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Gouverner la république 1879-1889

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Par   •  3 Février 2018  •  Dissertation  •  1 711 Mots (7 Pages)  •  631 Vues

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Gouverner la République (1879-1889)

        En 1879, le renouvellement du tiers des sénateurs donne la majorité aux républicains au Sénat. Mac-Mahon finit par démissionner le 30 janvier 1879. Le républicain Jules Grévy lui succède. Ce triomphe du législatif sur l’exécutif met fin à la dualité de lecture possible des lois constitutionnelles.  La République s’identifie alors au régime parlementaire et toute tentative pour renforcer l’exécutif semble alors suspecte. Avec la victoire des républicains, s'installe jusqu'à fin du XIXème siècle une république modérée : centre gauche, Union républicaine (Ferry), Gauche républicaine (Gambetta). Mais rapidement, les républicains se divisent notamment sur la « guerre scolaire » puis la question coloniale et doit affronter dans la deuxième moitié de la décennie sa première grave crise, le boulangisme. Aussi peut-on se demander en quoi cette « république des fondateurs » parvient-elle à fonder ses bases, tout en surmontant la crise boulangiste qui rallia contre elle tous ses opposants. Nous étudierons tout d’abord la mise en place de la république « opportuniste », puis son œuvre, avant de présenter le défi boulangiste à la République bourgeoise.

        Aux élections législatives de 1891, les républicains occupent les trois quarts des sièges de la Chambre des députés. Les droites (légitimistes, orléanistes, bonapartistes), opposées et inorganisées, perdent après les élections de 1885 leur influence parlementaire. Le camp républicain est divisé entre « opportunistes » (Gambetta, Ferry) et « intransigeants » (Clemenceau). Ces derniers, radicaux, sont violemment hostiles aux opportunistes. Ils militent pour la suppression du Sénat, une laïcité combattante, l’impôt sur le revenu et contre toute politique coloniale.

Depuis 1879, Jules Grévy (Gauche républicaine) tient le populaire et charismatique Gambetta à l'écart. Mais les législatives de 1881 renforcent l’Union républicaine de ce dernier (100→200 élus /450 républicains). Il forme alors son « Grand ministère », qui ne dure que trois mois : il n’a ni le soutien des leaders parlementaires, ni celui du président Grévy. Les députés se méfient du chef du gouvernement de la Défense nationale, du tribun populaire qui a été le « commis voyageur de la République » sous Mac-Mahon, de l’homme aux idées fluctuantes. Ses projets politiques (modification de la loi électorale, révision de la constitution) inquiètent, puis entrainent sa chute.

Cette république des « fondateurs » devient alors le fruit des ministères Ferry.  Ministre de l’Instruction publique dès 1879, puis deux fois chef du gouvernement (1880-81, 1883-1885), Ferry est l’homme d’Etat qui conduit les réformes des opportunistes à leur terme. Il mène une politique anticléricale en liant ses décisions restrictives aux premiers développements de sa politique scolaire : interdiction des Jésuites en France, fin à la tolérance des congrégations qui n’ont pas d’autorisation, monopole de l’Université pour la délivrance des diplômes, création d’une école normale de jeunes filles dans chaque département, lycées de jeunes filles (loi Camille Sée – 1880), enseignement primaire gratuit (1881), obligatoire et laïque (1882) dispensé par les « hussards noirs » de la République. A cela viennent s’ajouter les différentes mesures de sécularisation de la société : fin de l’obligation du repos dominical, régularisation du divorce (1884), laïcisation des cimetières, des hôpitaux et des tribunaux. Les catholiques y voient un véritable plan de déchristianisation du pays. « Ferry-famine » (surnom dû à son refus de réquisitionner la nourriture durant le siège de Paris) devient « Ferry-Néron » avant d’être honni par les radicaux sous l’appellation de « Ferry-Tonkin » à cause de sa politique coloniale (reprise de l’expansion coloniale en Tunisie, Madagascar, Tonkin). Ces derniers profitent d’un revers momentané au Tonkin pour obtenir la chute du gouvernement Ferry en 1885. Cependant avant de quitter le pouvoir, Ferry mène à bien la révision constitutionnelle de 1884 : le Congrès déclare que la forme républicaine du régime ne peut plus faire l’objet d’une révision constitutionnelle, suppression des 75 sièges de sénateurs inamovibles et cooptés.

Gouverner la République passe ainsi par une consolidation des institutions qui n’est pas sans susciter des débats. En premier lieu, le principe électif est étendu. Depuis 1882 (sauf pour Paris), le maire est élu au SU. La grande loi municipale du 5 avril 1884 consacre la notion d’« affaires de la commune » tout en maintenant la tutelle préfectorale dans le délai d’un mois. L’administration est aussi « républicanisée » : renouvellement du corps préfectoral et des directeurs d’administration, des républicains entrent au conseil d’Etat et une épuration a lieu chez les magistrats du siège (1883).

           Les années 1881-85 sont aussi marquées par les grandes lois de libertés républicaines. Le 29 juillet 1881, la liberté de la presse est reconnue et permet la diffusion des opinions (Le Petit Journal ou Le Petit Parisien à 1 million + presse régionale). Le 30 juin 1881 est reconnue la liberté de réunion. En 1884, le gouvernement autorise les syndicats professionnels. Mais il est contre la liberté d'association qui pourrait faciliter les congrégations religieuses : il faut une autorisation jusqu'en 1901.

        Cependant cette république apparaîtrait-elle comme conservatrice ? la république opportuniste est en effet jugée sévèrement par ses opposants. La droite concentre ses attaques contre « l’école sans dieu » et ses manuels d’instruction morale et civique. La gauche radicale réclame « le maximum de République » (Clemenceau), moque le caractère limité des réformes et s’indigne de l’aspect antinational de la politique coloniale. Les historiens, quant à eux, considèrent que les grandes lois fondatrices de la IIIème République entérinent plus qu’elles ne précèdent une évolution naturelle de la société et de l’économie (ex : les lois sur l’enseignement primaire parachèvent le mouvement biséculaire de scolarisation). Enfin la modération politique de certains grands leaders s’expliquerait par leurs liens avec les milieux d’affaires, traditionnellement plus conservateurs : Ferry fait ainsi preuve d’un conservatisme politique car son but est d’établir un gouvernement fort, moins dépendant des Chambres et capable de faire face aux oppositions.

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