De l'empire carolingien au monde féodal

Chapitre 1 : De l’Empire carolingien au monde féodal

Rois, princes et aristocraties de 888 à la première moitié du XIIe siècle

Introduction :

En 887, c’est la dynastie carolingienne qui est au pouvoir. Lebref au pouvoir depuis 851. C’est la dynastie de Charlemagne couronné empereur en 800, possède une œuvre d’expansion géographique, d’organisation et d’unification. Pendant la première moitié du 9e siècle, elle s’est dotée d’une culture carolingienne. Tout cela n’a pas duré, car des 843, l’Empire périclite. Il est partagé en plusieurs royaumes. Tentative d’unification tardive en 885, quand l’Empereur Charles Legros recueille tous les royaumes issus de l’ancien empire de Charlemagne. Charles Legros n’a pas les compétences. Il est le dernier souverain à avoir régné de manière éphémère sur l’ancien grand royaume des francs. C’est le dernier empereur carolingien. Par contraste avec le 9e siècle, le Xe et XIe siècle font figure de siècles très troublés que l’on a longtemps appelé d’« anarchie féodale ». C’est une phase de conception de l’époque moderne.

Avoir des fidèles = gagner des guerres

1. Des Carolingiens aux Capétiens : rois et royaumes au Xe siècle

1/ Des rois élus hors de la dynastie carolingienne

En 887, Charles Legros est renvoyé par une assemblée de grands (élite aristocratique), originaires de Francie Orientale (ancienne Allemagne), car il n’avait pas réussi à se faire de réels fidèles. Un autre personnage arrive alors, ils choisissent Arnulf, le neveu de Charles, un carolingien. Très peu de temps après en 888, plusieurs autres personnages se font reconnaître eux aussi comme Roi, dans d’autres parties de l’ancien empire, ce qui aboutit à l’éclatement de cet empire.

En Francie occidentale, le Roi Eudes. En Bourgogne, c’est Rodolphe. En Provence c’est Louis fils de Boson. Ils sont élus par une assemblée de grands aristocrates (grands laïcs et grands ecclésiastiques). Ils viennent en réalité des mêmes familles et des mêmes réseaux. Ils sont élus dans des parties du royaume dans les aristocraties locales/régionales. Ceux qui ont choisi Eudes à l’Ouest est implanté à l’Ouest. Il fait partie du réseau des habitants de l’Ouest. Tous, sont étrangers à la dynastie carolingienne, qui avait donné tous les rois et tous les empereurs depuis 851. Leurs familles étaient des familles bien placée dans l’Empire carolingien. Pour le dire autrement, Arnulf, Eudes, et Louis fils de Bosson ont été élus par leurs pères. Ils ont été élus dans des lieux symbolique du pouvoir carolingien (Eudes a été élu au palais de Compiègne, un des plus grands palais carolingien).

Tous les nouveaux rois reconnaissent une sorte de suprématie d’Arnulf, mais cette suprématie n’est habituellement pas pratiquée.

2/ L’instabilité des dynasties royales

L’éclatement de l’empire carolingien génère une crise politique durable pendant environ 60 ans. Il n’y a pas de stabilité à la tête de ces États. Il y a une compétition permanente entre les grands (aristocrates). En Francie occidentale, la période est marquée par un affrontement permanent pour le pouvoir royal. En 888 est élu Eudes, il a un concurrent : Charles V, qui conteste l’élection d’Eudes et qui finit par être lui aussi Roi, par une autre assemblée d’aristocrates. Il se fait élire alors que Eudes est toujours vivant. En 893, il y a deux rois, chacun avec ses soutiens. Cela va durer 5 ans jusqu’à la mort d’Eudes. Charles est contesté et cela débouche en 922 sur la déposition de Charles V, par une assemblée d’aristocrates, qui élit un nouveau roi, Robert, le frère d’Eudes. Robert est tué l’année suivante, dans un conflit interne à l’aristocratie. EN 923, les frères sont morts. En 923 on élit un nouveau roi, Raoul jusque-là Duc de Bourgogne, qui n’est pas carolingien, et qui n’a pas de parenté directe avec Eudes et Robert, c’est une autre famille, celle des Ducs de Bourgogne. Cependant, quand le Duc de Bourgogne meurt, ce n’est pas la famille du Duc qui se perpétue. C’est un gros problème. En 936, on va chercher un Carolingien, Louis IV d’Outremer. À partir de là, l’aristocratie maintien au pouvoir des carolingiens de père en fils jusqu’en 987 (Les trois carolingiens qui se succèdent : Louis IV, Lothaire IV, Louis V mort en 987). Cette instabilité montre deux choses : l’aristocratie est toute puissante, elle peut faire et défaire les rois, c’est elle qui contrôle la royauté. La famille Carolingienne, n’apparaît plus comme seule légitime pour exercer le pouvoir royal. D’autres familles peuvent paraître aussi légitime.

3/ L’émergence des Robertiens

Les Robertiens sont les descendants de Robert le Fort. Un grand aristocrate du 9e siècle (juste avant le début du programme). Il était marquis de Neustrie, une région qui séparait la seine et la Loire (c’est l’ancienne Normandie) à l’époque de l’empereur Charles le Chauve (843-877). Robert le Fort a servi Charles le Chauve, il n’imaginait pas être ensuite Roi. En 936, le fils du Roi Robert, Hugues Legrand (897-956) aurait pu être candidat pour la royauté, après la mort de Raoul de Bourgogne, mais ne l’a pas fait volontairement. Il a préféré une stratégie de dissimulation. Il n’a pas voulu se retrouver comme étant la marionnette des aristocrates, et alors restait le plus grand aristocrate. Il a alors mis Louis IV sur le trône, et a dicté a Louis IV ce qu’il devait faire, pendant toute sa carrière. Pour le remercier, Louis IV lui a conféré un titre nouveau « le Duc des francs ». Un Duc, cumule plusieurs Comtés. Quand on est Duc d’Aquitaine, on commande en Aquitaine. Quand on est Duc des Francs, on commande tous les francs. Hugues Legrand dispose le réseau de fidèles le plus important, il possède tous les Comtés entre la seine et la Loire et contrôle toutes les institutions de cette zone-là. Quand Hugues Legrand est mort, son fils était très jeune. Hugues Capet, son fils, aurait pu échapper à l’héritage de son père. Flottement au début du Xe siècle, mais Hugues Capet (941-986) arrive ensuite est capable, il gère les fidélités, dirige les armées et s’affirme autant que son père. Hugues Capet a bien compris comment il fallait s’imposer. Les carolingiens de l’Ouest, Louis IV, Lothaire IV et Louis V sont beaucoup moins puissants que les Robertiens. Ils ont pourtant l’intention de retourner à l’Est, la Germanie (ancienne Allemagne), ils veulent récupérer leurs terres. Hugues Capet a alors négocié une alliance avec l’empereur Germanique et prend en tenaille les possessions carolingiennes et leur ont fermé la porte à une expansion vers l’est, en leur prenant la place. Il a réuni ses fidèles et donc à l’arrivée il est roi (car il a plus de fidèles). En 987, il se fait élire Roi des Francs et évince définitivement la famille Carolingienne. Hugues Capet a mis fin à l’instabilité dynastique, et a créé les conditions pour que ses enfants puissent lui succéder : il a associé son fils ainé, Robert le Pieux (970-1031), au trône. Lui-même, a reçu le sacre, et a fait sacrer son fils de son vivant, et bien en l’état de gouverner. Robert est associé aux affaires, il travaille avec son père. Pour le Roi d’après, il n’y aura pas le choix, ce sera le fils de Robert le Pieux.

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