Le matriarcat en pays senoufo

INTRODUCTION

Peuple voltaïque, les Senoufos constituent une ethnie africaine comprenant trois grands groupes respectivement implantés au Burkina Faso, au Mali et en Côte d’Ivoire. Couramment appelés Sénoufo du fait de leur exonyme qui leur fut attribué par les Malinkés, leur appellation originelle et authentique serait Siéna, c’est-à-dire ceux qui travaillent la terre. Les Senoufos en Côte d’Ivoire occupent la partie savanneuse notamment le nord du pays. Ainsi, ils se répartissent dans les régions suivantes : la région du Tchologo chef-lieu Ferkessédougou, la région de la Bagoué chef-lieu Boundiali et la région du Poro chef-lieu Korhogo et aussi quelques détachements dans les villes de Katiola, Niakara et quelques-uns à Bouaké. Les Sénoufo se subdivisent en plusieurs sous-groupes tels que les Pongalas dans la sous-préfecture de Kasséré ; les Niarafolos à Ferkessédougou ; les Tchébaras à Korhogo ; les Tagbanas ou Tagouanas à Katiola et Niakara ; les Nanfanrans dans les sous-préfectures de Karakoro, Napié, Komborodougou, Sinématiali, etc. ; les Fodonons à waraniéné et Moroviné ; les Gbatos à Dianra et à Séguélon et les Kafibélés à Kanoroba. Ils occupent environ 9,7% de la population ivoirienne soit une population estimée à plus de 1.663.199 habitants. Par la suite, l’origine des Siéna forment-t-elle une myriade de versions qui varient des conceptions mythologiques et historiques. Formé à partir du latin « Mater » qui signifie mère et « arkhein » pouvoir, le matriarcat est définit par le dictionnaire Larousse comme étant un régime d’organisation sociale dans lequel la femme joue un rôle politique prépondérant. C’est en effet un droit maternel qui confère à la mère toute l’autorité parentale légale sur l’enfant. Dans ce système le père est étranger dans la famille par conséquent l’enfant appartient au clan de sa mère et est éduqué par ses oncles maternels. Dès lors, comment se présente le matriarcat en Pays Sénoufo ? Notre étude planchera d’abord sur les origines du matriarcat Sénoufo (I) et en sus de quoi nous analyserons la pratique de cette institution chez les Sénoufo (II).

LES ORIGINES DU MATRIARCAT SENOUFO

Au travers des origines du matriarcat nous distinguerons telles les origines mythiques et ancestrales (A) des origines historiques

Les Origines mythiques et ancestrales

L’existence du matriarcat en pays Sénoufo doit son origine au mythe de la création. Ce mythe accorde une place importante au genre féminin en ce sens que la mythologie Sénoufo est l’œuvre du démiurge Ka Tyeleo la déesse mère. Celle-ci créa ainsi le soleil, la lune, le ciel et les étoiles, au premier jour de la création, avant d’œuvrer à la création du premier des Siéna, l’ancêtre Wulo To au cinquième jour. Le mythe accorde dès lors la primauté à la femme, en ce sens qu’elle constitue l’abc, le socle de l’existence. L’avènement du matriarcat en pays Sénoufo repose sur des motifs ancestraux. Dans son ouvrage intitulé Fondement spirituel de la vie social Sénoufo, Bohumil Holas précisait qu’à la demande de Wulo To, Ka Tyeleo créa la femme, Wulo No. Au dernier jour de la création, celle-ci pétrit la terre avec de l’eau et fit le tout premier pot avant d’apporter toute seule l’eau qui servit à la fondation du premier village Senoufo. Par le biais de l’aïeule Wulo No, le peuple Siéna perçoit la femme telle pierre angulaire de tout « kaha », de tout village. Cette primauté accordée à la femme donna dès lors naissance au matriarcat. Dans cette société, la parenté matrilinéaire ne se résume pas aux plus faits généalogiques, aux seules règles instituant que la filiation et la constitution des groupes transites par les femmes, elle inclut ceux-ci mais aussi des conceptions sur la valeur des femmes dans les domaines de l’éducation, des soins nourriciers, de la consommation de la nourriture et dans celui de la substance ancestrales matrilinéaires.

Toutefois, la majeure partie des sources convergent pour donner une explication plus tangible à l’existence du matriarcat Siéna. Ne comporte-t-il pas ainsi des origines qui sont plus historiques ?

Les Origines historiques du matriarcat Senoufo

La majorité des chercheurs convergent pour donner une origine historique plus tangible et objective au matriarcat en pays Siéna. Cette origine historique se fonderait sur l’empire moyenâgeux du Wagadou. En effet, l’empire sous le règne du roi était un empire régi par le matriarcat, ce système y consacra le mode de successions avunculaires. Or, à l’instar de Raoul Koné, maints chercheurs s’accordent à évoquer une filiation du peuple d’avec l’empire du Wagadou. Les Siéna y auraient vécu aux côtés des Sarakolés qui viennent eux même de la région d’Assouan en Egypte antique. A l’instar du peuple Sénoufo ces derniers pratiquaient le matriarcat. Ainsi l’hypothèse d’une prééminence du lignage maternel sur le lignage paternel était avérée chez les Sénoufos, la justification la plus usitée et toute orale de la prééminence du lignage maternel est que nul ne peut prétendre être le père, avec certitude, d’un enfant mais seul la mère en est capable.

Les origines du matriarcat Sénoufo étant élucidé en quelques brefs lignes il serait important de savoir comment il est mis en pratique par ce peuple et aussi qu’est ce qui la différencie du matriarcat exercé par les autres peuples.

LA PRATIQUE DU MATRIARCAT EN PAYS SENOUFO

Evoquer l’application du matriarcat en pays Sénoufo dans la région du Poro renvoie à mettre en exergue d’une part le matriarcat dans l’organisation des Senoufos (A) et d’autre part les Spécificités du matriarcat en pays Sénoufo dans la région du Poro.

Le matriarcat dans l’organisation des Sénoufo

L’effectivité du matriarcat se vérifie dans l’organisation des Siéna que ce soit dans une organisation politique et une organisation sociale. Le village est l’unité de référence la plus large de l’organisation sociale et rituelle de cette

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