Le suffrage 1815-1914
Dissertation : Le suffrage 1815-1914. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Tiffany Letienne • 27 Janvier 2021 • Dissertation • 1 972 Mots (8 Pages) • 448 Vues
« L’élu de six millions de suffrages exécute les volontés du peule, il ne les trahit pas ». Cette phrase que nous devons à Louis Napoléon Bonaparte en 1850 est ici l’illustre exemple de la vision du suffrage en Europe et cela explique le combat du peuple pour l’obtenir. En effet, il est la représentation « des volontés du peuple » et ainsi, permet au peuple de s’exprimer et d’obtenir ce qu’il souhaite. Cette notion émerge en France avec la Révolution Française bien qu’elle soit déjà présente en Angleterre. L’Europe entre 1815 et 1914, connaît différentes évolutions. Ses contours sont, dans un premier temps, tracés par le Congrès de Vienne en 1815, plaçant les monarques sur leurs trônes légitimes. Ce traçage est explosé par la revendication des nationalités en 1848 suite au Printemps des Peuples et elle finit par être guidée par la volonté d’unifier les populations de 1870 à 1914. De 1815 à 1914, l’Europe est dans l’ère contemporaine qui s’étend donc du Congrès de Vienne à la première Guerre Mondiale. C’est dans cette chronologie que nous allons étudier le suffrage dans l’Europe du Congrès de Vienne (1815-1848) pour continuer par l’analyse du suffrage au lendemain du Printemps des Peuples, mené par une vague libérale (1848-1870) pour finir par approfondir le suffrage de l’Europe à l’aube de la Grande Guerre (1870-1914).
Comme annoncé, nous allons étudier le suffrage dans l’Europe du Congrès de Vienne entre 1815 et 1848. Cette Europe est une Europe des monarques restaurés, aux contours dessinés, qui vise à effacer les traces de la Révolution Française. Ainsi elle place en France Louis XVIII, héritier Bourbon. Ce dernier instaure une monarchie selon la charte. Cette monarchie est qualifiée de
« monarchie impossible » par Pierre Rosanvallon et pour cause, la difficulté pour le roi de régner avec l’héritage de la Révolution Française et de l’Empire qui est intarissable. Le suffrage alors ne peut être inexistant comme il l’était à l’époque moderne. Ainsi, il est décidé que les députés sont élus au suffrage censitaire. Ce type de suffrage est une première victoire mais il se révèle vite insuffisant puisqu’il profite à une élite et donc amène au pouvoir un gouvernement de plus en plus conservateur et qui devient liberticide à son apogée sous Charles X. Le suffrage est alors une liberté très limitée, réservée à l’élite. Ce système s’avère vite insuffisant et le combat pour le suffrage universel n’aura de cesse jusqu’au printemps des peuples qui met définitivement fin à la monarchie.
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Il existe pourtant en Europe un exemple libéral du suffrage. En effet, l’Angleterre, elle, jouit d’une monarchie libérale.
Pour continuer, l’Angleterre du congrès de Vienne est un exemple pour les libéraux. En effet, cette dernier jouit d’un système libéral bien rodé. Dans ce système libéral le vote n’en est pour autant pas universel mais bien censitaire. Le cens est par ailleurs assez élevé, bien assez pour lui aussi réserver le vote à une élite. L’Angleterre est donc libérale mais à un certain prix et nous sommes encore loin du suffrage universel masculin. Cependant, elle reste un exemple puisque dans les royaumes restaurés, le suffrage est inexistant.
Le Congrès de Vienne, comme évoqué, restaure les monarchies, en partie celles bouleversées par les conquêtes napoléoniennes. Grâce à cela, le Congrès de Vienne réussit à enterrer les idées libérales naissantes des nations. Les rois sont complices de ce système. C’est ainsi que Victor Emmanuel 1er, roi du Piémont-Sardaigne, déclare avoir « dormi » pendant la révolution et de cette manière, il efface l’intégralité des libertés acquises avec la dominance napoléonienne, il supprime les constitutions et rétablit les fonctionnaires royaux ainsi que le système des privilèges. Le suffrage est alors inexistant dans les royaumes d’Italie, étroitement surveillés par la puissance Autrichienne. Il en va de même pour l’Espagne qui voit à sa tête un Bourbon, cousin de Louis XVIII, roi de France, qui mène une monarchie autoritaire et absolue sans espoir pour le suffrage censitaire et universel.
L’Europe du congrès de Vienne ne laisse alors que peu de place au suffrage, bien qu’il soit présent de manière limitée (suffrage censitaire) en Angleterre et en France, il est totalement existant dans le reste des royaumes européens et ceux sous étroite surveillance de la puissance autrichienne. Pourtant, le suffrage connaît un tournant avec le printemps des peuples et l’affirmation de nouvelles nationalités jusqu’en 1870.
En effet, le Printemps des Peuples marque un tournant révolutionnaire en Europe et vient bousculer les principes du congrès de Vienne. En France, nous retrouvons l’expérience du suffrage universel. La Monarchie de Juillet renversée, le trône brulé, le gouvernement provisoire composé, entre autres, de Lamartine s’empresse de mettre en place un certain nombre de libertés et parmi elles : le suffrage universel masculin. Il est établit le 5 mars 1848 et est décisif dans l’histoire de la seconde république. Aux premières élections, nous pouvons dénombrer dix millions d’électeurs. Cet événement est important puisque le droit de vote en France n’est plus jamais abolit depuis et il met partiellement fin au règne des élites. Cependant, en Europe et ceux jusqu’en 1870, l’affirmation de
nouvelles nationalités étend considérablement le suffrage en particulier avec l’unification italienne.
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Pour continuer, l’unification italienne bouleverse considérablement les royaumes d’Italie qui devient, de par son unification, une monarchie constitutionnelle. Suite au Printemps des Peuples, Charles-Albert signe le Statut Albertin (statuto) le 4 mars 1848 qui apporte alors une forme de constitution au royaume du Piémont-Sardaigne. Un certain nombre de combats mènent à l’unification complète du territoire. L’unification italienne est achevée par l’expédition des milles organisée par Cavour et menée par Garibaldi qui se charge de rallier les états du sud. Le royaume d’Italie avec sa capitale en Florence est proclamé en 1861. Royaume d’Italie, dans lequel s’étend naturellement le Statut Albertin et par la même occasion le suffrage censitaire. L’Italie unifiée mais pourtant, une Italie réservée à l’élite. Les conditions de vote sont lourdes : il faut avoir
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