Capitulaire de nimègues

« De la peste, de la famine et de la guerre, Délivrez-nous, Seigneur ! »

Le texte que nous étudions intitulé « Justice et ordre social : le capitulaire de Nimègue ( 806 ) est une source normative. Il s’agit en effet d’un capitulaire carolingien. « capitulaire » qui nous provient du latin « capitularium » désigne un acte royal ou impérial de l’époque carolingienne qui est divisé en « capitula » donc en articles. Le capitulaire a pour but de publier des mesures qu’elles soient législatives ou administratives.

 Les souverains carolingiens y rassemblaient des décisions prises lors d’assemblées générales au Palais en hiver puis ces décisions étaient approuvées au cours de plaids qui se produisaient en mars et en mai et qui rassemblaient des clercs et des laïcs.

 Le but étant de diffuser par la suite ces décisions dans tout le royaume. Le capitulaire constitue la source principale concernant l’étude des institutions impériales aux VIIIème et au IXème siècle. Il servait à l’origine d’aide-mémoire pour les comtes et les évêques à la suite d’assemblée des Grands où le roi publiait verbalement ces décisions. Il y a différents types de capitulaires, certains récapitule les consignes qui ont été données aux missi, certains règlent administrativement l’organisation et la gestion des domaines royaux et certains régissent les relations de droit privé entre les hommes. Le capitulaire de Nimègue, que nous étudions ici, est à l’origine rédigé en latin, il a été rédigé en 806 à Nimègue. Nimègue est la plus ancienne ville des Pays-Bas, située originellement sur la rive gauche du Waal, pendant la Période carolingienne, Charlemagne y a bâtit un palais ( il n’y reste aujourd’hui qu’un baptistère ). Cet extrait du capitulaire provient ici du « Capitularia regum Francorum » qui est en fait un petit manuscrit utilitaire où l’on retrouve une collection de capitulaires de l’époque de Charlemagne. Charlemagne, fils aîné de Pépin le Bref, est né entre 742 et 748, il s’agit du deuxième roi de la Dynastie carolingienne à partir de 768. Il s’agit d’un roi conquérant ( conquête de la Saxe, de la Bavière, du royaume Lombard… ). Couronné empereur en 800, il fera figure de restaurateur de l’empire d’Occident et permettra également la Renaissance Carolingienne. On attribue une 80 capitulaires  à Charlemagne. Le capitulaire de Nimègue, édicté en 806, récapitule les consignes données aux missi. Par ces consignes, Charlemagne expose ses aspirations à la justice, sa volonté de mener les fidèles au Salut, ainsi que des mesures concrètes réfléchies en fonction de leurs incidences économiques au vu du contexte de l’époque.  Au mois de mars 806, l’empire est touché par une forte période de famine et c’est aussi la période où Charlemagne partage son territoire entre ses trois fils Pépin, Louis, Charles.

Nous allons maintenant nous demander : De quelle manière ce capitulaire nous démontre que Charlemagne attribue cet épisode de famine aussi bien à des conceptions morales qu’à des conceptions économique et quelles réponses y apporte-t’il ? Pour tenter de répondre à cette problématique nous allons premièrement axer notre intérêt sur les causes économiques et morales de la famine selon Charlemagne. Dans un second temps, on s’intéressera aux réformes catholiques ainsi qu’à l’uniformisation de l’Empire. Puis nous terminerons avec l’étude d’une justice sociale et un équilibre des mesures.

I ) Les causes économiques et morales de la famine selon Charlemagne

A ) La famine de 806

Comme nous l’apprends l’article 18 du capitulaire,on se trouve en pleine période de disette en mars 806.  « C’est pourquoi nous avons considéré que, puisque cette année la disette paraît importante en plusieurs régions » on se trouve effectivement en pleine période de disette en mars 806 qui survient à la suite de celle que l’empire avait déjà connu en 792-793. . En effet, de 805 à 807 on retrouve une des quatres famines majeures du temps de Charlemagne. Cette famine qui touche le Nord de l’Europe aurai eu pour cause un hiver extrême et probablement un épisode de sécheresse ce qui aurai donc eu un impact négatif sur les récoltes mais les causes sont incertaines. Le capitulaire est d’ailleurs édicté en mars 806 qui correspond à la période de la soudure, c’est-à-dire celle qui précède la nouvelle récolte

B ) Les abus de pouvoir

De nombreux abus de pouvoir vont être constaté au sein de l’empire. Charlemagne va par l’intermédiaire de ce capitulaire les condamner, car il accuse en effet ces abus de pouvoir d’aggraver la précarité du peuple en période de famine comme celle qu’ils connaissent en 806. Il existe à cette époque plusieurs abus de pouvoir.

-  Je cite l’article 4 « Nous voulons que nos missi jugent avec équité tous les procès, tant ceux qui ont trait à l’hériban que ceux qui regardent les étrangers ou tout autre cause. ». Il est très fréquent dans les capitulaires d’observer des prescriptions qui concernent l’exercice de la justice. Charlemagne s’adresse aux comtes car c’est dans leurs tribunaux que s’effectuent les procès qui ne sont pas d’ordre ecclésiastique. On retrouve en effet dans chaque comté des assises régulières ( soit des « mall » ou soit des « plaid » comtal ). Il rend justice assisté de juges que l’on appelle les « rachimbourgs » ou les « bons hommes ». Les juges et le comte sont soumis au contrôle des missi car Charlemagne tends à limiter la puissance des comtes et leurs éventuels abus de pouvoir qui se produisent au cours des procès, des procès qui vont d’ailleurs se multiplier pour faire augmenter leurs revenus car en bénéfice ils possèdent un pourcentage des produits de justice.

-  Je cite l’article 5 « On nous a rapporté que des comtes et d’autres hommes qui tiennent de nous des bénéfices s’achètent des propriétés à l’aide ( du revenu ) de ces bénéfices, puis utilisent sur leurs propres domaines nos serfs, attachés à leurs bénéfices de sorte que nos curtes sont abandonnées, et qu’il arrive même dans certains lieux que les voisins en éprouvent de grands dommages. ( … ) ». On comprends avec cet article que les missi envoyés par le roi reçoivent dans certains cas des plaintes de la part de la population à l’encontre des comtes et d’abus de pouvoir de leurs parts.

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