Statue du centenaire avignon
Commentaire d'oeuvre : Statue du centenaire avignon. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Janna Toubal • 17 Décembre 2020 • Commentaire d'oeuvre • 3 196 Mots (13 Pages) • 549 Vues
« Lesdits deux États réunis d’Avignon & du Comtat Venaissin, font dès ce moment PARTIE INTÉGRANTE DE L’EMPIRE FRANÇAIS. », c’est ce que nous pouvons lire dans le décret de rattachement rendu par l’Assemblée Nationale le 14 septembre 1791. Cette amorce nous servira alors de point de départ pour comprendre l’ensemble de l’œuvre que nous étudierons.
Nous avons affaire à une carte postale de la fin du XIXe – début du XXe siècle exposée actuellement au Musée d’Orsay à Paris, sur cette photographie nous pouvons alors voir le monument du Centenaire de l’annexion d’Avignon et du Comtat Venaissin à la France, basait à l’origine sur la place de l’horloge remplaçant alors la statue de Crillon et sera ensuite exposé en 1974 sur le parking des allées de l’Oule en Avignon. Il s’agit d’un édifice assez imposant mesurant 16 mètres de hauteur à partir du sol pour 10 mètres de large.
Cette sculpture a été édifiée par Félix Charpentier né en 1858 à Bollène, il fut élève à l’école des Beaux-Arts d’Avignon en tant que sculpteur avant d’être admis dans les ateliers de Jules Cavalier et Amédée Daublemard. Par la suite il intégrera l’école des Beaux-Arts de Paris, il sera d’ailleurs reconnu pour son talent et sera primé à de nombreuses reprises en France lors de plusieurs expositions mais aussi à l’étranger, comme en 1899 où on lui décernera la grande médaille d’or à l’exposition internationale de Vienne pour Le Globe Endormi. Charpentier finira même par être décoré Chevalier de la Légion d’Honneur par le préfet du Vaucluse, suite à l’inauguration le 14 juillet 1891 du Monument du Centenaire de l’annexion d’Avignon et du Comtat Venaissin à la France.
En 1890, la municipalité d’Avignon souhaite ériger un monument rendant hommage au conflit qui a opposé la ville d’Avignon au Comtat Venaissin pendant plusieurs années, prônant l’unification et le rattachement entre ces deux territoires.
En 1274 le Comtat Venaissin est fondé, c’était alors un État qui faisait partie des États pontificaux, pour décrire cet espace, il recouvre une partie du Vaucluse actuel entre Rhône et Durance, comportant des villes comme Carpentras, Cavaillon, Vaison la Romaine ou encore Lisle-sur-Sorgue.
Lorsque la Révolution éclate les Avignonnais demandèrent le rattachement à la France, ce n’est que le 12 juin 1790 que l’ancienne ville pontificale devient française. Avignon cherche à soumettre le peuple venaissin à se lier à eux, des conflits d’envergure éclatent alors dans l’ensemble de la région.
Les Avignonnais tentent de nombreuses attaques pour faire plier le Comtat Venaissin, notamment Carpentras qui en est la capitale, entre avril 1790 et juin 1791 des émeutes, des meurtres et des révoltes sont enregistrés à Avignon mais aussi dans les villes du Comtat Venaissin qui subissent les foudres de la cité des papes qui souhaite un rattachement.
Il faudra attendre le 18 août 1791 pour que les députés de chaque communes décident de rattacher le Comtat Venaissin à la France en l’église de Saint-Laurent de Bédarrides. Quelques jours plus tard le 14 septembre 1791, l’Assemblée Nationale rend alors public un décret signé par Mulot attestant ce rattachement, entérinant par la même occasion les vœux de la majorité des communautés car 52 d’entre eux ont voté pour ce rattachement sur 98 votants.
C’est donc dans ce contexte tendu que se forme le 25 juin 1793 le 87e département français, le Vaucluse, nous allons donc nous demander comment cette sculpture montre-t-elle les enjeux de ce conflit entre Avignon et le Comtat Venaissin ?
Nous étudierons donc dans un premier temps l’expression de cette femme qui surplombe cet édifice ainsi que les différentes allégories que Félix Charpentier a souhaité représenter. Par la suite nous entamerons une étude sur les groupes qui sont disposés autour de la colonne, tout en distinguant les trois formations, celle de la famille, du serment et pour finir l’appel. Enfin nous terminerons avec le bas de la sculpture en étudiant les différentes inscriptions ainsi que la sculpture du lion qui trône fièrement sur les marches.
PLAN
I. Une allégorie de la France qui se dresse au sommet de la sculpture
A. La représentation de la femme dans le milieu artistique
B. Les différentes allégories
II. Les différents groupes
A. La famille
B. Le serment
C. L’appel
III. La base de l’édifice
A. Le symbole fort du lion et ses allusions
B. Les différentes inscriptions
Dès le début du XIXe siècle, la femme prend une nouvelle place dans le milieu artistique, en effet le message culturel que tentent de véhiculer les artistes évoluent drastiquement au vue des évènements que connaît le monde occidental tout au long du XVIIIe et XIXe siècles.
Félix Charpentier représente de nombreuses femmes dans ses sculptures notamment en Avignon comme la Vénus aux Hirondelles édifié en 1894, actuellement exposé au jardin des Doms. Tout cela n’est pas anodin, il puise son inspiration dans l’art antique et veut rendre grâce aux corps des femmes en montrant la beauté de leurs corps. Depuis la Révolution de 1789, la femme prend une nouvelle place dans le milieu artistique, nous pouvons d’ailleurs le constater avec l’apparition de la figure de Marianne sous la III République. Symbole fort pour la République Française, elle peut-être représentée avec un bonnet phrygien ou une couronne de laurier comme sur la sculpture du monument du Centenaire de Félix Charpentier. Effectivement nous pouvons également constater que la place de cette femme au sommet de cet édifice, qui surplombe aujourd’hui les parkings de l’Oule, n’a pas été un choix quelconque. Assurément il s’agit d’un véritable choix de l’artiste que de placer cette Marianne qui symbolise l’union et la République au sommet de sa sculpture.
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