Le Village des Cannibales - Alain Corbin
Fiche de lecture : Le Village des Cannibales - Alain Corbin. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar ketby • 14 Février 2021 • Fiche de lecture • 1 053 Mots (5 Pages) • 506 Vues
Le Village des Cannibales
Un ouvrage d’Alain Corbin
Alain Corbin —————————————————————————————
Alain Corbin est né en 1936 dans l’Orne. Après avoir obtenu son bac, il suit des cours l’Université de Caen (dont ceux de Pierre Vidal-Naquet). Il obtient l’agrégation en 1959, son doctorat neuf ans plus tard et devient enfin docteur d’État en histoire en 1973.
Sa carrière universitaire commence à l’Université de Tours et se poursuit à l’université Paris 1-Panthéon-Sorbonne de 1987 à 2002. Il est également membre de l’Institut Universitaire de France.
Son approche historique est plutôt novatrice : il se servira notamment de l’anthropologie et de la psychologie sociale. Il est reconnu pour ses études du 19è siècle, de l’histoire du sensible, des représentations, et de l’imaginaire social. Il a donc traité des thématiques généralement méconnues de l’histoire traditionnelle : les émotions, le corps et le désir masculin (Les filles de noce, 1978), l’intimité, l’odorat et l’imaginaire social dans Le Miasme et la Jonquille (1982) mais aussi les paysages sonores de l’espace rural (Les cloches de la terre, 1994) ou encore l’apparition des loisirs (L’Avènement des loisirs, 1996). Ainsi, Alain Corbin est considéré par ses contemporains comme « l’historien du sensible ».
Dans Le Village des Cannibales, publié en 1990 alors qu’il enseigne encore à la Sorbonne, Alain Corbin s’intéresse au « Crime de Hautefaye », représentation des tensions et angoisses politiques qui ont motivé une fureur paysanne.
Le Village des Cannibales ———————————————————————
Le 16 août 1870, à la foire d’un petit village de Dordogne, Alain de Monéys, un jeune noble des environs, pourtant décrit comme « avenant et généreux », est torturé et brulé vivant par la foule après avoir été accusé à tort d’avoir crié « Vive la République ! ».
Cet ouvrage ne relate pas seulement un fait divers particulièrement violent : c’est une enquête sur les mécanismes et la « logique » qui ont en motivé le crime.
Le raisonnement de l’auteur est divisé en quarte chapitres, qui replacent chronologiquement les éléments dans leur contexte et analysent les paramètres qui ont rendu le drame prévisible.
Premièrement, « La cohérence des sentiments » aborde la haine des paysans de la noblesse, leur anti-cléritarisme, les tensions économiques ainsi que la filiation de ces éléments avec le rapport d’attachement, de fidélité à l’empereur. Alain de Monéys ne serait pas assassiné à cause de modalités d’ordre personnel ; il fut plutôt pris comme bouc émissaire, défouloir de l’anxiété et de la colère paysanne.
Le deuxième chapitre, « L’angoisse et la rumeur », dépeint l’affirmation de l’opinion publique rurale : le sentiment patriotique voué à l’empereur est très dominant, on fantasme et s’inquiète des affaires militaires, les rumeurs cherchent un responsable imaginaire aux défaites. On comprend que le mois d’août est une période festive rattachée à l’Empire et que la foire, lieu du crime, attire des individus vivant hors de Hautefaye ; ce n’est donc pas une affaire qui se résume à un village.
Comme son nom l’indique, « La liesse du massacre » (chapitre 3) va directement cibler l’homicide en lui même. Le cousin de la victime serait celui qui a véritablement parlé en la défaveur de l’empereur ; Alain de Monéys est donc une
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