Entre guerres et négociations : les décolonisations françaises et britanniques en Afrique et en Asie de 1945 aux années 1960
Dissertation : Entre guerres et négociations : les décolonisations françaises et britanniques en Afrique et en Asie de 1945 aux années 1960. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Sam Passera • 18 Octobre 2018 • Dissertation • 3 699 Mots (15 Pages) • 724 Vues
Entre guerres et négociations : les décolonisations françaises et britanniques en Afrique et en Asie de 1945 aux années 1960
« La colonisation est plus que la domination d’un individu par un autre, d’un peuple par un autre ; c’est la domination d’une civilisation par une autre ; la destruction des valeurs originales par des valeurs étrangères ». Senghor a dit ça pour montrer le point du vue du colonisé. Pour dénoncer le fait, que l’Occident est arrivé pensant que c’était des terres vides. Or il existe une pré-histoire à la colonisation, une culture et un savoir faire. Tout cela a pu disparaître ou être aplatit du moins. Comme par exemple le développement de l’Islam dans la Kabylie par opposition au régime français. La Kabylie étant à la base peuplé de Berbères et Touaregs non religieux dans le sens monothéiste du terme.
La France et la Grande Bretagne partage la caractéristique d’avoir eu à eux deux, les deux plus grands empires coloniaux. Mais la volonté des peuples de trouver leur indépendance a eu raison des colonies. Pour l’histoire, les colonies furent difficiles à interpréter, dans la perpétuelle recherche de la vérité. Ainsi jusqu’aux décolonisations, l’histoire de la colonisation était interpréter par des personnes des régimes des métropoles. Leur mission était principalement de légitimer la colonisation, de la justifier au près de la population. A la fin du XIXème siècle, il s’agissait de faire transparaitre la politique de Jules Ferry qui parlait de mission civilisatrice de l’homme. Pour les britanniques, motivé par leur statut de première puissance commerciale du monde, par le télégraphe et les bateaux à vapeur, leur empire n’a cessé de grandir et d’être justifié par des principes économiques d’échanges. Dans ces deux pays les cours d’histoire étaient mobilisés pour servir le projet colonial.
Cependant, après les décolonisations, comme il n’y a plus forcément de pays colonisateurs, les nouveaux historiens s’intéressent de plus en plus aux mécanismes de la décolonisation et au mouvement de libération. Dans les différents pays, l’approche est ici partisane, les historiens se basent simplement sur l’histoire immédiate. Mais durant les années 1980 en Europe, les régimes coloniaux suivant n’ont pas suivi les principes de démocratie comme réclamé lors de la libération, comme la société de Caste indienne ou le sens de l’expression « françafrique ». Les post-colonial studies se penchent sur de nouvelles questions comme plaçant la présence colonial comme l’avènement de la modernité des colonies, ou se concentrant de plus en plus sur le domaine économique. L’apparition parallèle des subaltern studies, qui partent d’avant la présence coloniale avec un mouvement très fort en Inde.
Plus proche dans le temps, la loi du 23 février 2005 montre les problèmes ambigus que peut constituer l’enseignement de la colonisation. L’article 4 de cette loi a engendré une polémique avec une phrase comme « les programmes scolaires reconnaissent en particulier le rôle positif de la présence française ». Au delà même de l’apprentissage, il existe des difficultés pour les historiens de rester impartial et de jouer leur rôle de découvreur de la vérité.
Ainsi entre guerres et négociations, les décolonisations françaises et britanniques n’ont pas été écrites de manière uniforme. Ce que l’on entend par guerre est assez large, car normalement cela suppose deux états en conflit, mais il s’agit ici d’un peuple qui se soulève face à une domination venue d’ailleurs. Dans l’expression de la guerre, il peut donc y avoir les conflits armés rangés, mais aussi les répressions violentes de manifestation. L’aspect de la négociation est qu’il n’y a pas que eu des décolonisations dans le sang, certaines furent plus pacifiques. C’est pourquoi on peut se demander si les décolonisations britanniques et françaises sont si différentes que ça ? Dans quelle mesure les différentes décolonisations ont abouti au même résultat ? Surtout que l’on a toujours avancé la décolonisation française comme étant plus violente. On peut ajouter quels apports a eu l’historiographie depuis les décolonisations.
Nous verrons en première partie les différentes raisons de la décolonisation (I), puis les procédés de l’émancipation des peuples face aux métropoles britanniques et françaises (II), pour ainsi voir que les décolonisations britanniques et françaises sont assez similaires (III).
Les raisons de la décolonisation
On se rend compte que la Seconde Guerre mondiale a bouleversé l’équilibre entre les métropoles et les colonies, les britanniques et français étant affaibli par le conflit (A). Mais on peut aussi dire qu’elle n’a finalement qu’exacerbé les tensions sous-jacentes de l’entre-deux guerres (B). L’immédiat post-1945, démontre une nouvelle période pour la colonisation (C)
L’impact de la Seconde Guerre mondiale
La Seconde Guerre mondiale a constitué un incroyable accélérateur de l’histoire comme le disait Lénine. C’est le cas pour les colonies. La première raison est l’affaiblissement des deux grands empires coloniaux, ils ne pouvaient plus assumer le coût de la répression dans leurs empires respectifs. Certains des milieux d’affaires de l’époque saisissaient déjà l’importance de la coopération et des échanges avec les Etats-Unis ou de se concentrer sur la construction européenne. Car en effet, les colonies coûtent cher, aussi bien en infrastructures qu’en maintenant une administration sur place, plutôt que de simplement créer un partenariat économique ou culturel. Rapidement les opinions occidentales comprennent rapidement que la colonisation ne marche plus. Les peuples colonisés regardent avec stupeur leur puissance coloniale s’affaiblir. On peut voir les Japonais envahir très facilement l’Indochine et la Malaisie, respectivement française et britannique. Les japonais joueront sur le sentiment nationaliste des peuples d’Asie pour promouvoir l’indépendance. Le mythe de la supériorité de l’homme blanc occidental, base de la domination idéologie est ébranlé.
On peut tout de même noter que les contingents des armées de la Seconde Guerre mondiale ont grandement été aidés par les colonies. En effet, plus de deux millions d’Indiens pour l’armée britannique et les aides de l’Afrique du nord et de l’Afrique Noire pour l’armée libre du général De Gaulle.
Un conflit qui fait ressortir des velléités préexistantes
La Seconde Guerre mondiale a permis d’extrapoler des revendications déjà présentes durant l’entre deux guerres. C’est le cas de l’Inde britannique, certaines mesures d’autonomie ont été prises vers la fin du XIXème siècle. La Couronne anglaise a accepté d’intégrer des conseillers indiens auprès du vice-roi britannique. Même si la mesure est en trompe-l’œil puisqu’ils n’ont aucun pouvoir. La politique la plus effective fût celle de mettre en place des conseils provinciaux avec des membres indiens. Cela leur permettait de participer aux conseils législatifs et d’agir un peu sur la vie des indiens. Mais ces mesures sont l’arbre qui cache la forêt de la revendication. En 1920, le parti du Congrès change de nature pour devenir un mouvement de masse combattant la domination anglaise. Tout cela grâce à Gandhi qui a voulu passer à une autre étape des revendications.
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