Contexte géopolitique d'avant guerre à travers le prisme de Jean Jaurès.

Commentaire d’un texte

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k56128693/f3.image.texteImage source Bibliothèque nationale

Jean Jaurès : discours de politique d’avenir

Suite au traité de Francfort, la France se voit amputer l’Alsace Lorraine, elle est contrainte de payer durant les deux années qui suivent d’énormes réparations de guerre, un montant s’élevant à cinq milliards de francs. Au sein de ‘’l’orchestre ‘’ européenne, la France perd sa place comme nation hégémonique tandis que l’Allemagne s’érige en tant que première puissance européenne. Le chancelier Bismarck entamera une politique extérieure connue comme ‘’le système Bismarck’’ qui cherchera à isoler la France et établir de alliances avec les grands états européens. En 1883 l’alliance appelée la Triplice est formée, alliant l’empire russe, l’Autriche Hongrie et l’Italie à l’empire allemand. Cette politique s’inscrit dans la tradition allemande de la Realpolitik.

De son côté la France, par initiative du cabinet Ferry, se tourne vers son empire colonial afin de pouvoir maintenir une certaine influence sur le cadre géopolitique européen et international. Avec la consolidation de la IIIème République la France entame une période de réarmement (résolution votée par l’assemblée nationale en 1875) ce qui créer une certaine méfiance chez les allemands d’une volonté de revanche. Le journal allemand Die Post publie une première page sous le titre La guerre est-elle en vue ? La rivalité franco-allemande s’accentue. Durant les années suivantes, sous la présidence de Clémenceau, la France réussit à consolider différentes alliances avec la Russie (malgré les disparités entre les deux régimes) et une entente cordiale avec le Royaume-Uni.

Dans le cadre de la Weltpolitik allemande, l’empire décide d’intensifier sa politique coloniale, ce qui l’entrainera dans des rivalités avec les deux grandes puissances coloniales établies en Afrique. En 1905 à Tanger, Guillaume II se prononce contre le protectorat français au Maroc, et dans un discours il appelle à la création d’un état libre et indépendant qui défendrai les intérêts allemands au Maghreb. Cette intervention fut perçue comme une ingérence provocative par la République, qui se considérait l’unique état légitime à posséder le Maroc. La démarche allemande déclenche une crise diplomatique européenne qui prend fin lors de la signature du traité d’Algesiras, durant lequel les allemands abandonnent toute prétention coloniale sur le Maroc. Une situation similaire se produira en 1911 à Agadir, lors de la révolte contre le sultan Mulay Abd al-Hafid, durant laquelle l’Allemagne enverra une canonnière dans la baie de d’Agadir, ce qui avivera dangereusement les tensions franco-allemandes sur la question coloniale marocaine.

Une crise au sein des secteurs intellectuels commence à se propager au sein des auteurs français durant les années 1870, selon l’idée que les auteurs allemands auraient dépassé les français en termes de réflexion et de qualité des ouvrages. Naît ainsi un complexe d’infériorité français qui se prolongera durant la fin du XIXème siècle.

Dans les Balkans, les tensions nationalistes et belliqueuses sont chaque fois plus fortes. Le terme ‘’poudrière balkanique’’ est souvent utilisé pour désigner l’état de la situation diplomatique dans la région. Les nationalistes serbes amorcent un mouvement d’indépendance pour libérer les territoires bosniaques de la domination autrichienne, tandis que les allemands et le britanniques manifestent leurs intérêts nationaux dans la région. La crise balkanique de 1913 et postérieurement l’assassinat de l’archiduc, seront la détente de la Grande Guerre.

Dans un cadre plus global, cette fin de siècle voit la naissance de nouveaux états qui vont s’ériger au rang de puissances, avec la capacité de concurrencer le vieux continent, c’est le cas des EUA et du Japon.

L’Europe repose ainsi sur l’équilibre des puissances, un équilibre qui commence a être compromis.

C’est dans ce contexte que le socialiste Jean Jaurès prend la parole à l’Assemblée Nationale en 1909.

Jean Jaurès, né à Castres en 1859, décédé à Paris en 1914, est un homme politique socialiste français, député de 1885 à 1914 et président du parti socialiste français de 1902 à 1905.

Il débute sa carrière politique en militant dans la formation des républicains modérés, puis il intègre les socialistes indépendants. Suite à la grève de Carmaux, où il prendra la défense des miniers et agira en tant que leur porte-parole, il adhérera définitivement au socialisme, se consolidant comme fort penseur du courant. Il participera également à la création de la section française de l’internationale ouvrière (SFIO) en fusionnant le parti socialiste français et le parti socialiste de France.

Pendant ses mandats comme député, il prendra part aux grands événements politiques de la fin du XIXème siècle et de la belle époque. Il aura un rôle de porte-parole durant les grandes grèves de l’époque, il sera l’un des rédacteurs de la loi de séparation de l’église et de l’état, il sera un des acteurs principaux de l’affaire Dreyfus, en tant que défenseur de l’impartialité et de l’indépendance du pouvoir judiciaire. Nous pouvons également ajouter qu’il fut le fondateur et le président du journal l’Humanité, lequel il présidera jusqu’à sa mort en 1914. Son dévouement pour l’internationale le poussera à militer pour l’unification du prolétariat européen, notamment en se prononçant contre la guerre favorisant la coopération et la diplomatie. En effet, sa lutte contre le nationalisme et le militarisme sera une priorité durant les années 1910, une pensée qui orientera la politique du parti socialiste de l’avant-guerre.

Le texte étudié est une retranscription de son discours face à l’Assemblée Nationale le 18 Novembre 1909, où il traite le sujet du croissant militarisme en Europe. Jaurès parle en tant que député pour le parti socialiste français, la source du document est la rubrique sur le conflit 14-18 du site web de l’Assemblée Nationale.

Nous allons donc problématiser ce texte de la façon suivante, afin de pouvoir étudier la réalité géopolitique européenne. Comment le discours de Jaurès illustre-t-il l’actualité géopolitique européenne et internationale à travers le prisme français, notamment la rivalité entre l’Allemagne

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