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Catéchisme du révolutionnaire, Sergeï Netchaïev

Commentaire de texte : Catéchisme du révolutionnaire, Sergeï Netchaïev. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  19 Mars 2021  •  Commentaire de texte  •  2 201 Mots (9 Pages)  •  489 Vues

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Amandine PERRIN

Histoire de la Russie (TD)

Le catéchisme du révolutionnaire

Attribué à Serge Netchaïev

        « Serge Netchaïev est arrivé peu à peu à se convaincre que pour fonder une société sérieuse et indestructible, il faut prendre pour base la politique de Machiavel et adopter pleinement le système jésuite — pour corps la seule violence, pour âme le mensonge. La vérité, la confiance mutuelle, la solidarité n'existent qu'entre une dizaine d'individus qui forment le sanctus sanctorum de la société. Tout le reste doit servir comme instrument aveugle et matière d'exploitation aux mains de cette dizaine d'hommes. Il est permis et même ordonné de les tromper de les compromettre, de les voler et même au besoin de les perdre. » — Boris Souvarine, dans Staline, aperçu historique du bolchevisme (1935), rapporte ainsi les propos de Mikhaïl Bakounine, qui rédigea en partie aussi sur le Catéchisme révolutionnaire, après s’être brouillé avec Netchaïev, parce qu’il ne partageant pas les idées les plus extrémistes de ce dernier, rédigeant donc seul son Catéchisme. Les deux hommes s’étaient rencontré à Genève, alors que Netchaïev, fuyait l’Okhrana. Il était en effet connu pour être un révolutionnaire qui, lorsqu’il retourna à Moscou en 1869 créa le groupe révolutionnaire « la Vindicte du Peuple » et organisa notamment l’assassinat d’un étudiant qu’il accusait de trahison. Alors que Netchaïev est a nouveau contraint de fuir, pendant le procès de ses complices à Saint-Pétersbourg, la presse publie certains extraits de son traité Le Catéchisme du Révolutionnaire.

Elaboré en 1868, le Catéchisme du Révolutionnaire entre dans le contexte des changements majeurs dans l’histoire des idées en Russie, dans les années 1840. Les élites cherchent désormais une explication au monde et une certaine éthique. En particulier, l’année 1848 est celle des révolutions identitaires qui bouleversent les esprits et avec elles, apparaissent un certain radicalisme. Le courant anarchiste se croisent rapidement avec les nihilistes qui prônent un monde dénué de sens et de signification propre.

Ce Catéchisme du Révolutionnaire se divise en plusieurs partie, dont la première s’attache à l’« Attitude du révolutionnaire envers lui-même », puis à l’« Attitude du révolutionnaire envers ses camarades », par la suite, dans une troisième partie, Netchaïev décrit l’attitude du révolutionnaire envers la société pour finalement s’intéresser à la relation entre le révolutionnaire et le peuple.

Ainsi nous pouvons nous demander : quelles sont les caractéristiques de la Révolution  et du révolutionnaire propres à la théorie de Netchaïev ?

Il convient tout d’abord de s’intéresser à l’organisation présentée par Netchaïev de la Révolution, puis à la Révolution en elle-même, ses objectifs et ses caractéristiques.

I - UNE REVOLUTION ORGANISÉE

                A. PRINCIPES GÉNÉRAUX

Dans un premier temps, retraçons donc les principes généraux de la Révolution, de ses objectifs à son déroulement.

Tout d’abord, il s’agit de détruire l’ordre ancien pour aboutir à des changements politiques, économiques et sociaux. Cette première étape vise à sortir le peuple de l’oppression. Netchaïev parle « d’entière libération et bonheur du peuple », et que « seule peut-être salutaire au peuple une révolution qui détruira jusqu’aux racines de l’Etat ». Ainsi, les révolutionnaires doivent détruire l’ordre ancien, mais le détruire de sorte à ce que cette destruction serve l’intérêt du peuple.

Netchaïev mentionne qu’il y a déjà eu plusieurs tentatives de rébellion (Pougatchev - 1773 par exemple ; par ailleurs, Ignatovitch une historienne soviétique en compte 474 rien que sous le règne d’Alexandre II), qui traduisent un mécontentement du peuple. Peuple qu’il faut investir pour que la Révolution destructrice  parvienne à ses fins, mais il est nécessaire qu’il soit encadré par les révolutionnaires.

                B. UNE ORGANISATION POPULAIRE ET HIERARCHISÉE

Pour Netchaïev, le révolutionnaire doit donc être infiltré dans chaque couche sociale de la société, il doit ne vouer fidélité qu’en la révolution, mais prétendre faire partie de la société afin de la renverser de l’intérieur : « le révolutionnaire peut et doit vivre au sein de la société et paraître tout différent de ce qu’il est en réalité ». Le peuple n’est pas définit comme la société, qui pour lui l’est par les institutions, la hiérarchie et les personnes qui ont le pouvoir ; le peuple représente bien plus une masse non organisée qui englobe les travailleurs et les exploités.

Selon lui, seule une révolution populaire serait efficace, il faut faire naître une conscience révolutionnaire chez les opprimés, en accentuant leurs souffrances, pour qu’ils trouvent le courage de se révolter : « la Confrérie contribuera de toutes ses forces et de toutes ses ressources au développement et à l’extension des souffrance qui épuiseront la patience du peuple et le pousseront à un soulèvement général ». Cette idée est en partie reprise à la philosophie d’Hegel, philosophe de la négativité, et sera reprise plus tard par Marx qui affirme qu’afin de renverser la féodalité, l’activisme doit aller dans le sens de l’histoire dont le déroulement est inéluctable. Ainsi le peuple doit se révolter pour cause de souffrance, alors il faut exacerber les souffrances du peuple pour hâter la Révolution.

Netchaïev montre que chacun des révolutionnaires possèdent un « grade » et un rôle précis dans la révolution. Il crée une distinction entre les révolutionnaires « initiés » qui doivent « utiliser comme du capital pour la révolution » les révolutionnaires non-initiés. Nous pouvons donc distinguer deux catégories de militants : ceux qui sont éclairés qui dirigent et pilotent, et ceux qui sont débutants qui sont traités comme des outils dans l’intérêt, toujours, de la Révolution.

La « société révolutionnaire » est donc bien organisée et réglementée : « les camardes révolutionnaires doivent autant que possible discuter en commun et résoudre à l’unanimité toutes les affaires importantes. Mais, en ce qui concerne l’exécution du plan conçu, chacun doit travailler seul à la réalisation de l’action destructive ».

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