LE COURONNEMENT D’OTTON 1ER SELON WIDUKIND DE CORVEY
Commentaire de texte : LE COURONNEMENT D’OTTON 1ER SELON WIDUKIND DE CORVEY. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar viicc43 • 21 Février 2019 • Commentaire de texte • 1 909 Mots (8 Pages) • 2 941 Vues
Le couronnement d’Otton 1er selon Widukind de corvey
Widukindi monachi Corbeiensis rerum gestarum Saxonicarum libri tres, éd. G. Waitz et K. A. Kehr, P. Hirsh et H.-E. LOHMANN; 5ème édition, Hanovre, 1935 (Scriptores rerum Germanicarum in ususm scholarum, 62)
Introduction 2
Un nouveau roi/empereur acclamé… 2
… Dans la lignée de l’héritage romain 2
… Dans la lignée de l’héritage carolingien 2
… Dans la lignée de l’héritage germanique 3
Un sacre à haute symbolique politique et religieuse 3
La dialectique élective et nominative du Roi : une union des peuples corrélée au sacré 3
Le sacre comme démonstration de la souveraineté ecclésiastique germanique 4
Les Regalia, symbolique d’une puissance à tous les niveaux 4
Conclusion 4
Bibliographie 4
Introduction
E
ginhard, au sein de sa Vie de Charlemagne, écrivait que « Les Saxons ont été uni aux Francs pour devenir avec eux un seul peuple. ». Ainsi, cette citation prophétique seule serait-elle suffisante pour démontrer que le nouveau Roi Otton 1er souhaite outre clairement unifier des peuples qui étaient soumis à des divisions internes, mais également pour illustrer le besoin de légitimité exprime Otton, en se plaçant en digne héritier de l’empereur Charlemagne. Presque éponyme de son surnom, Othon le Grand, Otton 1er – né le 23 novembre 912 en Saxe, et mort en Thuringe le 07 mai 973 – semble avoir laissé dans l’histoire médiévale allemande, le souvenir d’un royaume germain rayonnant et emplis de prestige.
En ce sens, le texte étudié est un extrait du texte de Widukind, moine de l’abbaye de Corvey. Né au sein d’une famille aristocratique saxonne en Westphalie, il est proche de la famille royale, puis impériale. C’est en ce sens qu’il rédige à partir de 968 l’Histoire des Saxons, en latin médiéval[1]. Bien que les écrits du moine soient considérés par les modernes comme des sources historiques importantes pour le Xe siècle, il faut toutefois émettre quelques réserves en ayant à l’esprit que les faits ont été rédigés a posteriori par l’auteur, le tout, teinté de romance. C’est ainsi que dans cet extrait, Widukind relate de manière dithyrambique et teintée de patriotisme saxon, le déroulement du sacre d’Otton en 936, au sortir d’un conflit successoral en 911, marquant la fin de l’Empire Carolingien. En ce sens, dans la lignée du retour des saxons sur le trône, Otton prend la relève de son père, le roi Henri 1er l’Oiseleur.
Ainsi, a posteriori, nous observerons ici les procédés qu’utilise Widukind de Corvey pour tenter de légitimer, glorifier et mythifier la figure d’Otton 1er.
Si l’auteur nous relate laconiquement le sacre royal d’Otton, emplie de symboles politiques et religieux, l’on peut également voir que le roi cherche à faire consensus parmi ses sujets, ce qui laisserait entrevoir l’idée d’un roi « quasi-empereur » en puissance.
Un nouveau roi/empereur acclamé…
En s’unifiant aux alentours de 900, autour de la figure de Conrad de Franconie, les seigneurs allemands mettent donc un terme à l’ascendance dynastique directe carolingienne. A sa mort, ce roi désigne en 918 le duc Henri de Saxe. Ainsi, lui-même désigné pour prendre la succession, Otton cherche-t-il à renouer avec la tradition carolingienne, ce qui laisserait apparaître l’esquisse d’un empire, dès son couronnement royal en 936.
… Dans la lignée de l’héritage romain
Widukind tente en ce sens de légitimer la personne d’Otton à régner sur le royaume, en utilisant un certain nombre de références au passé afin de mythifier et glorifier la nouvelle dynastie, en la rattachant à l’ancienne.
En effet, l’auteur met en lumière dans son propos des liens avec le passé romain, symbole de puissance et de prestige : “ Cette localité est proche de Juliers qui porte le nom de son fondateur Jules César.” (l.4)
En ce sens, les ottoniens ont toujours revendiqué leurs origines romaines. L’évocation de cette ville serait sensée donner du prestige au royaume saxon, dans la lignée de l’empereur Charlemagne, qui se plaçait lui-même dès l’an 800 en digne héritier de l’empire romain[2].
Toutefois, l’on pourrait adopter une position critique face à ce qu’avance hâtivement l’auteur dans la mesure où cette supposée attribution à César, la ville de Julius relèverait purement du fictionnel. Si l’empereur romain n’y a fait qu’établir un camp et romaniser son patronyme, la ville, d’origine barbare aurait été fondée III siècle avant Jésus-Christ.
Si l’invocation à l’Empire Romain est importante ici, elle n’est pas la seule source auquelle se revandandiquerait Otton.
… Dans la lignée de l’héritage carolingien
En effet, les références à l’empire carolingien de l’empereur charlemagne sont également nombreuses.
A la ligne 3, l’auteur écrit que les grands seigneurs « décidèrent que le lieu de cette élection générale serait le palais d’Aix-la-Chapelle. ». En ce sens, Widukind de Corvey ici, donne au roi la figure de Charlemagne, en utilisant la ville d’Aix-la-Chapelle comme lieu traditionnel de la continuité saxonne. De plus, l’invocation de cette ville impériale est également le moyen d’illustrer la volonté de relier les terres de la Léthargie, divisée en 843 en deux parties, avec le royaume de Germanie.
… Dans la lignée de l’héritage germanique
De manière plus directe, Otton, par l’œil de Widukind, semble se placer en digne successeur de l’entreprise d’Henri 1er et du royaume saxon, crée par son prédécesseur. En ce sens, dès la première ligne de l’extrait, l’auteur rend hommage à l’ancien roi : « Henri, le père de la patrie, le plus grand et le meilleur des rois ». En effet, l’auteur sous-entend que les succès rencontrés par Henri l’Oiseleur, notamment grâce au fait qu’il ait pu obtenir le ralliement des ducs à a la couronne royale et la reconnaissance de son autorité et de sa légitimité royale sur les terres de Lotharingie, de Souabe, de Franconie et de Bavière. Ainsi, en tant que fondateur du royaume de Germanie, Henri premier est ici une référence solide et démiurgique pour le nouveau roi Otton, laissant entendre qu’il poursuivrait « l’œuvre » de son père comme ordre naturel des choses.
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