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Contexte culturel et intellectuel dans le royaume franc au IXe siècle

Fiche : Contexte culturel et intellectuel dans le royaume franc au IXe siècle. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  14 Novembre 2019  •  Fiche  •  2 653 Mots (11 Pages)  •  756 Vues

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Contexte culturel et intellectuel dans le royaume franc au IXe siècle

Des centres culturels multiples

Posséder une bibliothèque est une grande richesse au haut moyen âge, du fait de la rareté et du prix élevé du livre. Après la chute de l’empire romain, on observe un regain d’intérêt pour les livres, dont la possession devient le signe d’une bonne éducation et d’une bonne condition sociales, à l’heure où les structures romaines s’effondrent. Sidoine Apollinaire exprime cela clairement dans une lettre adressée à un grammairien Johannes : « Maintenant que n’existent plus les degrés de dignité qui permettaient de distinguer les classes sociales de la plus humble à la plus élevée, le seul signe de noblesse sera désormais la connaissance des lettres ». Entre le VIe et le IXe siècle, les monastères s’enrichissent peu à peu, ce qui leur permet de construire une bibliothèque, un scriptorium et de consacrer plus de temps à l’étude des textes ainsi qu’à leur copie.

Par ailleurs, après la chute de l’empire romain d’Occident, le centre de l’Europe occidental se déplace de la Méditerranée vers le Nord, du fait des invasions arabes en Espagne et en Afrique du nord ainsi que de la christianisation des îles britanniques et cela même si l’Italie conserve son prestige. Les échanges se développent durablement autour de la Manche et de la mer du Nord à partir du VIIe siècle. Quelques centres politiques et culturels attirent de nombreux intellectuels et ont permis un renouveau intellectuel, notamment à Pavie, capitale Lombarde dans le Nord de l’Italie. Pavie devient en effet un centre où plusieurs grandes figures vont étudier ou au moins s’y rendre, par exemple Paul Diacre qui se forma probablement à la cour du roi Lombard Ratchis au VIIIe siècle, mais aussi Pépin, fils de Charles Martel qui l’y envoie en 734 pour parfaire sa formation. Par ailleurs, la papauté affirme son indépendance du pouvoir byzantin ainsi que son prestige à partir du VIIIe siècle. En 692, le pape Serge Ier est convoqué par l’empereur byzantin Justinien II lors d’un concile destiné à réformer le droit canonique, mais le pape refuse les canons imposés par le concile. L’empereur tente alors de l’enlever de force hors de Rome mais son opération échoue grâce aux milices de Rome et de Ravenne. Cet épisode confirme la volonté d’indépendance de Rome face aux Byzantins. De nombreux pèlerins vont à Rome afin de voir les sépultures des apôtres et des martyrs, mais nombreux sont aussi ceux qui s’y rendent du fait de la richesse culturelle de la ville et de la concentration de manuscrits que l’on peut y trouver. On peut citer le cas, parmi tant d’autres, de Benoît Biscop, fondateur des monastères Saint-Pierre de Wearmouth et Saint-Paul de Iarrow, qui effectua plusieurs voyages jusqu’à Rome dans le but de ramener des manuscrits pour remplir les bibliothèques et pour parfaitement diffuser la liturgie romaine et la doctrine catholique. Dans tout l’Occident, les monastères reçoivent des manuscrits venant de Rome, certains deviennent à leur tour de grands centres culturels, tel que le Mont-Cassin après l’arrivée de Paul Diacre, Bobbio où seront recopiés de nombreux textes profanes. En Gaule, Saint-Denis reste le grand centre d’étude du nord du royaume franc, notamment grâce aux nombreux documents rapportés de Rome par des pèlerins.

Les monastères espagnols s’enrichissent aussi de nombreux livres venus d’Afrique au VIe siècle, apportés par des moines qui fuient l’expansion musulmane. La conquête musulmane de l’Espagne en 711 force à nouveau ces intellectuels à se réfugier derrière les Pyrénées, emportant avec eux de nombreux manuscrits provenant d’Afrique du Nord et de la péninsule ibérique.

Dans les îles britanniques, un grand dynamisme intellectuel voit le jour au VIIe et VIIIe siècle, Bède le Vénérable a vécu ainsi quarante ans au monastère de Iarrow, années pendant lesquelles il écrivit de manière prolifique : traités de grammaire, ouvrages scientifiques, historiques, comput, commentaires exégétiques, vies de saints, ainsi qu’une traduction de l’Evangile de saint Jean en anglo-saxon. Par ailleurs, la réputation des monastères irlandais s’étend alors bien au-delà des côtes de l’île car des étudiants s’y rendent pour étudier la grammaire, les écrits bibliques ou encore la géométrie.

On peut donc voir que les contacts entre les différentes parties de l’Europe ont été nombreux, à travers la transmission des textes antiques et grâce aux déplacements des savants.

Un pouvoir politique fort à l’origine de la Renaissance carolingienne

Pépin le Bref entreprend avec son frère Carloman une réforme en profondeur, à la fois morale, intellectuelle et dogmatique, de l’Eglise franque. L’évêque de Metz Chrodegang (à partir de 742), écrivit la « Règle des chanoines », en s’inspirant de la règle bénédictine et de la façon de vivre des moines. Diffusée d’abord à Metz, elle s’étend par la suite à tout le royaume, permettant ainsi une meilleure instruction des clercs dont notamment les évêques. Par ces efforts en faveur de la liturgie romaine, Pépin le Bref scelle une alliance avec la papauté. On a conservé ainsi quarante-trois lettres de hauts dignitaires de l’Eglise à Rome qui lui sont adressé, signe de l’importance des échanges. De plus, de nombreux clercs se rendent à Rome pour se former à la liturgie romaine.

A sa suite, Charlemagne va poursuivre cette ouverture culturelle et intellectuelle du Royaume franc. Il est très marqué par la vie culturelle dans la péninsule italienne, ce que peuvent montrer ses trois pèlerinages à Rome : en 774, 781 (pendant lequel il sacre ses fils respectivement roi d’Italie et roi d’Aquitaine) et 786, ses deux campagnes en Italie en 774 et 776 pour devenir roi des Lombards et pour stopper les révoltes en Frioul, puis à son couronnement en 800. Charlemagne va essayer de promouvoir la culture à sa cour, en y amenant d’abord Fardulf et le grammairien Pierre de Pise, puis le grammairien Paulin en 776. Paul Diacre s’y rend 782 après être entré en contact avec l’empereur en 781, pour demander la libération de son frère qui est alors prisonnier. Par ailleurs, il rencontre Alcuin, anglo-saxon, à Parme en 781, alors que ce dernier était venu d’York pour chercher à Rome des manuscrits, des reliques et surtout le pallium destiné à l’évêque d’York. Alcuin devient par la suite un de ses principaux conseillers mais retourne en Angleterre entre 790 et 793 et amène à la cour impériale de nombreux savants ainsi que des manuscrits anglo-saxons. Il est aussi l’un des principaux artisans

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