Le village des cannibales d'Alain Corbin

Romane Cuisinier

FICHE DE LECTURE

références bibliographiques:

L'ouvrage que j'ai décidé de fichier a été écrit par Alain Corbin. Il s'intitule Le village des Cannibales et a été publié pour la première fois en 1990 chez Aubier à Paris, le support que j'utilise est une réédition paru en 2016 aux éditions Flammarion dans la collection Champshistoire.

biographie de l'auteur:

 Alain Corbin est un célèbre auteur du XXIème siècle qui a publié bon nombre d'ouvrages historiques. Il est né en 1936 dans l'Oise. Ses sujets de prédilections sont le XIXème, l'histoire sociale et l'histoire des représentations ,spécifiquement dans les campagnes, domaine dans lequel il est considéré comme l'un des spécialistes mondiaux.

Il commence son ascension scolaire en étudiant dans un petit collège de Flers qui était en réalité un confessionnal. Après l'obtention de son baccalauréat, il quitte son village natal pour débuter des études d'histoire à Caen où il sera agrégé d'histoire en 1959. A la suite de cela il obtient son doctorat d'histoire en 1968 puis son doctorat d'état d'histoire en 1973. Il publiera ultérieurement sa thèse: Archaïsme et modernité en Limousin au xixe siècle. Son directeur de thèse est Ernest Labrousse, spécialiste de l'histoire économique et sociale.  

Il a une vie professionnelle plutôt remplie puisqu'il enseigne simultanément au lycée Gay Lussac, à l'université de Limoges, de Tours et à Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Il écrit en parallèle de nombreux ouvrages. Il est connu comme un historien dit "du sensible" et se penche notamment sur tout ce qui se rapporte aux sens. Il écrit d'ailleurs sur l'odorat Les  Miasmes de la Jonquille (1832) et un ouvrage sur l'ouïe Les cloches de la terre (1994). Il se penche aussi sur les phénomènes météorologiques dans La pluie, le soleil et le vent une histoire de la sensibilité au temps qu'il fait.

présentation générale du livre:

L'auteur tente d'expliquer par le biais de différents facteurs notamment psychologiques, comment un tel acte de barbarie a pu être commis et comment la justice de la fin du second Empire a tenté de prendre en main ce tragique événement qui a eu lieu dans un passé aussi proche que le XIXème siècle. Il a étudié le meurtre extrêmement violent du jeune Alain de Moneys par d'autres habitants du village de Hautefaye en 1870, cherchant à savoir d'où pouvait venir cette explosion de violence collective.

L'historien a également approfondi son travail sur la justice en le comparant avec d'autres travaux traitant des faits divers sur lesquels il avait précédemment travaillé / publié, sur les travaux de Ralph Gibson et des articles de presse. Ce livre tient une place importante dans l'historiographie puisqu'il représente la lutte paysanne et la folie d'un peuple que l'on a trop longtemps brimer.

résumé:

Dans la première partie de son livre "Angoisse des sentiments" (qui suit une préface nous permettant de nous situer spatialement et temporellement) Alain Corbin pose le contexte historique du livre. Il relate la période précédent le meurtre du jeune adjoint de la commune et Hautefaye, Alain de Moneys. De ce fait, il mentionne les différentes tensions sociales qui animent la France au début du XIXème siècle. Il explique par conséquent le fait que les nobles étaient à l'époque manipulés par les bourgeois, soucieux de conserver les privilèges octroyés par leur classe sociale et de ne pas se mélanger aux paysans, souhaitant garder une frontière entre leurs deux mondes. Il appuie le fait que ce sont les rumeurs qui développent les tensions. En effet, dans un climat social et politique  plutôt tendu, la téléportation de rumeurs peut être le déclencheur d'une grande méfiance et mettre le feu aux poudre. La rumeur renforce les liens des membres d'un même groupe social, devient leur force et un sujet de discussion insatiable que l'on peut mentionner pour meubler n'importe quelle conversation et elle se répand extrêmement rapidement notamment au cœur d'un petit village comme Hautefaye. A l'inverse la rumeur crée des tensions entre d'autres individus et peut déboucher sur de la violence verbale ou physique (exemple "Plus de rats de cave!" ou encore "il faut les tuer", les rats correspondant aux employés de contribution indirecte de Verteillac. Ainsi, la haine et la menace écrit l'auteur était en ce temps principalement dirigé vers ces trois groupes: la noblesse, le clergé et les républicains. Elles s'expliquent partiellement par plusieurs décisions politiques considérées révoltantes par les paysans comme le fait d'augmenter davantage les impôts ou encore dans le cas d'Alain Morrey, d'afficher un mépris ou un profond désintérêt pour l'Empire.

L'angoisse et la rumeur, seconde partie du livre, l'auteur se penche sur d'abord la montée d'un profond sentiment patriotique, une vie même de faire la guerre puis la croissance d'un climat inquiétant. Ce dernier était nourri par les défaites militaires, par les débats politiques et la sécheresse de l'été qui angoissait profondément une partie du peuple français. Il souligne une seconde fois le rôle majeur de la rumeur dans l'accroissement de la confusion et de la peur. Alain Corbin situe ensuite le cadre du meurte. Celui-ci a eu lieu à la foire de Hautefaye et a été perpétré par de nombreux paysans des villages avoisinants en plus des habitants locaux sous les yeux de la seule figure d'autorité présente ce jour là: le maire (aucun gendarme n'était présent ce jour là). Il se penche ensuite sur les différentes caractéristiques de Hautefaye et précise la qualité de grands propriétaires aristocrates de la famille Morrey. Les foires seraient d'après lui, la fierté de la commune et attireraient énormément de monde.

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