Citoyenneté et démocratie à Athènes (V-IVes)
Dissertations Gratuits : Citoyenneté et démocratie à Athènes (V-IVes). Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar raydead • 11 Février 2013 • 3 118 Mots (13 Pages) • 1 252 Vues
Athènes est fondée formellement vers 750 av. J.-C. par synœcisme de plusieurs agglomérations partiellement préservées de l'invasion des Doriens.
Le site est choisi pour la forteresse naturelle que représente l'Acropole ; les habitants peuvent résister aux hordes de pillards qui menacent la région, augmentant avec les années sa fortification. À partir de 510 av. J.-C., cette fonction défensive est abandonnée, le lieu étant consacré aux cultes et notamment celui d'Athéna, déesse protectrice d'Athènes. Des remparts encerclent à partir de 478 av. J.-C. la ville et son port, le Pirée. Rares sont les bâtiments au-delà des quinze majestueuses portes, exception faite du populaire quartier du Céramique dont la production inonde le monde grec entier, ainsi seuls quelques gymnases et écoles de philosophie s'excentrent pour que leurs élèves profitent de la tranquillité et soient totalement isolés pendant les deux années de leur éphébie.
L'agora devient le centre social et politique de la cité avec l'installation des institutions démocratiques sur cette place. En été de nombreux débats houleux ou amicaux se tiennent à l'ombre du portique Sud et de la Stoa Poikilè, on discute et philosophe en regardant les centaines d'étals emplis de victuailles et leurs marchands qui s'égosillent pour appâter le client. Des joutes oratoires d'un autre genre se déroulent sur la Pnyx, colline sur laquelle sont votées toutes les lois athéniennes. La cité est donc le cœur de la démocratie.
Loin de ces ambiances festives plus ou moins décisives dans la direction de l'État, le monde rural vit aussi. Les riches propriétaires n'ayant pas déserté la campagne pour la ville profitent, avec les régisseurs de ceux partis, de la dolce vita faite de soleil, d'huile d'olive, et de belles esclaves pendant que se plient leurs autres esclaves au dur labeur imposé par le climat aride de l'Attique.
Mieux lotis, les pêcheurs bordant le pourtour de l’Attique mangent à leur faim sans pour autant avoir accès à l’état de grands propriétaires terriens nécessaire pour entrer dans les arcanes du pouvoir. Les femmes, comme les esclaves, n'ont pas de pouvoir politique.
Genèse de la démocratie[modifier]La naissance de la démocratie peut être considérée par rapport à un horizon politique au sens large du terme qui va rendre cette réforme possible et nécessaire, une crise politique et sociale totale, la stasis. Les citoyens qui régissent leurs affaires sont amenés à réfléchir au meilleur système politique, à la meilleure politeia, c'est-à-dire la meilleure façon de s’organiser pour surmonter cette crise multiple.
Les origines de la démocratie athénienne : la crise de la cité grecque[modifier]La démocratie trouve son origine dans la grave crise de la cité grecque et les mutations propres à Athènes. Au VIe siècle av. J.-C., les cités du monde grec sont confrontées à une grave crise politique, résultant de deux phénomènes concomitants : d'une part l'esclavage pour dettes, liant situation politique et situation financière, touche un nombre grandissant de paysans non propriétaires terriens : l'inégalité politique et le mécontentement sont forts dans le milieu rural ; d'autre part le développement de la monnaie et des échanges commerciaux fait émerger une nouvelle classe sociale urbaine aisée, composée des artisans et armateurs, qui revendique la fin du monopole des nobles sur la sphère politique. Pour répondre à cette double crise, de nombreuses cités modifient radicalement leur organisation politique. À Athènes un ensemble de réformes amorce un processus débouchant au Ve siècle sur l'apparition d'un régime politique inédit : une sorte de démocratie pour les hommes libres mais avec la continuation de l'esclavage. À titre d'exemple le philosophe Jacques Rancière estime que :
« La démocratie est née historiquement comme une limite mise au pouvoir de la propriété. C’est le sens des grandes réformes qui ont institué la démocratie dans la Grèce antique : la réforme de Clisthène qui, au VIe siècle av. J.-C., a institué la communauté politique sur la base d’une redistribution territoriale abstraite qui cassait le pouvoir local des riches propriétaires ; la réforme de Solon interdisant l’esclavage pour dettes. » [1]
[modifier] Paupérisation rurale
Tétradrachme d'Athènes, Ve siècle av. J.-C., Musée de l'Agora antique d'AthènesÀ partir du VIIe siècle avant J.C., la plupart des cités grecques sont confrontées à une crise politique. Le commerce se développe, notamment avec l'apparition de la monnaie au VIe siècle avant J.C., en provenance de la Lydie de Crésus, en contact avec les cités grecques avant la défaite de -546 face au perse Cyrus. Ce développement extraordinaire du commerce méditerranéen a deux conséquences :
D'une part les agriculteurs grecs sont peu compétitifs face à la concurrence de plus en plus vive des terres fertiles de la Grande Grèce récemment colonisée. De plus en plus de paysans, incapables d'écouler suffisamment leur production, sont condamnés à se vendre comme esclaves pour faire face à leurs dettes. Cette main-d'œuvre servile est utilisée par les urbains et vient donc elle-même concurrencer les petits artisans indépendants. Ces sujets peu fortunés, sur lesquels repose une part croissante de l'économie, viennent grossir le rang des chômeurs et manifestent leur mécontentement.
[modifier] Révolution hoplitique : émergence d'une petite bourgeoisie
Gravure d'un hopliteD'autre part, corrélativement à l'appauvrissement des masses paysannes, émerge une nouvelle classe de sujets aisés, faite de commerçants et d'artisans (notamment potiers à Athènes). Ceux-ci sont dorénavant suffisamment riches pour s’acheter des équipements d'hoplites : la guerre n’est plus l’apanage de l'aristocratie. Le système aristocratique basé sur la propriété agraire est battu en brèche face aux revendications égalitaires de ces nouveaux citoyens-soldats. On parle de révolution hoplitique.
[modifier] Instabilité politiqueAu sein de chaque cité les grandes familles s'appuient sur le mécontentement populaire (tant des paysans appauvris que des nouveaux riches urbains) pour mieux se disputer le pouvoir. Elles n'hésitent pas non plus à faire appel à des puissances extérieures pour renverser les tyrans. Ainsi, les cités se combattent fréquemment entre elles, ce qui nourrit souvent
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