es îles britanniques comme la laine, principalement à destination de l’Europe. Enfin, le Royaume-Uni n’est pas autosuffisant en 1805 : il doit importer des céréales en fonction de ses récoltes Pour Napoléon, priver le Royaume-Uni d’un accès au continent serait à la fois catastrophique son industrie et bénéfique à celle de la France qui jouirait d’une forme de protectionnisme.
Néanmoins, si la stratégie du blocus apparaît simple, sa mise en place se révèle chaotique du fait de la taille du littoral à contrôler. Le blocus commence lors de la fermeture aux navire britanniques des fleuves du Weser, de l’Ems et de l’Elbe, importantes voies de communication avec les États prussiens et l’Europe centrale, et des ports français en 1806. Le décret de Berlin signé le 21 novembre 1806 officialise le blocus en déclarant le commerce avec le Royaume-Uni interdit : « Tout commerce et toute correspondance avec les îles britanniques sont interdits » (article 2 du décret de Berlin), en emprisonnant les citoyens anglais présents dans l’Empire : « Tout individu sujet de l’Angleterre, de quelque état ou condition qu’il soit, qui sera trouvé dans les pays occupés par nos troupes ou par celles de nos alliés, sera fait prisonnier de guerre » (article 3 du décret de Berlin) et en confisquant les marchandises et propriétés anglaises « Tout magasin, toute marchandise, toute propriété de quelque nature qu’elle puisse être, appartenant à un sujet d’Angleterre, sera déclarée de bonne prise » (article 4 du décret de Berlin). Le blocus s’applique alors à la France, à ses alliés et aux pays occupés : Espagne, Toscane, Naples, Rome, Royaume de Hollande, États allemands et Danemark. Il le renforce par le décret de Milan du 17 décembre 1807 qui considère comme navire britannique tout navire ayant payé une taxe anglaise ou mouillé dans un port anglais, donc ayant commercé avec ce pays. Cependant, une large partie du littoral européen reste ouvert au commerce avec le Royaume-Uni. De ce fait, Napoléon chercher à étendre le blocus au reste de l’Europe. Il le fait militairement avec l’invasion du Portugal qui débute le 20 novembre 1807 et l’invasion de la Sicile. En plus de cette conduite agressive, Napoléon chercher à s’allier aux pays de la Quatrième coalition qu’il a vaincu à Iéna et Auerstaedt (14 octobre 1806) pour les prussiens et à Eylau et Friedland (8 février et 14 juin 1806) pour les Russes. Il signe le traité de Tilsit avec le Tsar Alexandre 1er de Russie et le roi Frédéric-Guillaume III de Prusse en juillet 1807. Ce traité prévoit une alliance contre le Royaume-Uni et leur impose de prendre part au blocus. Enfin, il impose les mêmes conditions à la Suède lors du traité de paix du 6 janvier 1810. Ainsi, malgré une
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