Mondialisation Foncière
Note de Recherches : Mondialisation Foncière. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar UnArabe • 29 Avril 2013 • 1 661 Mots (7 Pages) • 646 Vues
Depuis 2006, ce sont près de 30 M ha de terres, l’équivalent de la SAU (Surface Agricole Utile) française, qui ont fait l’objet de transactions dans le monde. L’hectare devient un actif à la mode. Des financiers comme George Soros, des fonds spéculatifs comme Altima ou Quantum font de la terre leur placement spéculatif favori face à la volatilité des marchés céréaliers. La variété et l’imprécision des chiffres fournis donnent la mesure du phénomène : peut-on parler de 20 M ha, comme l’évaluent la Banque mondiale et la FAO (Food and Agriculture Organisation) ? De 10 M ha cédés dans le seul sud du Sahara en 2008, de 30 M ha ou de 45 M ha en 2009 dans cette même zone ? Ces seules imprécisions valent aveu de confusion, de précipitation sur cette nouvelle richesse. Après le pétrole, les minerais, les terres rares, les minerais stratégiques : les terres agricoles à cultiver, voilà le nouveau mot d’ordre ! Cet article est illustré d’une carte.
Dans le cadre de ses synergies géopolitiques, le Diploweb.com vous présente un article d’Alain Nonjon publié sous le titre "La globalisation foncière, nouvel enjeu de la mondialisation" dans le n°134 d’Espace prépas (nov.-2010).
La nouvelle équation alimentaire
. Le monde vit encore sous la menace de la crise alimentaire de 2008, malgré les bonnes récoltes enregistrées en 2008 et en 2009. Fin 2009, trente-et-un États étaient encore inventoriés comme des États en crise agroalimentaire par la FAO. La martingale de l’échec alimentaire est en place : stocks de niveau très moyen (517 Mt de céréales, du riz et du maïs surtout) ; achats purement spéculatifs face à l’hésitation des marchés financiers (sur la seule décennie 1997-2006 : hausse de 15 à 40 % pour le blé, le maïs, les céréales secondaires et les huiles végétales) ; petits agriculteurs en mal de soutiens et prix artificiellement élevés.
. Il n’y a aucune raison pour que cette tendance ralentisse avec l’accroissement démographique mondial, la poussée inexorable des classes urbaines dans les pays émergents de plus en plus exigeantes en termes nutritionnels, le déversement urbain dans des zones fertiles des deltas ou encore l’augmentation du coût des transports, appelant à une diversification des ressources. Les catastrophes naturelles, les déficits mauritaniens ou somaliens, les problèmes structurels de transports sont autant de rigidités difficilement levées.
. D’ici à 2050, la production agricole devra croître de 70 % pour répondre à l’augmentation des besoins de la population. La pression est à la mesure de la pénurie de terres cultivables dans le monde, de leur inégale répartition, de la faible augmentation des terres plantées et cultivées (1,5 Md ha, soit 10 % des terres émergées, avec un jeu à somme nulle entre les terres défrichées et conquises sur la forêt — comme au Brésil, en Indonésie ou en Afrique — et celles perdues par l’érosion), la salinisation de terres mal irriguées, les besoins urbains, le réchauffement climatique et les besoins croissants tant agricoles (biocarburants) qu’énergétiques ou industriels. En rang désordonné, des pays anticipent donc ces pénuries et se lancent dans la quête de terres…
Carte de la globalisation foncière
Insécurité alimentaire ; Etats acheteurs de terres ; Pays cibles des acquisitions de terres ; pressions sur les terres
The new « scramble for land »
. Le phénomène est ancien : dès le XIXe siècle, l’achat ou la location de terres ont été à la base de l’essor des cultures spéculatives de plantation, avec une domination directe ou indirecte (United fruit). L’expression « république bananière » n’avait d’autre objet que la désignation de ces territoires vassalisés par des multinationales alimentaires. Mais le mouvement observé aujourd’hui a trois spécificités : la diversité des pays impliqués (Libye, Chine, Corée du Sud), celle des organismes mobilisés (fonds souverains, sociétés privées) et des contrats signés, sa rapidité et son caractère planétaire. Il ne s’agit pas à proprement parler de stratégie nationale mais de stratégies privées cautionnées, ou carrément encadrées, par des États.
. La Chine en est un acteur essentiel. Avec 7 % des terres arables, elle doit nourrir 22 % de la population mondiale. Résultat ? Une quarantaine de sociétés agricoles chinoises sont implantées dans trente nations sur les cinq continents. Près de 400 km2 de terres kazakhes ont ainsi récemment été cédées à Pékin. Ces fermes produisent surtout les denrées qui manquent en Chine : riz, soja et maïs notamment.
. L’Arabie saoudite troque pétrodollars contre terres : elle veut réviser des programmes pharaoniques intérieurs d’autosuffisance alimentaire. Seule alternative ? Cet impérialisme foncier. Malgré un excédent céréalier, l’épuisement des nappes phréatiques et la pression sur des nappes fossiles ont fortement incité le royaume saoudien à réduire la portée de ces programmes et à aller chercher le complément… au Soudan.
. La Corée du Sud mobilise ses chaebols pour racheter des terres à Madagascar ou en Argentine. Le Japon, par des accords de swaps, troque une partie de la dette de certains pays latino-américains contre des terres. Les fonds souverains, nouveaux acteurs de la finance mondiale, deviennent des acteurs de ces marchés fonciers, conseillés par des sociétés spécialisées comme la Bidwells Property,
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