Étude de l'extrait du discours de Bayeux prononcé le 16 juin 1946 par le Général Charles De Gaulle

Commentaire du discours de Bayeux

Le texte étudié est un extrait du discours de Bayeux prononcé le 16 juin 1946 par le Général Charles De Gaulle.

Le lieu et la date choisis par de Gaulle pour ce discours sont particulièrement symboliques. C’est la première fois qu’il s’adresse aux Français depuis sa démission de la tête du gouvernement, le 20 janvier 1946. Il célèbre pour l’occasion, et dans son uniforme de général, le deuxième anniversaire de la libération de Bayeux, quelques jours après le débarquement de Normandie.

En mai 1946, les Français avaient rejeté par référendum le premier projet constitutionnel qui leur avait été soumis. Il avait donc fallu élire une autre Assemblée constituante, le 2 juin. Celle-ci était comme la précédente dominée par les membres de la Constitution tripartite (MRP – PCF – SFIO).

C’est au moment où les discussions reprennent pour mettre au point un nouveau projet de Constitution que de Gaulle choisit d’intervenir et d’exposer sa propre pensée constitutionnelle. L’axe fort en est la nécessaire séparation des pouvoirs

Nous verrons donc dans un premier temps pour quelles raison et dans quelles circonstances De Gaulle a décidé de proposer sa vision d’une nouvelle constitution (I) puis nous nous attarderons ensuite sur sa conception d’une souveraineté partagée (II).

I/ La proclamation du discours de Bayeux

Le discours de Bayeux du 16 juin 1946 est proclamé sous une IVème république peu stable (I) qui laisse l’opportunité à De Gaulle d’exposer son idée d’une constitution (B).

A/ Un discours prononcé sous l’inquiétude d’une république peu stable

Les travaux de l’Assemblée constituante résultant du referendum du 21 octobre 1945, qui siégea à partir du 6 novembre 1945, débouchèrent donc sur un projet de nouvelle Constitution. Il s’agissait d’un projet de régime parlementaire et voulait limiter les pouvoirs du président de la république. Or, ce projet fut désavoué par le peuple français lors du référendum du 5 mai 1946 et dut laisser place à une nouvelle Assemblée constituante issue du scrutin du 2 juin 1946. Elle commença à siéger le 11 juin, le gouvernement de Félix Gouin démissionnant le lendemain, et l’Assemblée élut son président, Vincent Auriol, seulement le 14 juin.

C’est donc dans ce moment de crise et de passage à vide politique, avant que la nouvelle Assemblée ait réellement commencé ses travaux et en l’absence de nouveau gouvernement, que le général de Gaulle s’exprime à Bayeux le 16 juin 1946.

«  La rivalité des partis revêt chez nous un caractère fondamental, qui met toujours tout en question et sous lequel s’estompent trop souvent les intérêts supérieurs du pays »

Une période idéale pour donner enfin à la France des institutions politiques permettant de sortir de la situation provisoire de mise depuis la fin du régime de Vichy et la Libération.

B/ Un Etat fort selon De Gaulle

« Il y a là un fait patent, qui tient au tempérament national, aux péripéties de l’histoire et aux ébranlements du présent, mais dont il est indispensable pour l’avenir du pays et de la démocratie que nos institutions tiennent compte et se gardent, afin de préserver le crédit des lois, la cohésion des gouvernements, l’efficience des administrations, le prestige et l’autorité de l’Etat. »

De Gaulle tient ici à montrer les failles et le danger du gouvernement mis en place provisoirement, un gouvernement qui affaiblit

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